Avec trois nouvelles nominations le 25 février, le ministre des Affaires étrangères et du développement international (MAEDI) Laurent Fabius renforce encore sa « dream team » de représentants spéciaux pour les Affaires économiques bilatérales, mélange d’hommes et de femmes managers de haut vol, de diplomates et de personnalités politiques expérimentées de divers bords, qui lui permettent de pousser les projets de sa diplomatie économique hors des sentiers du protocole.
S’ils sont « bénévoles », comme tient à le préciser le Quai d’Orsay, ces représentants spéciaux s’ajoutent aux « fédérateurs » de « familles de produits » à l’export et autres chargés de mission sectoriels, ce qui ne rend pas cet organigramme « off » de la diplomatie économique facile à décrypter pour les non initiés, et même parfois pour ceux censés l’être. Surtout s’y l’on y ajoute les ambassadeurs mis à la disposition des Régions… Petit récapitulatif pour les lecteurs qui auraient manqué un épisode.
Pour ce qui concerne les représentants spéciaux, les derniers nommés -et les premiers pour l’année 2015-, le 25 février, sont, pour le Canada et l’Australie, Jean-Paul Herteman et le franco-australien Ross McInnes, respectivement P-dg et futur P-dg (à partir d’avril prochain) du fleuron français de l’aéronautique et du spatial civil et militaire Safran. La troisième nomination a été plus politique avec, pour l’Afrique du Sud, le choix de Robert Hue, ancien patron du parti communiste français et actuel président du groupe d’amitié France-Afrique du Sud du Sénat.
L’année 2014 avait été marquée par trois nominations de représentants. Jean-Louis Bianco, ancien ministre et secrétaire général de l’Élysée (1982-1991), président PS du Conseil général Alpes-de-Haute Provence de mars 1998 à octobre 2012, avait été désigné par Laurent Fabius à la veille de l’inauguration de l’usine Renault en Algérie, représentant spécial dans ce pays pour remplacer au pied levé Jean-Pierre Raffarin.
En septembre, c’est une femme du centre droit, Anne-Marie Idrac, ex-patronne de la RATP et première femme a avoir dirigé la SNCF, ex-secrétaire d’État au Commerce extérieur (mars 2008-novembre 2010), qui avait été nommée représentante spéciale pour les Affaires économiques aux Émirats Arabes Unis (EAU) pour remplacer Pierre Sellal, ex-secrétaire général du MAEDI parti à Bruxelles. Philippe Varin, ancien patron de PSA, avait également été nommé en juin 2014 représentant spécial dans l’Asean (Association des Nations d’Asie du sud-est).
Enfin, quelque huit représentants spéciaux avaient été nommés par Laurent Fabius en 2013, alors qu’il n’avait pas encore récupéré le portefeuille du Commerce extérieur, occupé à l’époque par Nicole Bricq. Outre Pierre Sellal et Jean-Pierre Raffarin (qui avait en fait été maintenu dans des fonctions qu’ils assuraient déjà pour Nicolas Sarkozy en Algérie), déjà cités, par ordre alphabétique : Martine Aubry, ex-ministre et secrétaire-générale du PS, actuelle maire de Lille, pour la Chine ; le sénateur et ex-ministre Jean-Pierre Chevènement, pour la Russie; l’ambassadeur Philippe Faure, coprésident du Comité stratégique France-Mexique (CSFM), pour le Mexique; Paul Hermelin, P-dg de Capgemini et président du Conseil de chefs d’entreprises France-Inde de Medef International, en Inde; le sénateur socialiste et ancien ministre de la Défense Alain Richard, pour les Balkans; et enfin Louis Schweitzer, l’ex-P-dg de Renault, pour le Japon.
Au total, cette « dream team » de la diplomatie économique bilatérale, qui ne rend compte qu’au ministre, compte aujourd’hui 13 représentants spéciaux. Elle s’ajoute donc aux ambassadeurs délégués dans les Régions qui le souhaitent, et surtout à la propre « dream team » du secrétaire d’État au Commerce extérieur, à la promotion du tourisme et aux Français de l’étranger. Matthias Fekl peut en effet s’appuyer sur quelque six « fédérateurs » de « familles de produits » à l’export, eux aussi bénévoles, dont les derniers ont été nommés à l’automne dernier*…
Et ce n’est pas fini : Laurent Fabius vient de nommer Jacques Maillot chargé de mission pour le tourisme de croisière maritime et fluvial. Une nouvelle catégorie. A quand la nouvelle mise à jour -et le mode d’emploi…- de cet organigramme « off » qui compte désormais plus d’une vingtaine de personnes avec les ambassadeurs en Région ?
C.G