Contrairement
à son concurrent Boeing, le constructeur aéronautique européen ne cesse de
multiplier les implantations pour produire hors d’Europe. Il y a quelques jours
a ainsi été annoncée la création en Alabama d’une chaîne d’assemblage d’A319, A320 et
A321, moyennant un investissement de 600 millions de dollars. Les premiers
appareils sortiront des chaînes en 2016, avec une cadence prévue de 40 à 50
appareils par an à partir de 2018. L’Alabama est un des 23 Etats américains qui
interdit l’adhésion obligatoire d’un salarié à un syndicat (loi «right to
work»).
Cette politique d’Airbus inquiète les syndicats. Ainsi, dans un communiqué publié aujourd’hui, le syndicat français CFE-CGC
Aéronautique, Espace, Défense demande des garanties sur
l’emploi dans les établissements historiques d’Airbus. Françoise Vallin,
délégué général aéronautique de ce syndicat, explique au Moci : «Si l’implantation
hors de l’Union européenne vise à gagner des parts de marché, comme en Chine et
sans doute aux Etats-Unis maintenant, il n’y a pas de méfiance à avoir car cela
implique un plan de charge fourni en Europe, préservant ainsi le cœur de métier.
En revanche, s’il semble que l’externalisation vise à gagner en compétitivité
par des coûts bas, ou pour échapper uniquement au différentiel euro-dollar, nous
nous montrons extrêmement vigilants».
Il est vrai que de plus en plus d’équipements
sont produits aux quatre coins de la planète (implantation en Tunisie d’Aerolia,
filiale d’EADS, spécialisée dans les pointes avant des Airbus ; production
pour moitié des portes d’A320 en Inde, etc). Chez Boeing, la logique est tout
autre comme le précise Françoise Vallin : «Leur stratégie est de faire
tout le montage aux Etats-Unis. Mais l’externalisation des achats est maximum
et partout sur la planète, avec quand même une préférence pour le Mexique, à la
fois proche et moins cher. La gestion de ce puzzle géant peut réserver de
mauvaises surprises».
Jean-François
Tournoud