Les négociations tripartites entre Bruxelles, Kiev et Moscou ont tourné court ce lundi 21 décembre. Engagées il y a un an et demi pour répondre aux préoccupations russes quant à la mise en œuvre de l’accord de libre-échange entre l’Union européenne (UE) et l’Ukraine, elles n’auront abouti à aucun accord.
« Il n’y a pas eu assez de flexibilité du côté russe », a commenté Cecilia Malmström ajoutant que les demandes du Kremlin n’étaient pas fondées. Si elles avaient été écoutées « elles auraient rendu impossible » la mise en œuvre du volet libre-échange de l’accord d’association conclu avec Kiev. Pendant la conférence de presse, la commissaire au Commerce faisait également part de sa « surprise » d’apprendre la confirmation, par le ministre russe, de la suspension de la zone- de libre-échange entre la Russie et l’Ukraine le 1er janvier prochain, date justement, de l’entrée en vigueur de l’accord de rapprochement commercial entre l’UE et Kiev.
« Cet exercice est terminé. (…) Il n’y aura plus de négociations tripartites de la sorte », a-t-elle déclaré. Pour les responsables à la Commission, cet échec est vu comme une réaction de Moscou après la décision de prolonger de 6 mois les sanctions européennes contre la Russie. Cette décision a également été annoncée lundi dernier par la Conseil de l’UE. Tant que les accords de Minsk ne seront pas intégralement respectés, les mesures – qui visent des pans entiers de l’économie russe – resteront en vigueur.
Le décret autorisant la suspension de la zone de libre-échange entre l’Ukraine et la Russie a été signé par Vladimir Poutine en raison de « circonstances portant atteinte aux intérêts et à la sécurité économique de la Fédération de Russie ». Le Kremlin n’a cessé de répéter que l’accord de libre-échange entre Kiev et Bruxelles risque d’inonder son marché de produits européens faute d’imposer des mesures de protection commerciale. « Nous sommes conscients des dommages de cet embargo sur l’économie ukrainienne. Mais nous sommes prêts à payer le prix de notre liberté et de notre choix européen », a indiqué le Président Petro Poroshenko. La perte de revenus pour son pays est estimée à 1,5 milliards de dollars par an.
En contrepartie, le leader ukrainien presse néanmoins les Européens à maintenir leurs sanctions contre la Russie, à conclure dès 2016 le processus de libéralisation des visas mais également à reconsidérer la construction du gazoduc Nord Stream 2 reliant l’Allemagne à la Russie. Cette nouvelle voie d’acheminement du gaz pourrait faire perdre à l’Ukraine – pays par lequel transite le gaz russe destiné à l’Europe – 2 milliards de dollars supplémentaires chaque année, soulignent les responsables à Kiev.
Nouvelle pomme de discorde entre les 28, la construction de ce gazoduc a aussi donné lieu à des passes d’armes lors du sommet européen des 17 et 18 décembre. Le premier ministre italien, Matteo Renzi s’est opposé au projet après l’abandon d’une infrastructure similaire vers l’Italie (South Stream). Soucieux de casser la dépendance de l’UE envers le gaz russe, plusieurs pays de l’est sont également vent debout contre le projet de peur de voir les pays d’Europe occidentale, notamment l’Allemagne – adoucir leur politique vis-à-vis de la Russie.
Kattalin Landaburu, à Bruxelles