« Il ne faut pas lâcher l’Ukraine qui a payé un si lourd tribut pour son choix européen ». Dans un entretien exclusif accordé à Régis Genté pour le Moci dans le cadre d’un reportage à paraître dans sa prochaine édition magazine*, Thomas Moreau, président de la Chambre de commerce et d’industrie franco-ukrainienne (CCIFU), s’il plaide pour le maintien du soutien européen à Kiev, dans le contexte des tensions avec la Russie, n’en dresse pas moins un diagnostic lucide de la situation sur le terrain.
Côté espoirs, ils sont grands : « Nous attendons tous un changement radical de la gouvernance et que les promesses de Maïdan aient un lendemain. Particulièrement dans la lutte contre la corruption et l’amélioration radicale du climat d’affaires, souligne celui qui est également fondateur de la société Sokol en Ukraine, un acteur de la sécurité et de l’intelligence économique de la zone Russie et CEI. Tous les partis qui se sont présentés aux législatives du 26 octobre affichaient clairement leur orientation européenne. L’Accord d’association, dont l’application est pour l’instant unilatérale, pourrait être une bouffée d’oxygène pour l’économie ukrainienne ».
Côté réalités du terrain, Thomas Moreau donne la mesure des défis que Kiev devra affronter -sans même parler de la situation chaotique dans l’Est du pays et de la situation financière de l’État, qu’il aborde par ailleurs- pour se rapprocher de l’Union européenne. « Les choses ne seront pas simples, estime ainsi le président de la CCIFU. Prenez les questions de certification qui sont pour l’heure un frein aux exportations ukrainiennes vers l’UE. Pour que cet accord ne se réduise pas à un simple cadeau fiscal aux entreprises qui exportent déjà, l’UE doit aider rapidement et par tous les moyens l’Ukraine à réformer sa réglementation… »
C.G, avec Régis Gente, à Kiev
*L’intégralité de cet entretien et du reportage sont dans Le Moci n° 1977, à paraître le 11 décembre prochain.