L’énergie en générale et le nucléaire en particulier, fait partie des gros enjeux économique du resserrement des relations entre la France et le Vietnam scellé dans l’accord de partenariat stratégique signé hier, 25 septembre à Paris, par les premiers ministres français et vietnamien. A tel point qu’il a fait l’objet d’une table-ronde spécifique et à huis clos lors du forum d’affaires franco-vietnamien organisé le même jour par Medef International et les services diplomatiques vietnamien.
Le secteur de l’énergie était d’ailleurs bien représenté dans l’importante délégation d’officiels et de dirigeants d’entreprises qui accompagnait le Premier ministre Nguyen Tan Dung : outre les directions chargés de l’énergie au ministère du Commerce et de l’industrie, les sociétés Vietnam National Gas and Oil Group (PVN), PVGas, Vietnam Electricity group (EVN), Vietnam National Coal an Gas Industries, Vietnam Electrical Group, Petrolimex, sans compter les sociétés de la pétrochimie comme Vinachem, étaient représentées au plus haut niveau.
Lors du jeu de questions / réponses qui a suivi les discours officiels, la première question qui a été posée au Premier ministre à d’ailleurs porté sur l’énergie. Un représentant du groupe GDF Suez -qui a signé le jour même avec Petro Vietnam Gas un protocole d’accord pour un projet GNL et de génération électrique sur le complexe de Son My, au sud du pays- a demandé quelle été sa vision du futur mix énergétique de ce pays en pleine croissance économique.
Nguyen Tan Dung a rappelé les orientations de son gouvernement dans différents secteurs : développement des énergies renouvelables, qui doivent passer à 4,6 en 2020 et à 6 % de part en 2030; hausse de la production de le gaz liquéfié pour les centrales électriques (le projet signé par Gdf Suez entre dans ce cadre); hausse de l’énergie nucléaire, pour laquelle deux projets de centrales sont en cours (l’un avec les Russes, l’autre avec les Japonais) et dont la part doit atteindre 10 % en 2030; développement des échanges d’énergie transfrontalières; hausse des sources d’approvisionnement en hydrocarbures hors du Vietnam (en Asie et en Afrique) par les sociétés publiques vietnamiennes.
« A chaque fois, ces projets ont été liés aux financements apportés »
S’arrêtant sur le nucléaire, le Premier ministre vietnamien a reconnu qu’à la suite de la catastrophe de Fukushima, l’assemblée nationale de son pays avait décidé une pause dans les projets . « Mais ce n’est pas un arrêt définitif » a-t-il rassuré. Connaissant l’intérêt des Français pour ce secteur il a aussi insisté sur la question financière, déterminante, selon lui, pour les projets russes et japonais : « A chaque fois, ces projets ont été liés aux financements apportés » a-t-il indiqué.
La France, qui possède des savoir faire reconnus dans ce domaine, pousse à cet égard une coopération accrue avec le Japon pour participer au programme vietnamien, notamment avec son réacteur de 3ème génération ATMEA 1. Nicole Bricq, ministre du Commerce extérieur, qui intervenait un peu plus tôt à l’ouverture de ce forum d’affaires, n’a pas manqué d’évoquer le sujet en présentant les contrats et projets de contrats qui accompagnent le partenariat stratégique. Convaincue des atouts de l’offre française dans le nucléaire, en particulier en matière de sureté et de sécurité, elle a ouvertement appelé à une alliance avec le Japon. La France « souhaite, aux côtés du Japon, être votre partenaire », a-t-elle indiqué.
Elle a annoncé qu’elle en avait déjà parlé avec son homologue japonais Toshimitsu Motegi, ministre de l’Economie, du commerce et de l’industrie, de passage à Paris le 23 septembre, et qu’elle se rendrait au Japon prochainement pour plaider ce dossier. Mais la question du financement, comme dans beaucoup de grands projets au Vietnam, devrait être un point crucial.
Christine Gilguy