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Les PRIE, donnent un second souffle aux stratégies régionales

La Picardie sera en juin la dernière région du grand nord de la France à se doter d’un plan régional à l’internationalisation des entreprises (PRIE). Avant elle, Basse-Normandie et Haute-Normandie, Nord Pas-de-Calais et Ile-de-France ont fait avec le PRIE le pari de donner un second souffle à leur stratégie à l’international.

Après la Basse-Normandie, la Haute-Normandie, le Nord Pas-de-Calais et l’Ile-de-France, la Picardie sera la dernière région française dans la zone du grand nord de la France à se doter d’un plan régional à l’internationalisation des entreprises (PRIE). « Fin juin, le document devrait être validé », annonce Christine Garraud, directrice de CCI International Picardie. Une date confirmée au Mocipar le ministère du Commerce extérieur. 

Nicole Bricq a donné le « top départ » le 3 février à Amiens, où elle participait au lancement de la plateforme régionale d’internationalisation des entreprises picardes. « Nous allons commencer à travailler certains sujets comme la gouvernance, la formation et l’emploi, l’enseignement et la recherche, les pôles d’excellence et les filières, lors d’ateliers », précise la responsable consulaire. 
Chronologiquement, la Basse-Normandie a été une des premières régions de l’Hexagone à rédiger un PRIE. Un texte écrit un peu dans l’urgence, si l’on en croit les opérateurs sur le terrain, un déplacement à Caen de Nicole Bricq ayant à l’époque été programmé pour le mois suivant. En définitive, la visite de la ministre fut reportée au 5 septembre, soit moins de quinze jours avant qu’elle reçoive, le 18 septembre à Bercy, l’ensemble des présidents de Région. Par rapport aux conventions régionales d’exportation conclues sous l’ancien gouvernement, la grande innovation de Nicole Bricq est de donner le pilotage de la politique d’internationalisation dans les territoires aux conseils régionaux. 

Le PRIE de la Basse-Normandie est ainsi alimenté à la source de la stratégie nationale d’exportation de la ministre (les couples pays/produits avec 47 pays prioritaires). Nicole Bricq et ses services ayant défini quatre familles de produits « Mieux se nourrir », « Mieux se soigner », « Mieux communiquer », « Mieux vivre en ville », chacune est déclinée par secteur industriel, par exemple pour « Mieux se nourrir », produits alimentaires-boissons-tabacs-produits agricoles, d’une part, machines agricoles, d’autre part, avec pour l’un comme l’autre domaine les pays ciblés, les pôles de compétitivité, comme Valorial (Valorisation recherche et innovation alimentaire) et/ou les filières concernées, à l’instar de l’Anea (Association normande des entreprises alimentaires). 
La Haute-Normandie a adopté la même démarche, collant ainsi strictement à la stratégie nationale. La matrice régionale secteurs/pays porteurs du PRIE, directement inspirée des grandes familles, reprend, de fait, les mêmes indicateurs. « Mais en Haute-Normandie nous y avons aussi ajouté le Mieux produire pour tenir compte de la spécificité de la Vallée de la Seine, très riche en industries diverses – automobile, aéronautique, mécanique… », raconte Thierry Achard de la Vente, directeur de CCI International Normandie, service commun aux deux régions normandes (pour plus de détails, lire article page 48). 

Pour sa part, le Nord Pas-de-Calais a fait un autre choix, s’éloignant ainsi volontairement de la matrice pays/secteurs et des grandes familles déclinées par le ministère du Commerce extérieur. « Les grandes familles sont adaptées au travail d’Ubifrance. Mais ce qui intéresse les acteurs de notre région dans le PRIE, ce n’est pas cela – pas plus, d’ailleurs, que l’articulation entre les opérateurs du commerce extérieur, qui existe ici depuis longtemps – c’est le cadre et la méthodologie du PRIE. Avec ce plan, les opérateurs vont, en effet, pouvoir développer une stratégie transversale, adaptée aux besoins des entreprises de nos départements, consistant à décloisonner l’international en le rapprochant de l’innovation, de la formation et de l’université », décrit Stéphane Bossavit, directeur de CCI International Nord de France. 

Le maître mot est devenu « économie ». Ainsi, parle-t-on dans ce document de diplomatie économique et non plus seulement de diplomatie, car il s’agit de développer des partenariats économiques tous azimuts. En particulier, la coopération décentralisée doit servir l’économie. Autre axe du PRIE, le développement de l’innovation et de « l’interclustering ». Ainsi, le pôle de compétitivité textile Up-Tex, qui a déjà noué un partenariat avec la Japan Confederation of Fiber Association, va organiser une mission en septembre au Japon – associant CCI International Nord de France et des entreprises – dans le but d’établir une coopération avec la fondation Fiber Science Society. 

À l’instar du Nord Pas-de-Calais, le volet sur la répartition des tâches n’est pas forcément développé dans tous les PRIE. Quand il l’est, les conventions régionales d’exportation, conclues sous l’ancien gouvernement, ont souvent servi de socle. « En Basse-Normandie, le PRIE ne valorise pas les partenaires autant qu’il peut le faire dans d’autres régions », observe Thierry Achard de la Vente. Tout en se félicitant de « la reconnaissance du rôle du réseau consulaire comme acteur de proximité sur le terrain », il regrette que « CCI International soit cité surtout dans les annexes et moins dans le texte lui-même ». En revanche, reconnaît-il encore, « pour la Haute-Normandie, le texte est assez équilibré et le rôle de chacun est clairement défini ». 

La volonté dans certaines régions « d’inscrire dans le marbre » les compétences et les responsabilités de chaque partenaire du commerce extérieur (Région, réseau consulaire, Ubifrance, CCEF, etc.) correspond souvent au besoin de rassurer toute la chaîne, tout en évitant les doublons qui pouvaient encore exister. Le cas de la région capitale est évidemment particulier, puisque l’Ile-de-France possédant deux puissants acteurs, la Région et la CCI Paris Ile-de-France, il fallait bien que les deux s’allient au service des entreprises. 
À l’occasion d’un dossier spécial du Moci, intitulé « L’Ile-de-France veut démontrer son excellence à l’international » (n° 1952 du 21 novembre 2013), Jean-Paul Planchou, vice-président du Conseil régional, en charge du Développement économique et de l’innovation, déclarait : « la Région ne veut dominer ni se substituer à personne, elle désire faciliter. En l’occurrence, elle respecte les chambres consulaires qui ont une antériorité, une expertise, avérée. La Région veut simplement la meilleure utilisation des forces de chacun ». Dont acte.
Le climat semble bien moins apaisé en Picardie. Retour en arrière. En juin 2011, l’Agence régionale d’exportation (Arex), organisme dépendant à la fois du Conseil régional et de la Chambre régionale de commerce et d’industrie (CRCI), disparaît, la Région souhaitant s’en retirer. L’Arex, avec comme seule tutelle la CRCI, devient alors CCI International.
 
« Le retrait de la Région marque alors un coup d’arrêt dans sa politique d’internationalisation, dans sa réflexion, sa vision », relate un chef d’entreprise. Le climat se détériore progressivement, les tensions montent avec plusieurs opérateurs du commerce extérieur. Et au second semestre 2013, la Région revient sur le devant de la scène en reprenant un certain nombre d’actions menées par CCI International. Dans l’optique du futur PRIE, elle a indiqué son souhait de demeurer opérateur direct, ce qui devrait se traduire, en définitive, par une répartition des missions avec l’institution consulaire. Au fil des années, peut-être en raison de la crise et du déficit commercial de la France, la méfiance, qui a toujours existé entre le réseau consulaire et l’exécutif régional, s’est atténuée. Après les conventions régionales d’exportation, les PRIE ont fini de rapprocher ces deux concurrents historiques. Dans la pratique, les Régions délèguent souvent l’accompagnement des entreprises au réseau consulaire. C’est le cas en Normandie. De même, dans le Nord Pas-de-Calais. « C’est depuis 2005-2006 que le Conseil régional a développé une vision stratégique à l’international », rapporte Stéphane Bossavit. 
De façon concrète, la Région se concentre sur la coopération décentralisée. 
L’attractivité du territoire est confiée à Nord France Invest, agence de promotion économique de Lille Région et 
relai de l’Agence française pour les investissements internationaux (Afii), financé par la Région, la CCI de Région et l’Union européenne. Quant à l’accompagnement, c’est de la compétence de CCI International. Au demeurant, dans le Nord Pas-de-Calais, les relations entre le réseau consulaire et la Région sont formalisées depuis 2007. Les deux partenaires ont, concrètement, signé une convention, qui vient juste d’être renouvelée une deuxième fois pour trois ans (2014-2016). 

François Pargny

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