« Il n´y a pas que les Etats-Unis et l´Europe. Au moment où la Chine affiche des excédents records, même l´Inde et le Brésil se plaignent », observe Thierry Apoteker, directeur général du cabinet éponyme, selon lequel ces deux pays sont confrontés « à la difficulté d´équilibrer leurs soldes extérieurs ».
Selon le fondateur de Thierry Apoteker Consulting (TAC), qui dévoilait, le 16 septembre, les derniers résultats des analyses de TAC sur les pays émergents, « la Chine n´a aucun intérêt à court terme à un conflit avec les Etats-Unis, même si pour ne plus dépendre de ce pays, elle fait un effort énorme de diversification géographique, notamment vers le Brésil, l´Afrique du Sud et la Russie ».
Pour calmer le jeu à l´approche des élections législatives américaines, le 2 novembre, les autorités de Pékin ont décidé, en juin, d´apporter un peu de souplesse dans l´appréciation de la monnaie chinoise, le yuan. Pour autant, elles ne seraient pas prêtes à rendre le yuan convertible et à abandonner le contrôle des changes. « En revanche, estime Thierry Apoteker, les Chinois pourraient internationaliser leur monnaie. En se servant de leur poids économique et de leurs réserves de change énormes, ils peuvent développer l´utilisation de leur monnaie sans la convertir ».
Si les tensions commerciales entre Washington et Pékin persistaient, alors la Chine pourrait être tentée d´utiliser « l´arme obligataire », selon Thierry Apoteker. Avec 889 milliards de dollars de réserves en obligations américaines, elle est le premier créancier des Etats-Unis.
Or, les différentes analyses de Thierry Apoteker Consulting laissent penser que la demande de crédits outre-Atlantique va repartir et que les taux obligataires vont augmenter. Cette évolution peut être progressive, convient le cabinet parisien. « Mais il peut aussi y avoir un choc, si les taux passent subitement de 2,7 % à 4,5 % », soutient son directeur général. La crise, engendrée par l´éclatement de la bulle obligataire américaine, serait « deux fois plus importante que celle engendrée par les subprime ». Elle serait encore supérieure en cas d´évasion des capitaux chinois investis aux Etats-Unis.
François Pargny