Malgré le succès de la journée Think Asia Think Hong Kong, qui a attiré près de 1200 participants au carrousel du Louvre le 28 octobre à Paris, dont de nombreux hommes d’affaires français, hongkongais et chinois*, les officiels de la délégation hongkongaise, proches des milieux d’affaires, n’ont pas échappé aux interrogations que suscite la situation politique locale, marquée par un mouvement de protestation étudiante inédit contre le mode d’élection du chef de l’exécutif imposé par Pékin. En l’absence du chef de l’exécutif, Leung Chun-ying, retenu à Hong Kong à cause de la situation, ils s’y étaient manifestement préparés. Rassurer, mettre en perspective : tel était leur leitmotiv dans les coulisses de la manifestation.
Pour Laura Cha, présidente du Financial Services Development Council, organisme clé qui conseille le gouvernement en matière de développement des services financiers -une priorité actuelle de Hong Kong-, la couverture du mouvement par les médias occidentaux a abouti à une présentation biaisée de la situation : « N’importe qui soutiendrait le fight for democraty, mais à Hong Kong, c’est exactement ce droit à la liberté d’expression que les manifestants sont en train d’exercer » a-t-elle ironisé devant quelques journalistes français. Elle mettait ainsi le doigt sur la situation très particulière de cette Région administrative spéciale (RAS) de la République populaire de Chine, ex. colonie britannique repassée dans le giron de Pékin contre la promesse des autorités chinoises de respecter le modèle « un pays, deux systèmes ».
« Nous sommes dans une nouvelle étape vers le suffrage universel, c’est un processus long » a-t-elle aussi mis en avant après avoir rappelé le contexte dans lequel avait été adopté la nouvelle loi électorale, soulignant que la situation était d’autant plus compliquée que les protestataires contestaient une loi qui avait déjà été adoptée : « Imaginez-vous le président Obama cédant à des manifestants contestant une loi votée par le Congrès des Etats-Unis ? ». Pour l’heure, le mouvement, qui se poursuit depuis près d’un mois, n’aurait pas eu d’impact significatif sur l’activité économique et financière à Hong Kong. Mais cela pourrait changer si cette crise devait perdurer, a-t-elle reconnu.
Même volonté de rassurer du côté de Margaret Fong, la nouvelle directrice du HKTDC (Hong Kong Trade and Dévelopment Council), principal organisateur de la journée du 28 octobre. Mais de façon plus concrète. « Quand les troubles ont commencé, les deux premiers jours, ça a vraiment bloqué la ville, a-t-elle indiqué. Mais les gens de Hong Kong se sont adaptés, ils empruntent de nouveaux itinéraires pour se rendre à leur travail, tout marche normalement actuellement ». Selon elle, les artères bloquées par les étudiants protestataires ne concernent qu’une petit partie de la ville. « Je voudrais souligner aussi que nous avons une police très professionnelle, très retenue » a aussi insisté Margaret Fong, comme pour rassurer sur l’issue pacifique de cette crise.
Pour l’heure, l’image de Hong Kong et son économie ne sont pas affectée, ni son excellente notation par les agences et assureur-crédit. Mais, là aussi, tout dépendra de l’issue de cette crise. « Je suis convaincue que Hong Kong sortira plus fort de cette période » a affirmé Margaret Fong comme on déroule une profession de foi. Et de rappeler que la RAS avait déjà montré sa capacité de « résilience » en ayant déjà traversé de graves crises, très différentes, dont la crise asiatique ou encore l’épidémie de SRAS.
Christine Gilguy
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