Pour les PME, s’intéresser à la Chine est une nécessité. Encore faut-il savoir par où commencer. Mieux vaut éviter les zones déjà surencombrées de la côte. Bref, aller ailleurs qu’à Shanghai. Visite guidée de sept provinces et trois villes où il reste des places à prendre.
850 entreprisesà capitaux français sont installées en Chine (hors Hong Kong et Macao), selon la Mission économique à Pékin. Elles y ont créé 1 880 implantations, pour un chiffre d’affaires cumulé de 20 milliards d’euros en 2006, soit deux fois et demi les exportations directes françaises dans ce pays !
Certes, il ne faut pas nier que certaines implantations sont des délocalisations pures et simples. À l’instar de Comotec, filiale de l’italien Mazzucchelli spécialisée dans la fabrication de composants de lunettes dans le Jura, qui a annoncé fin novembre qu’elle supprimait 129 emplois pour délocaliser une partie de sa production en Chine. Mais l’intérêt pour le marché intérieur chinois est aussi un objectif qu’il ne faut pas perdre de vue. Selon un sondage récent del’European Union Chamber of Commerce in China (Business Confidence Survey 2007) auprès des entreprises européennes présentes dans l’empire du Milieu, 61 % y sont installées pour servir le marché local, 30 % y investissent dans la R&D afin de « réduire les coûts pour les produits destinés au marché chinois » et 28 % pour « adapter les produits aux goûts et aux standards chinois ».
Les premiers venus ont été les grands groupes, avant tout intéressés par la taille et les potentialités du marché local. PSA, qui y a fait ses premiers pas il y a plus de vingt ans, ne le regrette pas, malgré les à-coups de ses développements : « Le marché connaît une croissance de 25 % par an depuis plusieurs années et tout laisse à penser que cela sera encore le cas durant les années qui viennent », confirme Denis Duchesne, vice-président exécutif de PSA Peugeot-Citröen. Le constructeur veut y lancer douze nouveaux modèles d’ici 2010 et brigue une part de marché de 7 % en 2014-2015.
En Chine continentale, bien que diversifiée, la présence française est, à l’instar de celle de beaucoup d’autres Occidentaux, concentrée dans les grands centres urbains, avec une domination écrasante des régions de Shanghai et Pékin. Selon la Mission économique à Pékin, Shanghai accueille 508 implantations françaises et Pékin, 284. Loin derrière, arrivent Canton (85), Tianjin (40), Qingdao (province de Shandong, 29), Dalian (province de Lioning, 18) et Chongking (province du Sichuan,16).
Au niveau provincial, arrivent en tête le Jiangsu (116), le Hubei (69), le Sichuan (64), le Shandong (46), le Zhejiang (29), le Gujian (22) et le Sichuan (13). Sans oublier évidemment le cas un peu particulier de Hong Kong, à statut spécial mais désormais sous la suzeraineté de Pékin (684 implantations françaises recensées)*.
Or, dans un pays où les relations avec les autorités locales, surtout politiques, sont essentielles, les grandes métropoles sont plutôt à déconseiller aux PME. Un connaisseur de la Chine est catégorique : « À Shanghai, vous allez faire la queue parmi 5 000 autres entreprises qui attendent les autorisations. À moins de vous vous appeliez Microsoft, il n’y a aucune chance pour que vous soyez favorisé. Optez plutôt pour une ville où on vous espère. D’autant qu’un contact personnalisé avec les autorités locales pourra vous faciliter les démarches. » Certaines grandes entreprises et quelques sociétés indépendantes l’ont bien compris. PSA, qui est associé au constructeur chinois Dongfeng, a installé depuis longtemps sa principale usine à Wuhan, dans le Hubei.
De son côté, l’armement marseillais CMA CGM, lui aussi implanté de longue date (il transporte 10 % des exportations chinoises…) a très vite vu que rester dans les quelques centres de la côte serait une erreur. Pour Frédéric Campagnac, directeur général adjoint Chine de la compagnie, la clé du succès a été liée « au choix d’être un acteur de proximité, avec un réseau en Chine de 62 bureaux, y compris à l’intérieur du pays ». CMA CGM s’apprête à investir, avec la municipalité de Xiamen, dans le Fujian, dans la construction et l’exploitation d’un terminal à conteneurs en eau profonde qui entrera en exploitation en 2009.
Sortir des sentiers battus est d’autant plus opportun actuellement que le gouvernement central de Pékin entend désormais encourager les investisseurs étrangers à investir « dans l’Ouest » (entendre le centre de la Chine), quitte à leur offrir des avantages désormais inaccessibles dans les zones côtières. C’est le fameux mot d’ordre « Go West », dont la ville de Chongqing ou encore le Sichuan commencent à voir les retombées positives. C’est pourquoi
Le Moci a décidé de vous présenter sept provinces (Fujian, Hubei, Jiangsu, Shandong, Sichuan Zhejiang, Yunnan) et trois villes à statut spécial (Chongqing, Dalian, Tianjin), trop peu connues des investisseurs français, mais où des opportunités existent.
Jean-François Tournoud avec, en Chine, Hélène Duvigneau, Camille Foucard et Michaël Sztanke