Le 23 novembre, soit quatre jours avant l’installation de la nouvelle Assemblée nationale issue des élections législatives du 26 octobre, le scrutin présidentiel au suffrage universel à deux tours devrait départager pas moins de 27 candidats. Dont l’octogénaire Beji Caïd Essebsi (87 ans exactement), leader de Nidaa Tounes (L’Appel de la Tunisie), premier parti à l’Assemblée tunisienne avec 85 sièges sur 217 devant Ennahda (Renaissance), le parti islamiste qui a gouverné le pays pendant deux ans, avec 69 sièges.
« Sa victoire est attendue par tous les démocrates qui ont rejeté Ennahda et voté pour Nidaa Tounes, le 26 octobre. Or, ils ont nombreux maintenant à voir d’un mauvais œil une coalition du parti laïc avec Ennahda, ce qui semble, pourtant, inévitable pour constituer un gouvernement avec une vraie majorité », expliquait à la Lettre confidentielle Noureddine Taktak, directeur général de l’Agence de promotion de l’industrie et l’innovation (APII), en marge d’une conférence sur « la sous-traitance industrielle en Tunisie », organisée le 4 novembre dans le cadre du Salon mondial de la sous-traitance industrielle Midest (4-7 novembre) à Paris Nord Villepinte.
Du coup, la victoire de l’ancien Premier ministre (27 février – 24 décembre 2011) rassurerait les défenseurs de la laïcité, le président de la République ayant la haute main sur la Défense et les Affaires étrangères et disposant du pouvoir de dissoudre l’Assemblée nationale. « Ce scénario a été rendu possible par le Premier ministre actuel, Mehdi Jomâa, qui, à la tête d’un gouvernement de technocrates, a tenu la barre après qu’Ennahda ait dû quitter le pouvoir sous la pression populaire. Cet été, on a vraiment eu peur et ressenti une tentative de déstabilisation de l’exécutif, venant sous doute de l’extérieur avec des complicités intérieures », relate Chekib Debbabi, président du cluster Mécatronique et directeur général d’IPS (injection) et de TPS (systèmes), les deux sociétés (600 personnes) en Tunisie du groupe Plastivaloire. Il assure n’avoir pas souffert des troubles depuis le début de la Révolution de jasmin (décembre 2010-janvier 2011).
Ce n’est pas le cas du Pôle de compétitivité de Sousse (PCS), qui « était prêt dès 2012 à commencer les travaux », confie son CEO Hichem Turki. Mais « évidemment, nos actionnaires nous ont demandés d’attendre en raison des évènements politiques. Maintenant rassurés depuis les élections législatives, ils nous ont donné leur accord au lancement des travaux la semaine prochaine », précise-t-il.
Comme la Tunisie est cette année le pays invité d’honneur du Midest, la conférence était l’occasion pour PCS et le cluster Mécatronique de communiquer sur la relance de leurs activités. PCS est géré par une société privée fondée en mars 2009 par le groupe Amen (Sicar Amen, Comar, Tunisie Leasing), Tuninvest, la Banque tuniso-koweitienne (BTK/Caisse de développement française) et la Banque de financement des petites et moyennes entreprises (BFPME) pour promouvoir les industries mécaniques, électriques et électroniques (IMEE).
François Pargny