« Les travaux commenceront
avant la fin du premier semestre »,
affirme le coordinateur du projet de zone franche de Mandji, Salomon Olympio, qui recevait le Moci, le 31
janvier, dans son bureau au ministère de l’Économie, à Libreville. L’idée n’est pas nouvelle : l’initiative
avait été lancée en 1996 sous la présidence d’Omar Bongo. Son fils Ali, aujourd’hui chef de l’Etat, a
repris le projet, situé géographiquement dans la presqu’ile Mandji au nord de
Port Gentil, la présidence de la République en assurant ainsi la tutelle
politique et le ministère de l’Économie la tutelle technique.
Deux groupements sont en
compétition pour réaliser l’aménagement, les infrastructures de base,
construire et équiper un port : d’une part, un consortium international,
associant la banque HSBC à Group Five, Nova K et Dubaï Port, d’autre part, la
société de construction CCCC et l’Eximbank chinoises. Selon Salomon Olympio, les discussions sont « assez
avancées » avec les entreprises internationales et « poussées »
avec leurs homologues chinoises.
Les Chinois Eximbank et CCCC favoris
En toute logique, compte tenu de
la puissance financière de l’Eximbank, « les Chinois devant être les moins
disant l’emporteraient », reconnaît le coordinateur à la tête de la commission
de mise en place de la zone franche de Mandji (une vingtaine de personnes).
Mais, tient-il à préciser, « ce n’est pas sûr, car nous exigeons une
exécution sérieuse aux normes internationales », ce qui pourrait faire l’affaire
de l’autre partie. Comme il n’est pas
question pour l’Etat de sortir un seul sou de ses caisses, les travaux seront
remboursés par les recettes générées sur place.
Il s’agit, certes, d’une zone
franche, mais les entreprises implantées auront aussi la possibilité de livrer
le marché local, ce qui les obligera dans ce cas à acquitter des droits de
douane pour leurs importations. La location pour s’établir dans la zone
industrielle (926 hectares) s’étalera entre 4 et 6 euros le mètre carré et sera
de l’ordre de 3 euros pour la zone résidentielle (382 ha). Des quais seront
installés sur 34 ha, l’activité portuaire devant générer des revenus supplémentaires.
Développer un port de transbordement
Par rapport au projet de 1996, un
des objectifs ajoutés aujourd’hui est de transformer Port Gentil en port de
transbordement pour le Golfe de Guinée, en profitant de sa façade maritime et
surtout de son chenal en eau profonde (22 mètres de tirant d’eau). « Les
investisseurs exigent d’avoir les pieds dans l’eau », s’amuse le
coordinateur du projet pour expliquer le
nouvel investissement.
« Les travaux comporteront deux phases,
explique encore Salomon Olympio, la première correspondant à une grosse moitié de
la surface totale pour les deux zones et le port, de façon à ce que Mandji soit
opérationnelle dans quatre ans. Le reste viendra ensuite en complément et nous
disposons encore de 1 000 hectares d’espaces libres pour des extensions
futures ». A noter encore que le
ministère de l’Économie numérique a lancé des études pour la fondation d’une
technopole entre les zones industrielle et résidentielle.
La première entreprise annoncé, GFC,
pilotée par le groupe agroalimentaire Olam,
produira de l’urée. Il semble que la compagnie singapourienne ait réclamé 200
hectares pour son usine, mais son patron au Gabon, Gagan Gupta, a indiqué le 29
janvier au Moci que GFC n’avait besoin que de 120 ha. Encore trop pour la
commission spéciale de mise en place de la zone franche de Mandji, qui estime
que « 25 h seraient bien suffisants ».
La Bafd a déjà approuvé 150 millions de dollars de prêts
Quoi qu’il en soit, la Banque
africaine de développement (Bafd) a déjà approuvé 150 millions de dollars de
prêts à des conditions de marché, la Bafd intervenant dans ce projet parce que
les banques commerciales manquent de ressources longues. Par ailleurs, la
banque de développement aurait « apprécié la situation générale d’Olam »
et aurait été « rassurée » en dépit des affirmations de Muddy Waters
Research sur des risques de faillite du groupe singapourien. Le financement devrait ainsi être bouclé « d’ici deux à trois mois »,
selon Gagan Gupta, une bonne quinzaine d’établissements (BEI, Proparco…)
affichant leur confiance en un projet créateur d’emplois (2 500 directs et
indirects) et générateur d’affaires pour les PME locales, fournisseurs et
sous-traitants.
Le coréen Samsung a aussi annoncé
sur place l’établissement d’une nouvelle raffinerie d’une valeur de 1,3 milliard
de dollars et la société para-pétrolière britannique Rigfab a l’intention aussi
de s’établir près de Port Gentil, qui abrite les grands noms des hydrocarbures
comme Total et Perenco. Les parapétroliers et les transformateurs de bois
étaient les premiers visés par les promoteurs de la zone franche – et de
fait, deux sociétés, une norvégienne et une canadienne, ont marqué leur intérêt
pour la construction de maisons en bois et une entreprise italienne pour la
fabrication de parquets ; le cabinet OTF a également réalisé une étude sur
le bois – mais deux études des cabinets Mc Kinsey et Ernst & Young ont
aussi permis d’étendre la palette des cibles sectorielles à la pisciculture, la
pêche, les produits halieutiques, la construction navale, l’assemblage et les
composants électroniques, le traitement à distance et l’entreposage.
Jusqu’à présent, aucune
entreprise française n’a affiché son intérêt pour la zone franche de Mandji.
Salomon Olympio ne cache pas « son amertume », alors que le Gabon possède
« une relation intime avec la France ».
De notre envoyé spécial au Gabon
François Pargny
Moci Pratique :
Contact: Salomon Olympio, coordinateur du
projet de zone franche de Mandji
Téléphone portable : 241 06
26 94 54
E-mail : [email protected]