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Les entreprises française prennent pied au Brésil

Le Brésil suscite un engouement exceptionnel. En 2010, environ 500 sociétés françaises sont venues au Brésil à titre individuel ou avec des missions collectives dans le cadre des actions organisées par Ubifrance. Dans presque un cas sur deux, cette venue a été suivie d’une action concrète : signature d’au moins un contrat, ouverture d’un bureau ou d’une filiale, accord de partenariat, rachat d’une société locale, etc. Un « taux de transformation » tout à fait satisfaisant.

Pourtant, ce n’était pas gagné. En novembre 2008, Ubifrance organisait, en collaboration avec le réseau des Missions économiques au Brésil, un Forum France- Brésil, basé sur des rencontres d’affaires entre entreprises françaises (120 en tout) et brésiliennes. En 2009, l’Année de la France au Brésil était conçue pour promouvoir la présence des entreprises françaises avec une programmation tant commerciale que culturelle. Ubifrance avait réalisé à cette occasion un effort financier important en doublant le budget consacré au Brésil par rapport à 2008. Avec la détérioration de la conjoncture économique mondiale, le risque était grand de voir les entreprises françaises se détourner de ce pays.

Il n’en a rien été. « Beaucoup d’entreprises françaises se sont aperçues que le Brésil avait bien traversé la crise », explique Éric Fajole, directeur d’Ubifrance au Brésil. Après une stagnation en 2009, l’économie a fait un bond en avant de 7,5 % en 2010 et une croissance de l’ordre de 4 % est attendue en 2011. L’économie a été tirée par la demande intérieure et l’accès à la consommation de nouvelles couches de la population. La bonne tenue des cours des matières premières a permis également de soutenir les exportations et a contribué à la croissance.
Du côté officiel français, le gros souci a été de ne pas relâcher l’effort, mais, au contraire, d’assurer un « suivi » après le succès incontesté de l’Année de la France au Brésil. En 2009, l’accent avait été mis sur des secteurs ayant un potentiel de développement important mais caractérisés par une présence française faible ou inexistante : nautisme, mode (hors luxe), art de vivre, décoration de la maison, informatique bancaire, construction navale, etc. Dans ces « nouveaux secteurs », des résultats concrets ont été obtenus : ouverture d’une filiale d’Octo Technology (informatique), investissement de Beneteau en association avec un partenaire brésilien, implantation d’Amaury Sport Organisation (ASO), etc. Le dispositif d’appui s’est renforcé. Ubifrance emploie désormais trente agents au Brésil. La coopération avec la Chambre de commerce France-Brésil (CCFB) a été renouvelée : une nouvelle convention de coopération a été signée en mars 2011. Les chambres de commerce et d’industrie (CCI) en France disposent d’un réseau de spécialistes du Brésil qui « préparent le terrain ». Un gros effort est fait pour expliquer la réalité brésilienne en amont et accompagner les entreprises de la façon la plus efficace possible. « Il y a désormais un dispositif complet d’appui aux entreprises caractérisé par la complémentarité des acteurs », précise Éric Fajole.

Un Forum franco-brésilien de l’innovation en novembre
Ubifrance organise, en partenariat avec Oséo et la Chambre de commerce France-Brésil (CCFB), le 3e Forum franco-brésilien de l’innovation du 7 au 10 novembre 2011. Il s’agit d’une grande manifestation de promotion des technologies françaises conçue spécialement pour les entreprises innovantes et les pôles de compétitivité français. Trois jours de rendez-vous individuels personnalisés avec de potentiels partenaires technologiques et acheteurs brésiliens et des, visites de sites sont prévus.


Quatre secteurs prioritaires ont été retenus : aérospatial-défense, infrastructure-énergie, TIC et biotechnologies et santé-agroalimentaire. Deux régions françaises sont associées à cette manifestation (Nord-Pas-de-Calais et Provence-Alpes-Côte d’Azur). Plusieurs CCI (Nord-Pas-de-Calais, Paris, Marseille-Provence, etc.) sont partenaires et organisent des missions de prospection complémentaires à la participation au Forum. Celle de la chambre de commerce et d’industrie de Paris (CCIP), qui se déroule du 6 au 11 novembre, comprend, outre la participation au Forum, un séminaire d’accueil à la CCFB, des rendez-vous B-to-B à São Paulo et dans d’autres villes du Brésil et la visite du salon ferroviaire Negocios nos Trilhos. Contact : [email protected]
Mais le fait majeur réside dans la volonté des entreprises françaises, même de petite taille, de s’installer au Brésil. Certes, les autorités brésiliennes incitent par différentes mesures les entreprises étrangères à investir dans le pays afin de contribuer au développement local et de créer des emplois sur place. Mais il y a aussi une vraie prise de conscience de la nécessité de mettre sur pied des stratégies à long terme basées sur l’implantation, notamment sous la forme du rachat de sociétés brésiliennes. Cette solution a plusieurs avantages. « Le rachat permet de contourner les barrières douanières, de bénéficier d’une certaine visibilité sur le marché visé ainsi que d’une structure déjà en place », souligne Mathias Guérineau, consultant chez France Brésil Développement (FBD). « Pour pénétrer dans un secteur consolidé, une acquisition peut-être une stratégie intéressante qui permet de gagner vite des parts de marché, d´éliminer un concurrent et, souvent, de récupérer des compétences locales », indique Frédéric Donier, président de la société de conseil Crescendo. Un rachat permet aussi de commercialiser plus facilement des produits en provenance de France et contribue au développement des exportations françaises vers le Brésil. 

L’attrait du pays ne doit pas cependant masquer les difficultés. L’expansion de l’économie s’est accompagnée d’une accélération de l’inflation. Comme la monnaie locale, le real, s’est apprécié par rapport au dollar et à l’euro, les coûts exprimés dans ces devises ont explosé. « Tous les services sont plus chers qu’en France », note Éric Fajole. Un simple voyage de prospection est devenu une opération coûteuse, notamment en raison de l’envolée des prix des chambres d’hôtel. Un cadre supérieur est mieux rémunéré qu’en France. São Paulo et Rio de Janeiro sont les deux villes les plus chères de tout le continent américain, selon une étude publiée récemment par l’Economist Intelligence Unit.

À cela s’ajoutent les lourdeurs bureaucratiques et le phénomène culturel. Les affinités naturelles entre Français et Brésiliens et le caractère ouvert de la population ne doivent pas masquer que les modes de fonctionnement dans le milieu des affaires diffèrent par rapport à ce qui existe en Europe. Ce qui peut être source de déconvenues graves. Les opérations de rachat et les partenariats sont de ce point de vue particulièrement délicats. « Il y a une proximité culturelle évidente, mais le Brésilien, il faut le prendre comme un Chinois », précise un diplomate français.

En définitive, le bilan de l’effort d’accompagnement français est largement positif. Pour autant, ceux qui appuient les entreprises ne se reposent pas sur leurs lauriers : les plus gros défis sont à venir. Le marché brésilien est immense de par ses opportunités. Ubifrance mettra l’accent en 2012 sur l’agroalimentaire, un secteur insuffisamment exploré. Il reste beaucoup à faire pour améliorer la présence française dans des secteurs importants tels que les hydrocarbures, les énergies nouvelles, la construction navale et les infrastructures, notamment dans la perspective de la Coupe du monde de football de 2014 et des jeux Olympiques de 2016. Et les concurrents ne sont pas inactifs. Rien n’est jamais gagné d’avance mais les entreprises françaises ont une vraie carte à jouer dans ce pays. Mieux encore : elles y croient. 

Daniel Solano

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