C´est un revers pour GDF Suez au Chili. Sur demande expresse du président chilien Sebastián Piñera, le groupe énergétique franco-belge a été contraint d´abandonner son projet de construire une centrale thermoélectrique dans la région de Barrancones, au nord du pays.
La centrale devait entrer en activité en 2012, avec une production de 540 mégawatts (MW) pour un investissement de 865 millions d´euros. Elle a suscité l´opposition d´associations écologistes par sa proximité avec une grande réserve marine peuplée de pingouins et de loutres.
Au pouvoir depuis mars dernier, le chef de l´Etat chilien a préféré éviter toute polémique environnementale, d´autant qu´il a promis lors de la campagne présidentielle qu´il s´opposerait à l´installation de centrales dans la région. « Nous nous sommes mis d’accord avec Suez pour changer l’implantation (…) afin que nous puissions protéger cette magnifique réserve. L´affaire de la centrale thermique à Barrancones démontre à quel point l´arsenal de lois sur l´environnement au Chili requiert des améliorations», a estimé Sebastián Piñera.
Officiellement, GDF Suez assure qu´il va explorer « de meilleures options » pour croître au Chili. Mais en interne, on grince des dents. Contrairement aux déclarations du président, il ne s´agit pas d´un accord commun mais plutôt d´un ordre de ne pas construire. Et certains cadres de la société ont du mal à digérer le fait d´avoir dû avorter un projet déposé depuis fin 2007 et validé par les autorités environnementales. La multinationale avait déjà dépensé 15 millions de dollars en études techniques. A l´avenir, Suez évitera de présenter tout nouveau projet de centrale thermique fonctionnant au charbon, croit savoir la presse chilienne.
La communauté d´affaires locale a fortement désapprouvé la décision du président. Elle estime que l´homme de droite, de surcroît ex chef d´entreprise, envoie un très mauvais message aux investisseurs étrangers. « C´est une décision plus politique que technique qui lève un voile d´incertitudes peu propice aux investissements. C´est un mauvais précédent qui passe outre le cadre institutionnel en vigueur», a critiqué Ernesto Escobar, président de l´Association des Industries Métallurgiques (Asimet), dans un entretien au Diario Financiero.
Certes, le Chili, désormais membre de l´OCDE, reste un des pays d´Amérique du Sud les plus réputés pour investir sereinement. Mais pour ne pas paraître impopulaire, Sebastián Piñera a désormais introduit un critère politique aléatoire peu à même de séduire les groupes étrangers à la recherche de sécurité juridique.
Olivier Ubertalli, à Santiago du Chili