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Tanger Med : le projet logistique et industriel se concrétise

Le Maroc est-il en passe de gagner son pari, celui de devenir une plateforme industrielle et logistique dans la région Euro-méditérranée ? « Le pays est sur la bonne voie », affirment à l’unisson nos interlocuteurs. Une chose est sûre, depuis trois ans, le Maroc est devenu le premier bénéficiaire des financements de l’Agence française de développement (AFD) avec des prêts cumulés s’élevant à 2,1 milliards d’euros. « Le pays récolte les fruits de sa stabilité politique et économique », justifie Joël Daligault, le directeur de l’AFD pour le Maroc.

Sur le terrain, le pays s’est lancé dans un vaste programme de grands chantiers, certains terminés, d’autres en cours de réalisation. A quelques kilomètres de l’aéroport de Casablanca, sur un terrain de 124 hectares, une zone franche entièrement dédiée au secteur de l’aéronautique est en train de sortir de terre. Le groupe canadien Bombardier ouvrira d’ici la fin de l’année 2013 une usine de production de pièces d’aérostructures. Bombardier devrait entraîner dans son sillage plusieurs fournisseurs.

A quelques centaines de mètres de là, l’entreprise Ratier-Figeac, filiale de la branche « Aerospace Systems » du conglomérat américain UTC, leader dans les équipements aéronautiques, est déjà à l’œuvre. L’inauguration de l’usine marocaine, implantée au sein de l’Aéropôle, a eu lieu le 26 septembre dernier. Elle sera entièrement dédiée à la production d’équipements des cockpits et des cabines d’avions ainsi que d’hélicoptères. Après Safran, Matis, Lisi Aerospace, Bombardier et Ratier-Figeac seraient-ils les nouveaux symboles de ce Maroc industriel qui décolle ? « On ne vient plus au Maroc pour rechercher une main-d’œuvre locale à bas coût. Le pays, après avoir développé au cours de ces dix dernières années des centres d’excellence de grande qualité, figure désormais sur la carte mondiale de l’aéronautique », s’enthousiasme Hamid Benbrahim El Andaloussi, le président du Groupement des industries marocaines aéronautiques et spatiales (Gimas).

Pour favoriser l’implantation des entreprises, le Maroc s’est doté de nombreux parcs industriels. Au total, 22 plateformes industrielles intégrées (P2I) doivent être réalisées à l’horizon 2015 par MedZ, filiale de la Caisse de dépôt et de gestion (CDG). Quatre sont déjà opérationnelles : Casanearshore à Casablanca, Technopolis à Rabat, Kenitra Automotive City et la technopole d’Oujda, dans l’est du pays. Les zones franches sont réparties quant à elles sur plusieurs points du territoire. La première zone franche, celle de Tanger, a vu le jour il y a plusieurs années et s’étend aujourd’hui sur 345 hectares. Elle a servi de modèle pour le lancement des autres zones franches de Kenitra (automobile), Nouaceur (aéronautique), Oujda (énergies renouvelables), ou Fès Ras El Ma (généraliste). La puissante Chambre française de commerce et d’industrie du Maroc (CFCIM) développe également son propre réseau de parcs industriels : après celui de Bouskoura (banlieue de Casablanca) d’une superficie de 30 ha et rempli à 100 %, un autre parc à Oulad Salah (proche de Bouskoura) devrait bientôt voir le jour sur 100 ha. Deux autres projets sont en cours de développement à Berrechid, et à Settat.

Dans l’extrême nord du Maroc, à quelques encablures seulement des côtes espagnoles, sur une superficie de 300 hectares, l’usine Renault-Nissan d’une capacité de production de 400 000 véhicules par an a démarré en février dernier la production du Lodgy, véhicule familial de la marque low cost Dacia, et du Dokker, un véhicule utilitaire. Comme pour la filière aéronautique, « le Maroc veut devenir un acteur incontournable de l’industrie automobile dans la région Euro-méditerranée », affirme sans détour Hakim Abdelmoumen, le président de l’Association marocaine pour l’industrie et le commerce automobile (Amica). L’installation de l’usine Renault sert de catalyseur au développement d’une industrie automobile structurée. Une vingtaine d’équipementiers se sont mis au service de la firme au losange. L’idée des autorités marocaines est de faciliter la venue de constructeurs, accompagnés ensuite par des fournisseurs (voir plus loin, interview de Michel Faivre-Duboz, directeur général du groupe Renault au Maroc). Après Renault, Volkswagen est pressenti pour s’installer dans le pays.

Le choix de Tanger n’est pas anodin. L’usine est reliée au port de Tanger Med 1 par une voie ferrée. Ce nouveau port, inauguré en 2007, d’une capacité de 3 millions de conteneurs, peut traiter tous types de marchandises, les hydrocarbures, et même le trafic passagers. Tanger Med 2, encore en travaux, permettra de porter la capacité globale de l’équipement à 8 millions de conteneurs en 2016. Tanger Med est complété par un réseau de 34 ports, sur l’Atlantique et sur la Méditerranée, dont 13 sont ouverts au commerce extérieur. Autre infrastructure déterminante : le réseau routier. Autoroutes du Maroc (ADM) construit et exploite un réseau qui atteindra les 1 800 km en 2015, permettant de relier toutes les villes de plus de 400 000 habitants. Les zones industrielles sont en général au plus près des accès autoroutiers. A Tanger, une sortie d’autoroute a été spécialement aménagée pour faciliter l’accès à l’usine Renault et à la zone franche de Melloussa, sur laquelle elle est implantée. Le réseau est en constante expansion, avec des aménagements en cours, comme le passage en 2×3 voies de l’axe Casablanca-Rabat.

L’ambition du Royaume, qui veut devenir une zone pivot dans les échanges économiques entre les deux rives de la Méditerranée, est donc en passe de se concrétiser. « Du nord au sud, le pays est en mouvement », s’enthousiasme Philippe Confais, directeur général de la CFCIM. Avec 3 700 entreprises adhérentes, la CFCIM est la plus importante chambre française à l’étranger, bien loin devant ses homologues de Tunisie (2 200 entreprises) ou d’Égypte (950). « Notre activité de conseil et d’appui aux entreprises est en pleine effervescence. En 2011, nous avons piloté une soixantaine de projets de création d’entreprises. Une tendance qui ne devrait pas fléchir en 2012. Près de 200 missions prospectives ont été menées, sans compter le millier de demandes d’informations que nous recevons », explique Philippe Confais. Reste à terminer le vaste programme d’infrastructures : poursuivre le maillage autoroutier du pays, achever les travaux du port de Tanger Med 2, terminer la ligne à grande vitesse et le doublement des voies entre Kenitra et Casablanca (un axe particulièrement sollicité), compléter le réseau de parcs d’activité et de zones franches, etc. Quant aux aéroports, ils font l’objet d’un vaste programme de mise à niveau et d’extension. Dernier en date : l’aéroport de Marrakech qui se dote d’un nouveau terminal permettant d’accueillir 9 millions de passagers par an contre 4 millions actuellement.

Isabelle Arbona à Casablanca (avec François Pargny à Paris)


Chiffres clés (2011)

Superficie : 719 850 km2
Population : 31 millions d’habitants
Produit intérieur brut (PIB) : 72,89 milliards d’euros
PIB par habitant : 2 264,45 euros
Croissance du PIB : + 5 %
Inflation : 0,9 %
Chômage : 8,9 %
Importations : en 2011 : 31,3 milliards d’euros. De janvier à juillet 2012 : 19,6 milliards (+ 8,32 %). La part de marché de la France, premier fournisseur, est de 12,32 %, devant l’Espagne (12,23 %).
Exportations : en 2011 : 14,9 milliards d’euros. De janvier à juillet 2012 : 2 milliards (- 1,22 %)

Sources : Haut Commissariat au Plan, ministère de l’Économie et des Finances, GTA/GTIS

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