La Commission européenne a revu à la hausse ses prévisions de croissance. Au sein des 28, le PIB a progressé de 1,9 % en 2016. Un rythme qui devrait se maintenir à hauteur de 1,8 % cette année et en 2018. Même schéma pour les pays de la zone euro où le PIB a augmenté de 1,7 % l’an passé. Les perspectives sont aujourd’hui de + 1,6 % en 2017 et + 1,8 % en 2018. « La croissance continue même si elle risque d’être mise à l’épreuve par les incertitudes, nombreuses qui pèsent aujourd’hui », a résumé Pierre Moscovici, le commissaire européen en charge des Affaires économiques et financières, le 13 février à Bruxelles.
Malgré les nombreux défis, l’Europe « tient bon », selon le responsable français, soulignant que la croissance se maintenait pour la cinquième année consécutive. Et pour la première fois en dix ans, les prévisions anticipent aussi une croissance pour tous les États membres, même les plus touchés par la crise.
L’embellie également constatée sur le marché du travail et le crédit
L’embellie est également constatée sur le marché du travail : 4 millions d’emplois ont été créés ces trois dernières années. Une tendance qui devrait se poursuivre, même au sein de la zone euro où le taux de chômage devrait passer de 10 % en 2016 à 9,1 % en 2018, soit le taux le plus bas depuis 2009. Le coût du crédit pour les ménages a lui aussi continué de baisser et, malgré des difficultés persistantes dans le secteur bancaire, les établissements de la zone euro « ont continué à améliorer leur capacité à fournir du crédit », selon la Commission.
Principal bémol ? L’investissement qui n’a pas réellement redémarré, « or c’est la condition sine qua non pour une reprise plus forte », a souligné le commissaire européen. La part de l’investissement devrait rester en deçà de ce qu’elle était dans les années 2000, même si des améliorations peuvent être envisagées l’an prochain, « notamment parce que de nombreux projets financés dans le cadre du plan Juncker passeront en phase de réalisation », précisait Pierre Moscovici.
Les États-Unis représentent la principale source d’inquiétude
Des nouvelles plutôt réjouissantes qui ne doivent pas occulter les risques qui continuent à peser sur l’économie européenne. De l’aveu même du commissaire Moscovici, ex-ministre de l’Économie et des finances de Jean-Marc Ayrault, les projections de la Commission européenne sont, en effet, à considérer « avec une énorme prudence et encore plus cette année puisqu’elles sont une projection dans un scénario de politique inchangée. Or, nous savons qu’il y aura des changements politiques et donc des changements de politiques ».
Et selon lui, ce sont les États-Unis qui représentent la principale source d’inquiétude, « la tentation de Donald Trump d’élever les barrières douanières pourrait avoir un impact direct sur les exportations européennes », a-t-il averti. Et si la politique expansionniste du président américain est susceptible d’avoir un effet positif, à court terme, sur la croissance mondiale, les guerres commerciales qu’il s’est promis de mener, notamment contre le Mexique ou la Chine, pourraient saper la reprise attendue du Commerce et de l’investissement à l’échelle internationale.
Autres facteurs d’incertitude : des élections « jugées à haut risque » dans plusieurs États membres notamment aux Pays-Bas, où le populiste Geert Wilders caracole en tête dans les sondages, et en France où l’on juge désormais « envisageable » l’élection de Marine Le Pen. D’autres scrutins sont également prévus en Allemagne, en Bulgarie et en République tchèque. Le ‘Brexit’ « et ses conséquences imprévisibles », figure également en tête de liste des facteurs susceptibles de miner la timide relance de l’économie européenne.
Kattalin Landaburu, à Bruxelles