« On vient de demander aux autorités de la province de Berrechid les autorisations de lotissement de notre nouveau parc industriel à 30 kilomètres de Casablanca, ce qui devrait nous permettre de lancer les travaux de viabilisation vers fin septembre. Ce sera ainsi notre quatrième parc industriel depuis le début des années 2000 », a détaillé, en exclusivité pour la Lettre confidentielle, Abdelkrim Ssafai, chargé d’affaires Parcs industriels à la Chambre française de commerce et d’industrie du Maroc (CFCIM), pendant le 2e Forum de partenariat Maroc France (20-21 mai) à Paris.
Mais celui de Berrechid va trancher sur les trois autres (également dans la région du Grand Casablanca), d’abord, en raison de sa taille, 60 hectares (ha), alors que le premier, à Bouskoura, occupait une superficie de 28 ha, le deuxième, à Ouled Salah, de 32 ha, et le troisième, à Settat, de 24 ha. Mais surtout, il sera résolument « vert ». Selon Philippe Confais, le directeur général de la CFCIM, « comme nous voulons nous montrer exemplaires en matière d’environnement et que nous n’acceptons que des entreprises non polluantes sur nos quatre sites, nous voulons obtenir à Berrechid la certification HQE, ce qui signifie haute qualité environnementale ».
Pour y parvenir, la compagnie consulaire basée à Casablanca va s’entourer d’un cabinet international. En termes d’image, les gains seraient doubles : d’une part, la CFCIM détiendrait le premier parc HQE du continent africain et, d’autre part, elle épouserait parfaitement la démarche du Royaume chérifien, qui va accueillir en 2016 la 22e Conférence des parties à la convention-cadre sur les changements climatiques ou Cop22, après celle de Paris.
Parc de Berrechid : cinq banques constituent la société de gestion
Dans chacun des quatre sites, c’est le modèle de la location, offrant des tarifs abordables, qui est retenu (à raison de 6 à 7 dirhams le mètre carré), et une société de gestion, avec un guichet unique pour les formalités, la maintenance et la vie quotidienne, a est constituée. Dans le cas d’Ouled Salah et de Berrechid, non seulement les terrains sont loués, mais aussi les bâtiments. Pour Berrechid en particulier, doté d’un accès pratique vers l’aéroport international de Casablanca, 186 lots sont prévus et la société de gestion est composée de cinq banques : BMCI, Société Générale, Crédit du Maroc, Attijariwafa Bank et BMCE.
« On est aujourd’hui loin des années 2 000 où pour répondre au manque de foncier industriel, à la demande un peu de l’État marocain, nous avons acheté à la commune de Bouskoura un terrain. A l’époque, la BMCI, parce que c’était BNP Paribas, donc une filiale française, a mis un ticket d’entrée pour voir », a relaté à la LC Philippe Confais. Aujourd’hui, Bouskoura est plein (102 entreprises, dont 50 % étrangères, essentiellement françaises), tout comme Ouled Salah (114 sociétés, dont 30 % étrangères), et Settat occupé à 40 % (plus de 20 PME, essentiellement marocaines). « Avec Settat et Berrechid pleins, nous avons estimé que nos quatre site industriels ensemble abriteront 500 PMI et représenteront 25 000 emplois directs », a précisé le directeur général de la CFCIM.
Parc de Settat : un pari régional, à 60 kilomètres de la capitale économique
La commercialisation du parc industriel de Settat n’est commencée que depuis septembre dernier. Mais Philippe Confais reconnaît que la décision de créer un site relativement éloigné de la capitale économique, en l’occurrence à 60 kilomètres, n’a pas été aisée. « Il y au Maroc une dynamique de régionalisation voulue par l’État. Alors, on a fait quand même une étude de marché. Et nous y sommes allés parce que nous avons constaté dans la zone de Settat l’existence d’un bassin d’emploi dynamique », a encore expliqué le dirigeant de la Chambre française.
Cerise sur le gâteau, la CFCIM fait école, puisque le ministre marocain de l’Industrie, Moulay Hafid Elalamy (président fondateur du groupe d’assurances Saham et ancien président du patronat CGEM), a décidé d’introduire le système de la location pour les zones industrielles qu’il veut lancer dans le cadre de son Plan d’accélération industrielle, stratégie nationale qui s’inscrit dans le prolongement des plans précédents (Plan Émergence, Pacte national pour l’émergence industrielle). Mais avec, parfois, des superficies bien supérieures, à l’instar du site de Mediouna, près de Casablanca. La surface occupée atteindrait ainsi 180 ha.
François Pargny