La croissance attendue en 2008, de 5,3%, devrait être supérieure à celle de 2007 (4,8%). Le chiffre 2008 est toutefois à prendre avec précaution, la Direction de la prévision et des études économiques du ministère sénégalais de l´Économie, dans sa note de conjoncture d´octobre 2008, tablant sur un ralentissement de la croissance dont les premiers signes se sont fait sentir en septembre. Interrogeant les chefs d´entreprises, elle souligne que leurs préoccupations portent sur la dégradation du climat des affaires, notamment la fraude, les problèmes d´approvisionnement en électricité, les délais de livraison et les lenteurs administratives. Spécifiquement dans le secteur du BTP, est mise en avant la difficulté de recouvrer leurs créances.
En outre, le pays fait face à d´importants dérapages budgétaires.
La reprise d´un des fleurons de l´industrie du pays, les Industries chimique du Sénégal (ICS), a été confirmée en 2008. Après sa recapitalisation en 2007 par le groupe indien IFFCO, ce dernier est devenu actionnaire majoritaire en février 2008 avec 85% du capital, le solde revenant à l´État sénégalais. IFFCO devrait investir 200 millions de dollars.
Le secteur du BTP est toujours en plein essor, porté par l´immobilier et les nombreux chantiers ouverts, notamment d´infrastructures à Dakar, ainsi que la construction du nouvel aéroport Balise Diagne (500 millions de dollars) et de l´autoroute Dakar-Dimniadoa. Le sommet de l´Organisation de la conférence islamique (OIC), qui s´est tenu en mars, a généré 300 millions de dollars d´investissement dans des hôtels et en infrastructures.
Du côté de l´agriculture, après deux années de recul, les perspectives pour 2009 sont excellentes avec une production de céréales qui s´établirait à 1,8 million de tonnes, soit plus du double de l´année précédente (772 239 t), avec près de 380 000 t de riz. En avril 2008 a été lancée la « Grande offensive agricole pour la nourriture en abondance » (GOANA). Chiffrée à 344,7 milliards de FCFA, elle vise l´autosuffisance à l´horizon 2015.
L´aboutissement de grands projets et le regain d´investissements directs étrangers (IDE), au premier rang desquels figurent les investissements des pays du Golfe, devraient porter la croissance dans les années à venir. Rappelons qu´en octobre 2007, Dubaï Port World (DPW) avait remporté la concession du port à conteneurs de Dakar pour une durée de 25 ans avec un plan d´investissement de 300 milliards de FCFA. Autre société des Emirats Arabes Unis, la Jebel Ali Free Zone Authority (Jafza), filiale de DPW, a signé en janvier la convention de développement de la zone économique spéciale de Dakar, avec 800 millions de dollars d´investissement.
Dans les mines, Arcelor Mittal devrait investir 2,2 milliards de dollars dans le développement de la mine de fer de la Falémé.
De même, l´australien Mine-ral Deposits Limited (MDL) construit une mine à ciel ouvert à Sabodala dont la production devrait atteindre 168 000 onces d´or à partir de 2009. Il exploitera aussi les gisements de sables de zircon et de titane de la Grande Côte avec des investissements prévus de 90 milliards de FCFA.
Bénédicte Châtel et Anne Guillaume-Gentil