Difficile de manquer le Beaujolais Nouveau 2008 au Japon ! Que cela soit dans le métro, les grands magasins, les échoppes de proximité ouvertes jour et nuit, ou même dans sa boîte aux lettres, affiches et prospectus annoncent en fanfare son arrivée pour le 20 novembre.
Mercredi 19 au soir, au cœur de Tokyo, quelques secondes avant minuit : une petite troupe de Japonais se massent devant l´un des magasins de l´importateur Vinos Yamazaki. Le vin commence à couler, les verres à se distribuer. Le décompte commence, minuit sonne, les bras se lèvent et retentissent alors en pleine rue des « Santé ! » aux accents japonais.
Parmi la foule, Laurent Guillot, producteur de Beaujolais (Chiffres d´affaires : 1,5 millions d´euros dont 1/3 à l´export), accompagné de son agent Christophe Castagné, spécialiste du marché nippon. Cette nuit, le vigneron a un programme chargé : visiter trois points de vente de Vinos Yamazaki (son importateur exclusif, ndlr), sans oublier de serrer les mains des clients et de signer quelques bouteilles.
Après une courte nuit de sommeil, le marathon reprendra en direction de la maison mère de l´importateur, située à Shizuoka (à 180 km à l´ouest de Tokyo). L´homme a exporté cette année au Japon 15 000 bouteilles de Beaujolais Nouveau. « Je me sers de lui comme d´une porte d´entrée pour mes autres vins », certifie Laurent Guillot « Chose rare ici », note Christophe Castagné. Le Beaujolais a beau être la deuxième région viticole importée au Japon derrière Bordeaux avec 791 000 caisses de vins (Chiffres FNEB 2007), nombreux vignerons déplorent que l´intérêt des distributeurs japonais soit limité au Beaujolais Nouveau (786 000 caisses).
« Pour réussir, il ne suffit pas de produire, il faut vendre aussi et donc aller aider son importateur ! », rétorque Laurent Guillot. « Je conçois que cela soit difficile, mais c´est quand même notre vin.» Festive, l´arrivée du Beaujolais Nouveau au Japon est également perçue comme un phénomène de mode et donc éphémère. L´an dernier, les volumes importés ont chuté de 30 %. « Cette baisse aura au moins eu le mérite de faire le tri chez les opérateurs… », estoque le vigneron.
« De plus, il est capital de trouver un bon importateur ! C’est-à-dire un professionnel qui ne cherche pas à faire un coup marketing. Je ne veux pas d´un chiffre d´affaires en yo-yo ! Il faut des prix stables. Autrement, c´est la meilleure façon de détruire un vin. »
Pour prolonger : Relire Le Japon est en récession, L´armagnac s´exporte bien en 2008 et, dans le Moci blog, Vin : les exportations françaises progressent mais seulement en valeur
Cédric Claerhout (à Tokyo)