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Logistique : Tanger Med monte en puissance

Le nouveau port géant de la Méditerranée est parti pour approcher les 30millions de tonnes en 2011. Une croissance forte portée par les trafics avec l’Asie, l’Afrique et la conteneurisation, qui lui fait courir le risque d’un engorgement. 

Au premier semestre 2011, le port de Tanger Med annonçait un trafic global de 16,3 millions de tonnes, réalisant un bond de 82 % par rapport au 1er semestre 2010.

Il devrait approcher, voire dépasser les 30 millions de tonnes à la fin de l’année, après en avoir traité 23 millions en 2010. C’est la plus forte croissance enregistrée parmi celles des autres ports de la Méditerranée. Les terminaux à conteneurs du port totalisaient au premier semestre de cette année 1,25 million d’unités équivalent vingt pieds (EVP), soit 43 % de plus qu’au 1er semestre 2010. Rappelons qu’à ce jour, ces terminaux ont été concédés à Maersk (terminal 1) et au consortium MSC-CMA CGM (terminal 2) pour 30 ans. D’ores et déjà, les deux terminaux à conteneurs ont atteint un taux d’utilisation de leur capacité proche de 70 %. 

Logiquement, avec l’intensification prévisible du trafic, ces terminaux du premier port Tanger Med 1 risquent 
d’arriver à saturation dès la fin 2012, leur capacité n’excédant guère 3 millions de boîtes. Sur le chantier de Tanger Med II, commencé en 2010, la livraison de deux autres terminaux géants devrait se faire début 2015. 

Ces derniers doivent pouvoir accueillir 5,2 millions de boîtes supplémentaires. L’ouvrage propose 2,8 km de quais dédiés, avec une capacité d’accueil de 7 méga-portes-conteneurs. Les futurs quais ont déjà été concédés à deux opérateurs portuaires : Port Authority of Singapore et Marsa Maroc. Pendant une vingtaine de mois, Tanger risque donc l’engorgement. D’ailleurs, « l’administration portuaire pourra-t-elle suivre cette croissance ? C’est un vrai sujet d’inquiétude », s’interroge un transitaire français présent sur place. 

Cette question de la saturation des terminaux à conteneurs pourrait se poser à nombre de grandes firmes présentes ou sur le point de s’y implanter. Parmi les dernières arrivées, citons la Fnac, qui s’est établie à Casa- blanca cette année, les Galeries Lafayette fin octobre 2011, Groupe Carrefour avec Label Vie (depuis 2009) et Renault. L’usine du constructeur français, tout juste sortie de terre, doit commencer à fonctionner en janvier 2012, avec un objectif de production, à terme, de 400 000 unités par an, dont 200 000 dès la première année de fonctionnement. En attendant, fin 2010, Tanger captait déjà 60 % du trafic du détroit de Gibraltar. 

Toutefois, selon un prestataire logistique, qui a souhaité rester anonyme, « on n’observe pas encore de notables reports de trafic venant des grands ports de la Méditerranée occidentale de Gênes, Valence, Barcelone et Naples ». À ce jour, le port capte, via la route du canal de Suez, les chargements des navires assurant les liaisons 
entre l’Extrême-Orient et l’Europe, mais aussi les trafics au départ et à destination des ports ouest-africains. Ces derniers ont enregistré une hausse de 50 % au premier semestre. Tanger est en train de devenir la plateforme de massification (concentration des marchandises sur un même lieu) et d’éclatement du fret (redistribution dans de multiples directions) avec le continent africain. Les lignes desservant l’Amérique du Sud « escalent » également dans le grand port marocain. En revanche, les trafics en provenance des grands ports du Benelux ne s’y arrêtent pas. Le Maroc a décidé de mettre les bouchées doubles pour accélérer le dédouanement et pour développer son hinterland, avec un programme de construction de routes. Cependant, Tanger mettra sans doute bien des années avant de pouvoir prétendre être la « Rotterdam du Sud ». 

Gilles Naudy 

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