La bérézina annoncée il y a quelques semaines* a bien eu lieu. La distribution des postes influents au sein de l’hémicycle européen confirme en effet l’érosion de l’influence française au profit d’autres grands États membres tels l’Allemagne, l’Italie ou même la Pologne.
Les eurodéputés français n’ont décroché que deux présidences de Commissions contre quatre lors de la précédente législature : celle du budget pour Jean Arthuis (UDI) et celle de la pêche pour Alain Cadec. Karima Delli (Verts), devrait accéder à la tête du Comité Transport à la mi-mandat, c’est-à-dire dans deux ans et demi.
La Commission du Commerce international, devenue plus influente depuis le traité de Lisbonne et qui devra plancher sur de gros dossiers comme le traité de libre-échange UE/États-Unis, comptera néanmoins deux vice-présidents français : Tokia Saifi (UMP), peu influente au PE, et le Vert Yannick Jadot, fin connaisseur de ces questions mais dont le groupe a vu son poids se réduire à l’issue des dernières élections.
Même constat pour les postes de « coordinateurs » dont le rôle est moins connu mais qui exercent une influence réelle. Véritables chevilles ouvrières, ils gèrent en effet au quotidien le travail des vingt commission parlementaires et répartissent la rédaction des rapports législatifs entre les membres de leur famille politique. Or, alors que les Allemands font le plein, les Français peinent à s’imposer.
La raison de cet affaiblissement ? L’arrivée massive de députés non inscrits (FN) mais aussi un nombre insuffisant d’élus hexagonaux reconnus pour leur expertise (les Français sont souvent jugés trop « généralistes »). Autre raison à l’origine du recul global de l’influence de la France : la fragmentation de la délégation hexagonale. Au sein de la plus grande famille politique (les conservateurs du PPE), il y a aujourd’hui 20 Français contre 34 Allemands ou 24 Polonais. Pas étonnant, donc, que la France en ait perdu la présidence au profit de l’Allemagne. Mais ce constat est encore pire dans le second groupe au PE (S&D) qui ne compte plus que 13 Français pour 27 Allemands, 31 Italiens et 20 Britanniques…
Kattalin Landaburu, à Bruxelles
* Relire dans la LC 105 : Directives européennes : la montée des eurosceptiques plombe l’influence de Paris et Londres