« Pourvu que ça dure… ». A l’instar de ce bon connaisseur du microcosme du Commerce extérieur, depuis le passage éclair -9 jours- de Thomas Thévenoud, dont la démission forcée pour cause de problèmes avec l’administration fiscale a laissé pantois la plupart de ses acteurs, nul n’ose plus faire de conjectures sur le nouveau secrétaire d’Etat au Commerce extérieur, à la promotion du tourisme et aux Français de l’étranger, Matthias Fekl*, qui l’a remplacé au pied levé, le 4 septembre.
La vie continue dans le microcosme mais les dossiers et les projets s’empilent, les décisions tardent. Echaudés par les rebondissements qui ont affecté les titulaires de ce poste pourtant traditionnellement peu exposé politiquement, certains font leurs comptes, avec un mélange d’ironie et de consternation : alors que le déficit commercial peine à se résorber, que l’Elysée a fait du redressement du commerce extérieur un des objectifs prioritaires de sa politique économique**, le portefeuille a changé de main trois fois depuis le remaniement ministériel post-électoral de début avril, dont deux en 10 jours : Fleur Pellerin, Thomas Thévenoud, et son successeur.
Muriel Pénicaud, la patronne d’Ubifrance, elle-même nommée après le passage expresse de Véronique Bédague-Hamilius (débauchée par Manuel Valls pour prendre la direction de son cabinet à Matignon quelques semaines après l’annonce de sa nomination à la tête de l’agence), a ainsi déjà rencontré pas moins de trois secrétaires d’Etat en trois mois. Alain Bentejac, président du Comité national des conseillers du commerce extérieur (CNCCEF), fait mieux : il est élu, lui, depuis deux mois à peine.
Les agendas aussi se recomposent. Thomas Thévenoud n’a même pas eu le temps de publier son premier agenda hebdomadaire officiel, on attend celui de Matthias Fekl. La photo du secrétaire d’Etat a pu être changée in extremis sur les programmes de certaines manifestions à venir où Fleur Pellerin étaient annoncée encore jusqu’à fin août.
On attend prudemment l’installation du nouveau venu, sans a priori affiché. Sa double nationalité franco-allemande, son europhilie, sa sensibilité strauss-khanienne mais sa fidélité à François Hollande, son expérience du terrain comme vice-président chargé du développement économique au conseil régional d’Aquitaine, dont le président, Alain Rousset, un pilier de la régionalisation du dispositif de soutien au commerce extérieur plutôt proche des entreprises, a été plusieurs fois pressenti, ces derniers mois, pour reprendre le Commerce extérieur… No comment, on veut voir.
En l’occurrence, alors que Matthias Fekl a fait son baptême du feu à Tunis, où il s’est envolé à peine nommé pour accompagner le premier ministre à une conférence internationale sur l’investissement en Tunisie le 8 septembre, la composition de son cabinet n’était toujours pas connue officiellement à l’heure où nous écrivons ces lignes. Cyrille Pierre, qui en est lui aussi à son troisième secrétaire d’Etat en moins de 5 mois, resterait en place comme directeur de cabinet, de même que Vincent Aussilloux, conseiller chargé de suivre la stratégie des partenaires et les instruments du commerce extérieur. Ce dernier en serait alors à son quatrième ministre, puisqu’il faisait déjà partie du cabinet de Nicole Bricq…
Christine Gilguy
* Lire sa bio expresse : Matthias Fekl : un europhile proche d’Alain Rousset au Commerce extérieur
**Relire : Conférence des ambassadeurs : diplomatie économique et commerce extérieur, priorités de Hollande