Fleur Pellerin future secrétaire d’Etat au Commerce extérieur rattachée à la fois à Laurent Fabius, propulsé hyper ministre de l’International avec son portefeuille des Affaires étrangères et du développement international, et à Arnaud Montebourg, devenu hyper ministre du Redressement avec son portefeuille de l’Économie, du redressement productif et du numérique ?
C’est une solution de compromis totalement inédite qui pourrait être mise en œuvre au terme d’ultimes tractations entre l’Élysée, Matignon, le Quai d’Orsay et Bercy, pour mettre un terme à la bataille épique entre les deux ministères, qui a fait le bonheur des médias en ligne hier, autour de l’enjeu du Commerce extérieur. En attendant le détail des décrets d’attribution de chaque ministère, dont la rédaction s’annonçait hautement délicate !
Car au moment où nous bouclons la Lettre confidentielle, le 3 avril au matin à Bercy, c’est bien entre Nicole Bricq et Arnaud Montebourg que devait avoir lieu la passation de pouvoir selon une source proche de l’ancienne ministre du Commerce extérieur jointe en début de soirée la veille. A moins d’un nouveau rebondissement ! L’annonce précipitée par l’Elysée, le 2 avril dans le courant de l’après-midi, de la nomination de l’ancienne ministre déléguée aux PME, à l’innovation et à l’économie numérique (auprès du ministre du Redressement productif) -alors que la nomination des secrétaires d’Etat était annoncée par Matignon pour la semaine prochaine- aurait en quelque sorte scellé l’accord trouvé entre Arnaud Montebourg et Laurent Fabius.
En attendant d’y voir plus clair dans les attributions de chacun, on peut estimer que le Quai d’Orsay a remporté une belle bataille politique en imposant définitivement la conception de Laurent Fabius en matière de pilotage de la diplomatie économique. Pour la première fois sous la V ème République, le Commerce extérieur, jusqu’à présent rattaché à Bercy, va ainsi passer sous le giron des Affaires étrangères, même si il est partagé. L’aboutissement de deux ans d’efforts orchestrés par la nouvelle Direction des entreprises et de l’économie internationale créée par Laurent Fabius et confiée à Jacques Maire, dont il se murmure qu’il serait bien placé pour prendre la tête d’Ubifrance et de l’Afii après la nomination surprise de Véronique Bédague-Hamilius à Matignon *.
Reste à savoir comment tout cela va être mis en musique. Car si l’étendue du réseau international et l’influence politique fait pencher la balance en faveur du Quai d’Orsay -dont les milieux d’affaires apprécient le nouvel intérêt pour leurs intérêts-, l’outil d’analyse et de prévision et la maîtrise des soutiens financiers aux exportations est à Bercy, avec la puissante DG Trésor. Sans compter la Douane, dont Nicole Bricq avait la co-tutelle avec Pierre Moscovici et Bernard Cazeneuve et qu’elle avait pousser à faire avancer des réformes très attendues par les entreprises. Et enfin, la future agence de l’international issue de la fusion entre Ubifrance et l’Afii, dont le Quai d’Orsay avait réussi à obtenir la co-tutelle.
Certains observateurs prédisent déjà une belle « usine à gaz ». Une chose est sûre : les représentants des milieux d’affaires devraient affluer, le 8 avril prochain, à la journée Quai d’Orsay-Entreprise du ministère des Affaires étrangères et du développement international, dont ce sera la deuxième édition celle année !
Christine Gilguy
*Lire dans la LC cette semaine : Ubifrance-Afii : en quête d’un nouveau casting
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Remaniement : quid du Commerce extérieur