Coup dur pour le constructeur aéronautique européen et victoire pour son rival américain Boeing. Un avis rendu le 18 juin par la Cour des comptes américaine (le Government accountability office, GAO) met en effet en péril le contrat de 179 avions ravitailleurs que l´US Air Force avait octroyé, fin février, à EADS Northrop Grumman. Sollicité par Boeing en mars dernier à travers une plainte formelle, le GAO a jugé que le processus de décision qui a conduit l´armée de l´air américaine à préférer EADS à son éternel rival n´était pas conforme. D´après l´institution, « l´US Air Force a commis plusieurs erreurs significatives qui ont pu influencer l´issue du match serré qui opposait Boeing et Northrop Grumman ». Le GAO estime que, une fois ces erreurs corrigées, l´offre de Boeing est moins chère que celle de ses concurrents sur toute la durée de vie du programme. Il est vrai que l´écart de prix entre les deux était infinitésimal.
C´est un revers pour EADS qui se félicitait de cette victoire surprise obtenue. Pour parvenir à convaincre l´US Air Force, EADS s´était trouvé un allié américain, Northrop Grumman, qui lui même avait pris la précaution de faire appel à de nombreux autres partenaires locaux. Ce contrat s´inscrivait, par ailleurs, dans la stratégie d´EADS qui est de produire toujours plus en zone dollar (à cause du taux de change avec la monnaie européenne, ndlr).
Raison d’Etat
60 jours. C’est le temps imparti à l´armée de l´Air américaine pour informer le GAO des actions qu´elle compte entreprendre. Elle doit notamment décider si oui ou non elle va rouvrir l´appel d´offres. Mais, sachant que les pouvoirs publics américains suivent pratiquement toujours l´avis du GAO, la compétition devrait certainement repartir. Avec le risque pour l´Européen que la raison d´Etat fasse pencher la balance en faveur de Boeing…