Bolloré et Necotrans pourraient enterrer la hache de guerre. C’est, en tout cas, le souhait de Grégory Quérel, le successeur de Richard Talbot. « Hors Guinée, les relations doivent se normaliser », plaidait ainsi le P-dg de Necotrans, lors d’une conférence de presse le 29 septembre.
Pour rappel, Bolloré, qui avait bénéficié de la concession du port autonome de Conakry (Pac) au détriment de son détenteur de l’époque Necotrans, a été condamné par le tribunal de Commerce de Nanterre à payer 2 millions d’euros à son rival en 2013. Une condamnation suivie d’une autre cette année aux dépens de la République de Guinée, le tribunal de la Cour commune de justice et d’arbitrage (CCJA) imposant à l’Etat de verser 38,4 millions d’euros à Necotrans pour la rupture de la concession.
Malgré cet épine dans le pied des deux groupes, le jeune patron de Necotrans, 36 ans, estime que cette épisode peut être dépassé. Dans cette affaire, il ne faut pas exclure « l’effet générationnel ». Cyrille Bolloré, qui a pris la présidence de Bolloré Logistics en début d’année, a 26 ans. Le nouveau directeur général délégué depuis juillet dernier de Necotrans, Jean-Philippe Gouyet, 50 ans, ancien Monsieur Afrique d’Airbus, estime, pour sa part, que « la querelle n’a plus lieu d’être ».
« Notre approche n’est pas celle de l’affrontement », assure Grégory Quérel. Et ce d’autant, évalue-t-il, que son groupe évoluant vers des activités plus spécialisées comme la logistique pétrolière ou minière, la concurrence frontale sera plus rare, comme au port camerounais de Kribi, où Bolloré a soumissionné pour obtenir la concession du terminal à conteneurs et Necotrans pour celle du même ouvrage et du terminal polyvalent.
« On a des terminaux où nous participons avec Bolloré, comme à Libreville, Douala, Cotonou, le terminal roulier à Abidjan, parce que, comme nous investissons dans le pays, nous ne voulons pas être absents de ces ouvrages », explique Grégory Quérel. Mais, fait-il remarquer, « il y a des dossiers où nous ne sommes pas, comme le terminal à conteneurs de Tema au Ghana ». Bolloré est « un acteur important en Afrique », observe-t-il encore, et « sur les terminaux à conteneurs à grand volume », Necotrans ne serait pas concurrent.
François Pargny