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Risques et opportunités 2012 : les clignotants au rouge en Europe

2012 sera une année de ralentissement économique généralisé, même si les pays émergents continueront à tirer la croissance économique mondiale. La zone euro est au centre des préoccupations. Tour d’horizon des indicateurs de croissance et de risques avec les dernières prévisions d’Euler Hermes et de Coface.

Croissance : ralentissement global, malgré les pays émergents
Chez les grands assureurs-crédits, les économistes prédisent tous un ralentissement de la croissance économique mondiale : « Après une hausse de 4,3 % en 2010 et de 3 % en 2011, la croissance mondiale devrait ralentir cette année et tomber à 2,7 % », indiquait Ludovic Subran, chef économiste et directeur de la recherche d’Euler Hermes (EH), lors d’une rencontre avec la presse le 10 janvier à Paris.

« Dans les pays avancés, la croissance sera de 1,1 % à 1,3 % et de 4,7 % à 5,1 % dans les pays émergents, qui devraient donc continuer à tirer la croissance mondiale », précisait de son côté Yves Zlotowski, chef économiste de Coface, dans un entretien précédant le colloque annuel de la compagnie à Paris, le 16 janvier. Pour Ludovic Subran, elle va notamment s’essouffler en Asie (hors Japon), passant de 7,3 % à 6,6 %.

Néanmoins, la Chine devrait enregistrer un « ralentissement limité », selon Yves Zlotowski, qui prévoit un taux de 8 % en 2012 au lieu de 9,3 % en 2011. Il estime que « ce pays peut contenir les impacts extérieurs, grâce à la maîtrise de sa politique monétaire, aux lancements de programmes gouvernementaux, à la relance du crédit et à sa consommation domestique ». 

Zone euro : au cœur de toutes les inquiétudes 

« La zone euro n’est pas le moteur de l’économie, mais comme elle est dans l’œil du cyclone, avec une économie dont la croissance tombera entre 0 et 0,5 % cette année, les grandes puissances mondiales sont inquiètes », souligne Ludovic Subran, qui précise que la zone euro « constitue l’épicentre de la crise », parce que les autres économies en sont dépendantes commercialement.

D’après Euler Hermes (EH), 28 % des exportations de la Chine et 21 % de celles des États-Unis sont, notamment, dirigées vers cette région. « Si la zone euro entre en récession, c’est un gros risque pour les États-Unis. L’euro se déprécierait par rapport au dollar et les produits américains subiraient une concurrence renforcée », explique le chef économiste d’EH.

Une source d’inquiétude pour ce qui reste la première économie mondiale, longtemps moteur de la croissance de la planète. Car elle repose sur des « bases fragiles », selon Yves Zlotowski, même si « avec une croissance prévue de 1,6 % à 1,7 % cette année, l’économie américaine sera stable ». 

Risques pays et impayés : en hausse, particulièrement en Europe

L’année 2011 a été particulièrement dense en matière de dégradation des notes de risque pays et d’augmentations des incidents de paiement. L’Europe a été, à cet égard, en pointe.

Entre janvier 2011 et janvier 2012, Coface a revu ses évaluations de risques pays à la baisse pour 12 pays développés dont les États-Unis et le Japon, les dix autres étant membres de l’Union européenne (voir tableaux en PDF ci-dessous). La Grèce est aujourd’hui aussi mal notée que l’Égypte.

« Aux États-Unis, les impayés ont reculé de 0,5 % entre 2010 et 2011, alors qu’ils ont augmenté de 28 % en moyenne en Europe, avec des augmentations de 25 % à 30 % en France et en Allemagne et de 50 % en Espagne et en Italie », détaille Yves Zlotowski. Ce dernier précise que c’est l’Europe de l’Ouest qui concentre les taux d’impayés les plus élevés.

Même tendance chez EH : en décembre dernier, l’assureur-crédit a baissé la note pays de la Grèce, des Philippines, de la Slovénie et de la République tchèque et relevé celle de la Turquie. Pour 2012, il anticipe une hausse de 3 % des défaillances d’entreprises dans le monde, après une baisse de 3 % en 2011, et ce, malgré une diminution en Amérique (- 7 %) et en Asie-Pacifique (- 1 %). C’est l’Europe qui tirera cette tendance négative : l’assureur-crédit anticipe une progression de 12 % des défaillances en Europe, dont 19 % pour les pays du pourtour méditerranéen, très fragilisés par la crise.

Secteur : de nombreuses activités fragilisées

Le chef économiste de Coface note le retour des impayés dans certains secteurs comme la construction en France et le solaire en Allemagne. Selon lui, « en Europe, les secteurs particulièrement “sinistrogènes” sont la sous-traitance automobile en Allemagne, où l’on voit revenir les impayés, la construction et la grande distribution en Espagne, les métaux, l’agroalimentaire et le textile en Italie ». Mais les pays émergents sont loin d’être épargnés : « Tous les secteurs à faible valeur ajoutée comme le textile, la chaussure ou le jouet sont fragilisés et à la merci d’une baisse de la demande européenne », résume Yves Zlotowski.

Risques : inquiétude pour l’Europe centrale et orientale
D’après EH, les perspectives en matière de défaillances d’entreprises laissent augurer une augmentation des disparités en Europe entre le Nord et le Sud d’une part, l’Ouest et l’Est d’autre part.

Le Nord (y compris la France et excepté l’Irlande) est classé dans la catégorie la moins risquée : « 1, risque de niveau faible ». Le niveau de défaillances y progresserait au plus de 10 % en 2012 (Belgique).

Au Sud et à l’Est, l’Espagne, l’Italie, tout comme l’Irlande ou la Hongrie, sont dans la catégorie 3 « risque de niveau spéculatif ». La Grèce, avec un niveau de défaillance de + 26 %, tout comme la quasi-totalité de l’Europe de l’Est, sont classées dans la catégorie la plus risquée : « 4, risque de niveau élevé ». « Entre l’Est et l’Ouest, les liens financiers et commerciaux sont forts et des capitaux reviennent aujourd’hui de l’Est vers l’Ouest », commente Ludovic Subran, chef économiste d’EH.

Coface, de son côté, a dégradé 6 pays en un an (voir tableaux en PDF ci-dessous), les plus touchés ayant été Chypre, la Croatie et la Hongrie, passés de A4 à B. « Nous sommes très inquiets de la situation des pays d’Europe centrale et orientale, dont 70 % des échanges sont réalisés avec une Union européenne en récession », confirme Yves Zlotowski. « Les banques européennes sont très présentes dans cette zone, précise-t-il. Et nous craignons un credit crunch dans des pays comme la République tchèque, la Slovaquie, la Hongrie et la Croatie, qui sont confrontés au refinancement de leur dette privée. »

Risque politique : le retour
Avec la vague des printemps arabes et l’onde de choc qu’elle a provoquée dans les pays du pourtour méditerranéen, le risque politique a fait son grand retour dans les radars des entreprises. « Chez Coface, résume Yves Zlotowski, en 2011, nous avons eu des impayés au titre du risque politique, ce qu’on ne voyait pas avant, en Égypte, en Syrie, en Libye et au Nigeria. Nous prédisons une dégradation de l’Égypte, où la situation financière et sombre et où les attentes du peuple risquent de ne pas être satisfaites. Nous sommes plus circonspects sur la Tunisie, qui est en surveillance négative, mais dont la note ne sera pas dégradée ». L’Égypte a été dégradée chez Coface de B à C, la Syrie de C à D et la Tunisie est toujours sous surveillance négative (A4-).

Sophie Creusillet et François Pargny


Allemagne : chute des défaillances

D’après l’Office fédéral de statistique (Destatis), le nombre de défaillances d’entreprises en Allemagne est tombé à 30 490 en 2011, soit une baisse de 4,7 % par rapport à 2010, année pendant laquelle ce chiffre avait déjà diminué de 2,1 %. L’assureur-crédit Euler Hermes (EH) anticipe encore un recul de 0,7 % cette année, ce qui réduirait le nombre de sociétés concernées à 30 290, et d’environ 2 % en 2013.

Cette tendance à la décroissance traduit les bonnes performances et l’optimisme des milieux d’affaires, malgré les risques de récession dans la zone euro. « En 2011, l’Allemagne a été le seul pays à appliquer une véritable discipline budgétaire », observe Ludovic Subran, chef économiste d’EH. Résultat : le déficit public a été ramené à 1 % du PIB, un taux bien inférieur aux 3 % exigés dans le traité de Maastricht.

Le chômage chute, les exportations augmentent (1 000 milliards d’euros en 2011). Plus encore, la consommation domestique progresse. Destatis a annoncé un PIB en hausse de 3 % en 2011. Mais, selon Yves Zlotowski, chef économiste de Coface, « la situation économique de l’Allemagne en 2012 dépendra de la bonne santé du commerce mondial. Ce dernier, contrairement à la crise de 2009, va se tenir. Il va certes ralentir, mais ne plongera pas. La situation financière des entreprises allemandes est bonne, elles seront capables de limiter les chocs extérieurs ». EH estime que l’économie pourrait croître de seulement 0,8 % en 2012, avant de « se reprendre » avec + 1, 6 % en 2013. 

F. P.


France : des risques commerciaux

« Malgré sa récente dépréciation, l’euro reste très fort. Or, la France ne peut plus se permettre de perdre un débouché extérieur », affirme Ludovic Subran, chef économiste et directeur de la recherche d’EH. « L’Italie, parce qu’elle absorbe 8 % des exportations françaises, représente pour la France un grand risque commercial, car son service de la dette est important et ses défaillances d’entreprises devraient augmenter de 15 % en 2012 par rapport à 2011 », explique Ludovic Sabran. 

Autre inquiétude, la mauvaise « conjoncture politique » entre la France et la Turquie, un grand partenaire commercial. Enfin, l’Hexagone « ne peut pas compter sur une reprise de l’activité comme en 2010 dans les pays émergents, dont la croissance, au contraire, ralentit ». Et de citer, à cet égard, le cas du Brésil qui, après s’être ouvert aux produits étrangers, « dresse maintenant des barrières tarifaires pour inciter les entreprises extérieures à investir sur place ». « Encore un marché de moins pour la France », regrette le chef économiste. 

F. P.

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