« Il y aura 7 000 nouvelles bouches à nourrir tous les jours dans le Maghreb et le Machrek jusqu’en 2025-2050 et donc des problèmes de surface et d’eau à régler », a souligné Alexandre Bouchot (notre photo), chef de la mission sur le Monde arabe au ministère de l’Agriculture, lors d’un petit-déjeuner sur « les échanges et les perspectives d’avenir entre les entreprises agroalimentaires et les pays arabes », organisé, le 5 février, par la Chambre de commerce franco-arabe (CCFA).
Pour sa part, l’Arabie saoudite a décidé d’arrêter sa production de céréales et de les importer. Et elle a créé un fonds d’investissement agricole pour soutenir les différentes filières (avicole, laitière…). « Ce fonds passe des appels d’offres et nous allons nous renforcer avec un conseiller agricole à Riyad », a précisé Alexandre Bouchot. En septembre prochain, l’Association pour le développement des échanges internationaux de produits et techniques agroalimentaires (Adepta) pilotera également une mission d’entreprises en Arabie saoudite.
L’Arabie saoudite illustre aussi, à l’instar des Émirats arabes unis, la montée de la classe moyenne et les débuts de la distribution moderne avec de nouveaux produits : boissons non alcoolisées, chocolat, produits laitiers, fruits et légumes, viande surgelée, etc. « Il y a aussi dans le monde arabe un mouvement de fonds pour des partenariats, notamment au Maroc pour exporter en Europe mais aussi vers l’Afrique subsaharienne », explique Alexandre Bouchot. C’est ainsi que le département d’Ille-et-Vilaine a mis en place un partenariat au Koweït dans la filière laitière.
La France veut développer l’espace méditerranéen
Le Maroc est dans l’agroalimentaire le premier client de la France en Afrique du Nord, absorbant pour 1,2 milliard d’euros sur un total d’exportations françaises de 2,5 milliards. L’Algérie est aussi un grand partenaire de l’Hexagone. « 10 % de notre surface en blé part en Algérie », se félicite ainsi Alexandre Bouchot. Lors du dernier salon des équipements, du process et de l’emballage agroalimentaires, Djazagro à Alger, une centaine d’entreprises françaises exposaient. L’Adepta a déjà prévu une participation collective à la prochaine édition, qui se tiendra du 21 au 24 avril.
La dimension méditerranéenne a toujours passionné la France. « C’est un espace où la consommation se développe. Ce sont nos voisins et donc ils se tournent naturellement vers nous. C’est pour la France une priorité traditionnelle », rappelle Hervé de Charrette, qui préside la CCFA. Stéphane Le Foll, le ministre de l’Agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt se déplacera à Alger le 6 février pour participer à la 10ème réunion des ministres de l’Agriculture des États membres du Centre international de hautes études agronomiques méditerranéennes (CIHEAM). Un objectif est le développement d’un système d’information commun sur les marchés des pays méditerranéens pour lutter contre la volatilité des prix des marchés agricoles.
François Pargny