« Nous ne sommes pas de simples clubs d’affaires, les CCIFI sont là pour soutenir le commerce entre la France et leurs pays d’implantation ! ». À quelques jours de l’assemblée générale de CCI France International (CCIFI), qui regroupe les chambres de commerce et d’industrie (CCI) françaises à l’étranger, prévue le 30 juin à Paris, Arnaud Vaissié, son président, veut faire passer un message : ce réseau veut prendre toute sa place dans les efforts d’internationalisation des PME françaises, selon ses déclarations exclusives à la Lettre confidentielle.
La volonté est nette chez celui qui est également cofondateur et P-dg de International SOS -une success story française à l’international-, à la tête de ce réseau depuis juin 2013, d’être « proactif » pour
revenir dans le jeu de la politique de commerce extérieur français.
Les CCIFI avaient été écartées par le gouvernement des premiers projets de « Maisons de l’international » aux États-Unis et en Chine, ces « incubateurs » promis par François Hollande pour faciliter l’implantation locale des entrepreneurs français*. Celui de San Francisco, inauguré début février en grande pompe par le président Hollande, avait été créé dans les locaux d’une filiale de l’Agence régionale de développement (ARD) francilienne, sur la base d’un accord avec la Région Île de France. Le prochain, prévu à Shanghai, devrait ouvrir dans l’Espace Rhône-Alpes, un lieu appartenant à la Région rhônalpine et géré par Erai.
« Il est clair que nous avons été surpris alors que plus d’une vingtaine de nos chambres remplissent tous les critères pour répondre à ce besoin », confie Arnaud Vaissié, dont le réseau revendique quelques 71 « incubateurs » d’entreprises dans le monde et 37 CCIFI proposant des prestations aux standards français. Mais, tient-il à préciser, « nous ne sommes pas en position d’attente vis-à-vis des pouvoirs publics. Nous sommes proactifs en allant chercher les clients en France et en améliorant notre offre à l’étranger et en la standardisant ».
Un nouveau logo pour assurer un « continuum » entre la France et l’étranger
Dans ce contexte, le changement de nom et de logo du réseau -CCI France International a remplacé l’Uccife (Union des CCI française à l’étranger)-, intervenu en mai dernier, n’est pas de pure forme. Pour Arnaud Vaissié, au contraire, « c’est l’affirmation d’une vraie action identitaire et commerciale ». Il s’agit de « permettre à nos chambres d’avoir une image commune et une communication démultipliée, et rappeler le fort arrimage du réseau à la France et à CCI France », poursuit-il. Et d’insister : « Nous voulons créer, pour les PME membres des CCI en France, une filière, un continuum avec les CCIFI ».
Le chantier est loin d’être fini. « On a déjà un réseau magnifique de 113 chambres dans 83 pays, mais il est hétérogène, reconnaît Arnaud Vaissié. L’idée est de parvenir progressivement à un niveau de prestations de services aux entreprises homogène dans le plus grand nombre de chambres, qu’elles concernent la domiciliation, l’accueil, le coaching de VIE, le conseil ou les études de marché ». Autrement dit, à terme, de Kuala Lumpur à Abidjan en passant par Milan ou Moscou, l’entrepreneur doit retrouver la même gamme et la même qualité de services. « Un vrai travail d’orfèvre » mais « les progrès sont rapides », affirme le dirigeant, « la progression est de 5 à 10 % par an ».
Et de mettre en avant le chemin déjà accompli dans certaines zones prioritaires du commerce extérieur français : « En Asie du Sud Est par exemple, nous avons un ensemble de chambres qui ont un niveau de prestations de haute qualité en Indonésie, à Singapour, en Malaisie, à Hong Kong et en Chine, en Corée du Sud, au Japon et en Thaïlande. Elles sont actuellement en train d’apporter un soutien à la toute nouvelle CCIFI en Birmanie », se réjouit le président de CCIFI.
Pour le prochain exercice 2014/2015, trois priorités vont être fixées au réseau : le déploiement d’un logiciel de gestion de la relation client et la mise en œuvre d’un reporting commun à toutes les chambres, et la poursuite des efforts de standardisation de leurs prestations de services.
« Il serait plus logique que les DSP soient mises en œuvre dans des pays où les chambres sont puissantes »
Le président de CCIFI veut aussi une autre politique de délégation de service public (DSP) avec Ubifrance : « Ma vision personnelle est qu’il serait plus logique que les DSP soient mises en œuvre dans des pays où les chambres sont puissantes et que le service public se déploie davantage dans des pays plus difficiles ».
A ce jour, Ubifrance a signé 7 DSP avec des CCIFI, dans des pays pour la plupart réputés difficiles où les PME ne se précipitent pas : le Maroc –exception à la règle-, la Jordanie, le Nigeria, Madagascar, le Pérou, la RD Congo et le Venezuela.
Et d’égrener les arguments : le réseau des CCIFI s’autofinance à « 97 % » et compte près de « 900 collaborateurs » dans le monde (894 exactement à fin 2013) « une force de frappe qui commence à être significative », estime son président. Selon le rapport d’activité 2013 de CCIFI, qui sera présenté à la prochaine assemblée générale et dont la LC a eu connaissance, les 71 « incubateurs » du réseau totalisent 27 452 m2 de bureaux. Quelque 129 VIE y ont été hébergés et coachés, 1952 entreprises accueillies dans le cadre de leur prospection…
La nouvelle donne née du remaniement ministériel du 3 avril, avec le rattachement du Commerce extérieur au ministère des Affaires étrangères, est un contexte favorable à des ajustements de politiques. CCIFI veut saisir cette opportunité. « Le dialogue est très ouvert et d’une grande qualité avec le quai d’Orsay, et avec nos partenaires au sein du conseil d’administration d’Ubifrance et de l’Afii : aujourd’hui, nous sommes dans une phase de réflexion conceptuelle. On réfléchit à des projets pilotes et on espère qu’ils seront lancés avant la fin de l’année ».
Christine Gilguy
*Lire, notamment : Ubifrance-Afii : au-delà de la fusion, l’enjeu du redéploiement international