Alors que David Cameron devait profiter du Sommet européen, les 25 et 26 juin à Bruxelles, pour présenter ses propositions visant à réformer l’Union européenne (UE) avant un référendum programmé d’ici à la fin 2017, la fondation Bertelsmann Stiftung* a analysé les conséquences économiques et commerciales d’une éventuelle Brexit (sortie du pays de l’UE). Selon l’étude, un tel scénario pourrait coûter jusqu’à 300 milliards d’euros au Royaume-Uni et avoir un impact économique réduit sur les autres États membres de l’UE.
L’étude stipule qu’une sortie du Royaume-Uni de l’UE en 2018 aurait des conséquences négatives à long terme, ces effets se faisant sentir environ 12 ans après cette décision. Trois scénarios ont été élaborés pour estimer la gamme des effets possibles. Dans le cas le plus favorable, le Royaume-Uni recevrait un statut similaire à la Suisse et aurait conclu un accord commercial avec l’UE. Dans le scénario le moins favorable, le pays perdrait tous les privilèges commerciaux découlant de l’adhésion de l’UE et de ses accords de libre-échange.
Selon l’ampleur de l’isolement de la politique commerciale du Royaume-Uni, le produit intérieur brut (PIB) réel par habitant devrait subir une baisse de 0,6 % à 3 % en 2030 par rapport au PIB de 2014. Dans le meilleur des cas, le PIB par habitant ne subirait qu’une baisse de 220 euros.
Tous les effets négatifs étant cumulés, c’est-à-dire dans le cas où toute l’attractivité du pays en termes d’innovation ou de marchés financiers serait affectée, le pays pourrait subir une baisse de 14 % de PIB par rapport à son produit intérieur brut actuel, soit une perte de 313 milliards d’euros pour l’économie du pays par rapport à la richesse actuelle. Et les économies que réaliserait le Royaume-Uni en ne contribuant plus au budget européen (0,5 % du PIB chaque année) ne suffiraient pas à compenser ces pertes.
Sortir de l’UE augmenterait aussi le coût des échanges commerciaux entre les deux parties et réduirait ces échanges, juge aussi la Fondation. Tous les secteurs de l’économie seraient affectés, comme l’industrie chimique, l’ingénierie mécanique et l’industrie automobile aujourd’hui fortement intégrées au marché européen.
Mais une Brexit aurait également un coût pour les autres États membres, quoique dans des proportions plus réduites. Ainsi, selon l’étude, l’Allemagne pourrait perdre entre 0,1 et 0,3 % de PIB en 2030, en raison, par exemple, d’une réduction des exportations allemandes vers le Royaume-Uni. Une perte qui pourrait s’élever jusqu’à 2 % du PIB si le pays devait perdre absolument toute relation commerciale avec le Royaume-Uni. Les autres États membres devraient par ailleurs compenser eux-mêmes la contribution britannique au budget européen, relève la Fondation.
Kattalin Landaburu, à Bruxelles
*L’étude est consultable au lien suivant : https://www.bertelsmann-stiftung.de/en/publications/publication/did/policy-brief-201505-br-brexit-potential-economic-consequences-if-the-uk-exits-the-eu/