Promesse tenue : les représentants du think tank la Fabrique de l’exportation, dont les deux co-fondateurs Etienne Vauchez et Magalie Lemaistre, ont remis hier 4 février à Matthias Fekl une partie de leurs « 50 idées pour améliorer l’exportation française », 31 exactement. C’est moins que ce qu’ils avaient annoncé en septembre dernier – 70 propositions- en recevant le secrétaire d’État au Commerce extérieur tout juste nommé pour sa première sortie « off »*, mais c’est aussi plus conforme à ce que Matthias Fekl leur avait dit : »faites simple et court ».
Ce sont Cyril Pierre, directeur de cabinet, et Martin Fortes, conseiller Stratégie, partenaires et instruments, qui ont reçu la petite délégation où manquait l’universitaire Claude Obadia, un pilier de ce think tank, mais Matthias Fekl, croisé à la sortie de la réunion, a eu le document en main propre. « Les 14 autres propositions seront remises une fois mises en forme », souligne-t-on à la Fabrique de l’exportation, qui souhaitait marquer le coup avant la présentation du bilan 2014 du Commerce extérieur, confirmée pour le 6 février.
Un motif de satisfaction : les deux interlocuteurs ont montré « un vrai appétit » pour de nouvelles idées dans un domaine, le commerce extérieur, où les manuels et autres guides pratiques foisonnent, de même que les rapports, mais où la France manque de littérature pour alimenter une réflexion plus stratégique, signe de la faiblesse de sa culture générale de l’export. Un appétit d’autant plus vif que se rapproche la journée du 11 mars, que le secrétaire d’État veut consacrer à la présentation du nouveau dispositif de soutien à l’internationalisation des entreprises.
Les différentes propositions, issues des travaux de réflexion du think tank que préside Etienne Vauchez, par ailleurs président de l’OSCI et P-dg de Export Entreprise, ont été classées en trois groupes d’objectifs : 1/ aider à trouver le meilleur chemin vers l’international en montrant la diversité des approches et le champ des possibles en matière de développement international (8) ; 2/ optimiser le rôle des acteurs qui facilitent le développement international (14) ; 3/ et identifier et agir sur les facteurs clés du succès à l’export (9). Sur certaines, les pouvoirs publics ont peu de prise, en particulier celles des groupes 1 et 3, qui s’adressent d’abord aux professionnels et aux entreprises. Sur d’autres, ils peuvent agir.
Dans cette grosse boîte à idées, dont chacune fait l’objet d’une fiche argumentée et étayée de pistes de solutions concrètes, on trouve d’abord du bon sens, mais avec des suggestions parfois osées et novatrices lorsque l’on connaît la culture de l’écosystème du commerce extérieur, où le secteur public -hier l’État, aujourd’hui l’État et les Régions- pèse lourd. Il y a de vraies nouveautés encore peu explorées comme, par exemple, « développer ses ventes internationales en externalisant l’export », « exporter grâce aux marques de distributeurs » ou encore s’intéresser aux « raisons de l’échec à l’export ».
Celles du groupe 2 peuvent directement inspirer un secrétaire d’État chargé du Commerce extérieur. Quelques exemples : celle qui recommande d’ « enrichir la culture du développement international en France » au lieu d’envoyer les PME dans les BRICS (Brasil-Russia- India-China-South Africa) où elles sont incapables de survire seules ou de les pousser à se mettre dans des groupements complexes à gérer… Autre exemple, « inspirer la gouvernance du commerce extérieur par les exportateurs », en particulier en formant le personnel politique en charge de ce sujet « à la pratique du commerce international » ou en faisant en sorte qu’il y ait une parité gestionnaires/praticiens dans les instances liées à la gestion du commerce extérieur. Ou encore susciter la création « d’une fédération des exportateurs ». Et aussi, explorer la possibilité d’intégrer le VIE, considéré comme « le principal canal de formation export en France », au dispositif des contrats aidés ou encore favoriser une meilleure connaissance des métiers du négoce export, voire une montée en gamme de ceux-ci.
A court terme, ces idées pourraient inspirer les organisateurs de la journée du 11 mars, une grande messe destinée à remobiliser les acteurs du dispositif et les entreprises sur l’export. Au-delà, alimenter une boîte à idées dont Matthias Fekl, qui a été un membre actif de think tank (Terra Nova, notamment), se dit friand.
Christine Gilguy
*Matthias Fekl réserve son premier “off ” au think tank la Fabrique de l’exportation