Roger Blanc, qui préside Selevents, la structure commerciale du Sommet mondial de l’élevage (*), n’était jamais venu à la Maison de l’Amérique, à Paris. Et pourtant en ce 26 avril cela s’imposait puisque, pour le 25e anniversaire du salon de Clermont-Ferrand, qui se tiendra du 5 au 7 octobre, c’est un pays d’Amérique du Sud, la Colombie en l’occurrence, qui est l’invité d’honneur. Représentant le gouvernement de Bogota, l’ambassadeur Federico Rengifo Vélez a présenté le potentiel de son pays et nombre de ses homologues d’Amérique latine (Honduras, Cuba, Bolivie…) se trouvaient également dans la salle.
Cependant, alors que les ambassadeurs d’Amérique latine occupaient tous les premiers rangs de la salle de conférence, tout au fond, au dernier rang, était assis l’ambassadeur d’Ouganda, petit pays d’Afrique de l’Est. Vers la fin de la conférence, Nishima Jayant Madhvani, la haute représentante de cet État riverain du lac Victoria, s’est levée et, s’exprimant dans un mélange de français et d’anglais, a fait une demande surprenante mais très sympathique, aidée en cela par Benoît Delaloy, responsable de l’international au Sommet de l’élevage, qui a traduit ses propos quand ce fut nécessaire : que son pays reçoive une invitation officielle à participer au salon dans la langue de Shakespeare, car, a-t-elle rappelé, « chez nous, on parle anglais ». Son pays a « d’énormes besoins en matière de génétique, de production de viande et de lait et le président Museveni, lui-même, a précisé Nishima Jayant Madhvani, possède un troupeau de vaches à longues cornes de 15 000 têtes ».
L’Afrique subsaharienne peu présente, l’Europe de l’Ouest en force
A cette demande, Roger Blanc a bien évidement répondu positivement. Et quand il a demandé à qui devait être adressée l’invitation « en anglais », l’ambassadeur d’Ouganda l’a prié d’envoyer trois invitations : au président Yoweri Museveni en personne, au ministre de l’Agriculture, de l’industrie animale et de la pêche Tress Bucyanayandi et au secrétaire d’État à l’industrie animale Bright Rwamirama. L’arrivée d’une délégation ougandaise à Clermont-Ferrand serait d’autant plus appréciée que l’Afrique subsaharienne est très peu présente au Mondial de l’élevage. Sur les 85 000 visiteurs venus rencontrer les 1 300 exposants en 2015, ils étaient 4 000 de 70 pays étrangers, dont seulement 2 % en provenance de cette région.
Plus de la moitié de la fréquentation était originaire d’Europe de l’Ouest et 8 % d’Amérique latine, « essentiellement du Mexique, de Colombie et du Chili, des nations où les races françaises sont bien connues dans des exploitations certes importantes mais encore adaptées à notre modèle d’exploitations familiales », a expliqué Benoît Delaloy à la Lettre confidentielle. En revanche, a-t-il encore confié à la LC, « au Brésil ou en Argentine, les domaines sont gigantesques et le climat tropical est beaucoup moins favorable aux races françaises et plus favorable aux élevages de zébus ». Au Sommet mondial de l’élevage, si les bovins, les ovins et les caprins sont très visibles depuis la création de l’évènement, il y a aussi les chevaux. C’est parce qu’il possède des chevaux que Federico Rengifo Vélez figurait ainsi dans la délégation colombienne au salon il y a huit ans. Mais c’était avant qu’il devienne l’ambassadeur de son pays en France.
François Pargny
(*) http://www.sommet-elevage.fr/
Pour prolonger :
– France / Amérique latine : le partenariat économique à l’honneur lors de la visite présidentielle
– Amérique latine / Risques pays : une démocratie en force, une économie en crise