« Si nous supprimions les
subventions sur les produits de base, alors ce serait pire qu’en Grèce. Notre
parti perdrait toute crédibilité auprès de la population et serait contraint de
quitter le pouvoir ». Cette confidence d’un membre des Frères musulmans
explique en partie l’échec de la dernière mission du Fonds monétaire
international (FMI) pour un prêt de 4,8 milliards de dollars « et la
décision préalablement du Caire de relever les droits de douane sur toute une
série de produits », explique un connaisseur des arcanes égyptiens.
D’après un décret présidentiel en
date du 26 mars et la liste annexée au décret – deux documents dont la Lettre
confidentielle (LC) s’est procuré une copie – quelque 120 positions tarifaires
dans les biens de consommation sont concernées. Le taux minimum en général est
dorénavant de 10 % (au lieu de 5 %) – rarement de 5 % (au lieu de 2 %) – et le
maximum est fixé à 40 %.
Ainsi, les droits de douanes passent de 5 à 10 %
pour les noix de coco et les amandes, de 10 à 20 % pour les montres,
chronomètres et horloges, de 20 à 30 % pour certaines fruits (banane, orange,
raisin…) ou encore de 30 à 40 % pour l’horticulture, le caviar, les chewing-gum,
les lunettes de soleil, les allumettes et articles pyrotechniques.
Risque majeur : l’absence de programme économique
Pour les articles manufacturés, les
taxes à l’importation sur le produit final sont réduites de 110 % quand le
contenu local varie entre 30 et 40 %, de 115 % quand ce dernier représente une
part de 40 à 60 % et de 120 % s’il dépasse 60 %. « Le gouvernement
égyptien, qui ne dispose d’aucun programme, d’aucune feuille de route pour
relancer l’activité, doit absolument trouver de l’argent, tout en protégeant
son économie, alors que le taux de chômage dépasse 14 %, que l’inflation monte
en flèche, que le seuil de pauvreté touche plus du quart de la population et
que les investisseurs font le dos rond, qu’ils soient locaux ou
étrangers », commente un économiste au Caire.
Dans les milieux d’affaires,
l’inquiétude serait très forte, mais, en privé, du côté des Frères musulmans,
on se rappelle qu’en 1977, la décision du Premier ministre Mamdouh Salem d’annuler
les 10 % de subventions sur le riz, l’huile et le pain avait entraîné des
émeutes.
François Pargny