La grogne des chambres de commerce vis à vis du gouvernement suite aux nouvelles ponctions financières annoncées par Bercy sur leurs réserves, ne semble pas avoir d’impact sur les projets de leur branche internationale. Pourtant, si les travaux de rapprochement entre CCI International et Ubifrance se présentent comme un fleuve plutôt tranquille depuis l’automne 2013, les restrictions et le manque de visibilité budgétaires pourraient freiner certains projets.
« Nous sommes en train de travailler sur nos budget 2015 : il y a des missions qui apparaissent incontournables, et l’international en fait partie », justifie Jean-François Gendron, président de CCI International et de la CCI de Nantes Saint-Nazaire au lendemain des International Connecting Days (ITC) de Nantes, dont le succès ne se dément pas au fil des années (1300 participants, 50 pays représentés cette année). « Nous allons nous efforcer de privilégier notre mission à l’international, tout en étant obligés de faire des choix », prévient-il toutefois.
Et d’observer que dans l’état actuel des annonces gouvernementales, la visibilité sur le budget ne va pas au-delà de 2015. Quid des « 420 conceillers CCI International qui assurent un accompagnement de proximité sur tout le territoire français ? » interroge leur président.
Plusieurs chantiers avaient été lancés par CCI International et Ubifrance en 2013 dans le cadre d’un rapprochement voulu par le gouvernement. Objectif : mieux coordonner leur action et harmoniser l’offre commune de prestations d’accompagnement aux entreprises à l’export. Trois réunions de travail entre les équipes qui planchent sur ces sujets ont déjà eu lieu et Jean-François Gendron a déjà eu des échanges avec Muriel Pénicaud, patronne de l’agence publique, à trois reprises.
Les deux institutions sont en outre copilotes du chantier de la version 2 du futur portail Internet France International, qui doit fédérer l’information émanant de l’ensemble des acteurs de « l’équipe de France à l’export ». Un chantier qui a pris quelques mois de retard avec les remaniements ministériels successifs. « Avec Ubifrance, nous sommes d’accord pour éviter de faire une nouvelle usine à gaz, indique Jean-François Gendron. Nous sommes en train de regarder comment faire le plus simple possible et il faut que l’État aide ».
Ces chantiers ont été menés de concert avec les efforts d’harmonisation des prestations d’accompagnement et de la communication du réseau des CCIFI, que préside Arnaud Vaissié, pour en faire des partenaires incontournables à l’étranger. Une marque commune a été lancée au printemps dernier : CCI France international. C’est sur ce dernier volet que plane la menace d’un ralentissement lié aux restrictions budgétaires.
« Il y aura des conséquences sur les aides aux CCIFI », indique Jean-François Gendron, tout en reconnaissant que les subventions des chambres de commerce françaises aux CCIFI ne constituent qu’une part minime de leur budget, autofinancé à 97 %. « On veut mettre en place un CRM pour harmoniser leurs missions de base. Il faut aider les plus faibles du réseau et cela représente quelques centaines de milliers d’euros d’investissement », précise-t-il. Les CCI et les CCIFI sont étroitement liées, associées au sein de la structure commune CCI International.
Le message fait en tout cas partie de ceux transmis le 1er octobre à Matthias Fekl, le nouveau secrétaire d’État au Commerce extérieur, qui a reçu Jean-François Gendron et André Marcon, président de CCI France, au Quai d’Orsay le 1er octobre. « Le contact a été fort sympathique, on est entré dans le concret, indique Jean-François Gendron. Nous avons insisté sur le fait qu’Ubifrance et les CCI sont la colonne vertébrale du dispositif et qu’il faut qu’on réussisse à harmoniser nos pratiques ».
Christine Gilguy