A trois mois du référendum sur la sortie (« Brexit ») ou non de la Grande-Bretagne de l’Union européenne (UE), les principales organisations patronales outre-Manche révèlent tour à tour leur position dans la campagne. Pour une majorité d’entreprises, la liberté de circulation des biens et des personnes, reste un atout majeur. Un éventuel « Brexit » représenterait un saut dans l’inconnu dont l’impact reste difficile à mesurer.
Les grandes fédérations pour le maintien dans l’UE
Début mars la puissante SMMT, association des constructeurs et des vendeurs d’automobiles a révélé un sondage interne selon lequel 77 % de ses membres souhaite rester au sein du club européen. Il serait seulement 9 % à préférer une rupture nette avec l’Europe. « Etre dans l’Europe est vital pour (…) garantir les emplois, l’investissement et la croissance », a commenté Mike Hawes, directeur général de l’association, rappelant que le secteur prodiguait 800 000 emplois, directs et indirects, en Grande-Bretagne. Les dirigeants du géant allemand BMW, qui possèdent les marques britanniques Mini et Rolls-Royce, auraient – selon le quotidien le Guardian – écrit à leurs employés pour les alerter des « possibles conséquences » d’un Brexit sur la main d’oeuvre.
Même son de cloche dans le secteur pharmaceutique. Le président du laboratoire GSK, Andrew Witty a récemment récemment rappelé, sur Bloomberg TV que la création de l’Agence européenne du médicament avait contribué à unifier les règles du secteur.
Le 23 mars, c’était au tour de l’association commerciale des vins et spiritueux (WSTA) d’afficher sa nette préférence pour un maintien du pays au sein de l’UE. Selon elle, 90 % de ses membres y seraient favorables, 2% opposés et 8 % encore indécis. Les arguments invoqués restent les mêmes : environnement commercial incertain, perte d’accès au marché unique, érosion de l’influence britannique qui ne serait plus présente à la table des négociations pour infléchir les réglementations européennes. Le WSTA s’inquiète également de perdre les bénéfices liés aux accords de libre-échange conclus entre l’UE et des pays tiers, la renégociation de ces accords risquant d’être « longues et coûteuses », ont averti ses responsables.
Au sein de de la CBI (Confederation of British Industries), la balance pèse aussi clairement en faveur du statu quo : 80 % des 190 000 entrepreneurs britanniques représentés au sein de l’organisme patronal soutiennent le maintien du pays au sein de l’UE, contre seulement 5% favorables au « Brexit ». Et la CBI étaye ses argument chiffres à l’appui. Selon une étude commandée par la fédération au cabinet d’audit PricewaterhouseCoopers, un « Brexit » pourrait coûter 100 milliards de livres, soit 5% du PIB environ, et près d’un million d’emplois à l’économie britannique. « Les économies sur les contributions britanniques au budget de l’UE et les régulations seraient largement surpassées par l’impact négatif sur le commerce et l’investissement », a expliqué Carolyn Fairbairn, directrice générale de l’organisation.
Les PME moins catégoriques…
Si les grandes entreprises ont donc clairement marqué leurs réticences face à un éventuel « Brexit », les PME sont quant à elles bien plus divisées sur le sujet. Principal motif de défiance envers l’Europe? Les surcharges administratives et réglementaires et les coûts qui y sont associés.
« C’est la grande bureaucratie de Bruxelles qui est le vrai problème », expliquait un patron d’une société de confection interrogé par la BBC. Il joint donc sa voix à celle de 200 dirigeants de petites entreprises qui ont écrit une lettre conjointe dans le cadre de la campagne menée par le mouvement leave.EU. « En tant qu’entrepreneurs, nous avons affaire au régime de l’UE avec ses réglementations inutiles qui alourdissent nos coûts, réduisent nos profits et augmentent nos prix pour nos clients, sans rien en échange », écrivent-ils dans la missive. Ces derniers s’insurgent aussi du poids du lobbying des grands patrons dans la campagne, « financés en sous main par l’UE » et qui ne cessent de diffuser « des scénarios d’épouvante ».
Ambiuance…
Kattalin Landaburu, à Bruxelles