Le coût de la catastrophe qui a frappé le nord-est de l’archipel le 11 mars pourrait atteindre entre 122 et 235 milliards de dollars (86 et 165 milliards d’euros), selon un rapport de la Banque mondiale, publié le 21 mars 2011.
Estimation basse. Le lendemain, le gouvernement japonais annonçait 306 milliards de dollars (217 milliards d’euros) de dégâts, hors nucléaire. « S’il est trop tôt pour des estimations précises, le coût du sinistre est susceptible d’être plus important que celui du tremblement de terre de Kobé en 1995 », estime la banque. Toutefois, selon cette analyse, si la croissance économique de la troisième économie mondiale sera « affectée négativement » jusqu’à la mi-2011, au cours des trimestres suivants, elle devrait reprendre avec l’accélération des efforts de reconstruction, qui pourraient durer cinq ans, estime l’institution.
En Europe, de nombreux économistes rejoignent cette analyse. En France, le Crédit agricole notait le 18 mars qu’« au-delà de la destruction pure des activités économiques dans les régions touchées par le tremblement de terre et le tsunami, les perturbations logistiques, transports et électricité, pénalisent l’ensemble de l’activité sur le territoire japonais ». La croissance des deux premiers trimestres de 2011 devrait être amputée de 0,6 % et de 1,5 % respectivement. Déjà négative au dernier trimestre 2010 (- 0,3 %), la croissance nippone ne repartirait que fin 2011, sous l’effet de la reconstruction. Oxford Economics anticipait lui aussi un rebond rapide, sauf nouveau choc :
« À condition qu’il n’y ait pas d’autres chocs ni de détérioration de la situation nucléaire, l’économie a de bonnes chances de retrouver relativement rapidement une bonne partie des points perdus. »
Les raisons d’une telle confiance : les trois préfectures directement touchées au nord-est de l’île de Honshu ne concentrent que 4 % du PIB nippon, résumait Natixis le 14 mars, et, « malgré une dette publique déjà élevée, le Japon n’aura pas de difficulté à financer la reconstruction en détournant l’épargne domestique de ses investissements étrangers ». Quelques jours après la catastrophe, la Banque du Japon a injecté 37 000 milliards de yens (333 milliards d’euros), pour éviter tout blocage du système financier et de l’économie.
Le Japon peut également compter sur le soutien de la communauté internationale, venue à son secours pour enrayer la flambée du yen qui a suivi le séisme et le tsunami. Hausse provoquée par des anticipations portant sur le rapatriement des capitaux japonais investis à l’extérieur, notamment en bons du Trésor américains. Le G7 a décidé, le 18 mars, une action concertée des banques centrales qui a permis un repli de la monnaie nippone autour de 80 yens pour un dollar. La parité yen/dollar est un sujet sensible pour cette économie tirée par les exportations : « Un yen plus fort sera négatif pour les exportations japonaises étant donné qu’elles rivalisent avec celles de la Corée, de Taïwan et de la Chine. Dans cette situation difficile, une hausse du yen n’est pas souhaitable », confiait le 15 mars Susumo Kato, économiste au Crédit Agricole.
Reste la question de l’impact de la crise japonaise sur l’économie mondiale. Selon Susumu Kato, « c’est l’économie asiatique qui en pâtira le plus, le Japon y jouant un rôle majeur dans les affaires et les finances ». La Banque mondiale a de son côté estimé que les exportations depuis l’Asie de l’Est pourraient ralentir de 0,75 à 1,5 % à la mi-2011. Pour certains secteurs, nuance toutefois l’institution, la perturbation des réseaux de production, notamment dans l’industrie automobile et électronique, pourrait continuer à poser des problèmes. Des constructeurs automobiles comme General Motors ou le français PSA ont d’ores et déjà annoncé des retards de production dans certains segments de leur production.
Nataša Laporte
Poids du Japon dans l’économie mondiale en 2010
• 3e PIB mondial avec 5 390, 897 USD, soit 6 % (derrière États-Unis, 20,4 %, zone euro, 15,1 %, Chine, 12,6 %)
• 4e exportateur mondial avec 581,475 milliards d’euros (derrière Chine, États-Unis, Allemagne)
• 4e importateur mondial avec 523,05 milliards d’euros (derrière États-Unis, Chine, Allemagne)