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Guide business Sénégal 2016

La relance de l’économie sénégalaise se tisse autour du Plan Sénégal Émergent. Ville nouvelle, autoroutes, aéroport, chemins de fer… de grands chantiers dessinent le Sénégal de demain et tirent la croissance.

 

Pas de doute. Le Sénégal a su trouver l’appui des bailleurs de fonds. D’abord à Paris, en février 2014, lors de la présentation de son Plan Sénégal Émergent (PSE) qui vise à faire du Sénégal un pays émergent à l’horizon 2035. Ce jour-là, le gouvernement sénégalais avait obtenu des engagements de financement de 5,67 milliards d’euros de la part de l’ensemble des bailleurs, plus que la somme recherchée. Deux ans plus tard, les engagements se sont concrétisés à hauteur de 80 %. En accordant sa première visite au Sénégal, à peine deux semaines après sa prise de fonction, le nouveau directeur général de l’Agence française de développement (AFD), Rémy Rioux, a montré l’intérêt de l’agence pour le pays. L’AFD devrait même aller au-delà des 608 millions d’euros prévus pour soutenir le PSE. Pour sa part, le financement de la Banque mondiale décaissé s’élève à plus de 693 millions d’euros, soit 91 % de ses engagements.

La stratégie du PSE repose sur trois axes fondamentaux : la transformation structurelle de l’économie et la création de richesse ; l’économie solidaire et le développement du capital humain et la gouvernance, la paix et la sécurité. Concrètement, la transformation de l’économie s’appuie sur la construction d’infrastructures et la réforme de certains secteurs (énergie, université, santé avec la couverture universelle). De la réussite des chantiers lancés où poursuivis par le PSE dépendra la réélection du président Macky Sall en 2017.

« Au départ, le PSE était beaucoup critiqué », reconnaît Abdou Aziz Tall, ministre auprès du président de la République chargé du suivi du PSE. « Il est en train d’être déroulé et de porter ses fruits », se félicite-t-il. À l’actif des réalisations, la première autoroute à péage du pays traverse Dakar pour filer vers le futur aéroport international de Blaise Diagne sur 50 km. Le Français Eiffage est à la réalisation, en partenariat avec l’État et l’appui des bailleurs de fonds, notamment l’AFD. « C’est la même approche que nous déroulons pour le projet de Train Express Régional (TER) », détaillait Macky Sall devant le Medef en juin dernier. Il a trouvé un appui auprès de Rémy Rioux, qui pousse aussi le projet de TER sur l’ancienne voie de chemin de fer qui desservait Dakar au début du XXe siècle. « Ce projet désengorgera la ville et s’inscrit dans le développement durable qui est désormais un de nos axes prioritaires d’intervention », précise-t-il au journal Le Soleil.

Le TER devrait justement desservir la nouvelle ville de Diamniadio, un pôle urbain en construction à 30 km de Dakar. La nouvelle ville, qui devrait accueillir 30 000 habitants, sera dotée d’un parc industriel, d’une cité du savoir (université, institut de formation professionnelle) mais surtout d’un Parc technologique numérique, dont l’objectif est de faire du Sénégal un centre d’excellence des technologies de l’information et de la communication. La Banque africaine de développement (BAD) met à la disposition du pays 70,6 millions d’euros pour l’édification de ce parc. L’entreprise française Atos, spécialisée dans les services informatiques, qui a inauguré fin juin son centre régional de services numériques pour l’Afrique de l’Ouest à Dakar, s’est déjà positionnée pour une installation à Diamniadio. Elle compte y construire une plateforme numérique qui devrait générer 1 000 emplois d’ici à trois ans. Parmi les autres projets d’infrastructures, on peut citer l’autoroute Aéroport-Thiès-Touba financée par la Chine et la réhabilitation de la ligne de chemin de fer Dakar-Bamako.

Point noir du Sénégal pendant des années, la crise de l’énergie a plombé la rentabilité des entreprises et provoqué l’exaspération des populations vivant au rythme des coupures électriques. Entre 2006 et 2011, au plus fort des difficultés de la Société nationale d’électricité (Senelec), les délestages faisaient perdre jusqu’à 2 points de croissance annuelle au pays, selon la Banque mondiale. Sous-capacité structurelle de la production et sous-investissement face à une demande exponentielle constituaient les principaux ferments de la crise. Un ambitieux programme d’investissements sur la base de partenariats public-privé pour accroître les capacités de production, mais aussi la distribution, a permis de sortir de l’ornière. Ainsi, les centrales à charbon de Kayar (350 MW) et de Sendou (125 MW), mais aussi celle de Tobène (fioul lourd et gaz, 70 MW) et de Contour Global au Cap des biches (86 MW après extension en septembre) ont renforcé l’offre. Enfin, la poursuite de la réforme de la Sénélec reste d’actualité, avec l’appui des bailleurs notamment la Banque mondiale et à la BAD.

À côté de ces grands chantiers, le PSE met aussi l’accent sur le développement des secteurs d’activité. Dans l’agriculture, le Sénégal cherche à atteindre l’autosuffisance en riz, oignon et pomme de terre et mise aussi sur le maraîchage et l’horticulture. La Banque mondiale a accordé récemment deux financements pour un montant de près de 36 millions d’euros pour soutenir la filière arachide et la restructuration-privatisation de l’huilerie Suneor. Le secteur de la santé avec le projet Dakar Médical City pour faire de Dakar un centre de soins de référence est aussi mis en avant devant les potentiels investisseurs.

La confiance des bailleurs de fonds et des investisseurs devrait être encore renforcée par les bons résultats économiques. « La bonne nouvelle, pour faire des affaires au Sénégal, c’est que les fondamentaux de l’économie sont solides », insistait Macky Sall devant le Medef. Le taux de croissance économique de 6,5 %, le plus élevé depuis 12 ans, devrait atteindre 6,6 % en 2016, l’inflation devrait se maintenir entre 1 et 2 % à moyen terme, selon le FMI. Devant ces résultats, Standard & Poor’s a maintenu en juin la note souveraine “B+/B” du Sénégal avec des perspectives stables. « Un niveau d’investissements soutenus et la stabilité politique sénégalaise », sous-tend cette note, explique S&P, qui souligne « les perspectives d’une croissance économique soutenue et une amélioration graduelle des indicateurs extérieurs et budgétaires du pays sur les 12 prochains mois ».

Les grands chantiers lancés dans le cadre du PSE dynamisent le secteur du BTP et l’ensemble de l’économie. L’agriculture, grâce à de bonnes conditions météorologiques et une hausse de la productivité, enregistre de bons résultats. La poursuite de la relance des industries de l’huile et du sucre, des cimenteries qui tournent à plein régime et le regain d’activité des industries chimiques et du raffinage portent la croissance du secteur secondaire alors que le tertiaire bénéficie toujours des bons résultats des télécommunications.

« Le Sénégal a enregistré de solides résultats macroéconomiques en 2015, mais le maintien de cette dynamique nécessite une mise en œuvre résolue des réformes, pour créer un environnement favorable aux PME et à l’IDE et leur permettre des activités de production compétitives à l’échelle internationale », prévient le FMI.

Sylvie Rantrua

Chiffres clés
Superficie : 197 000 km2
Population : 15 millions d’habitants en 2015 (1)
Croissance économique réelle : 4,6 % en 2015, 5,1 % estimation 2016 (1)
Echanges de marchandises en 2015 (2)
– Importations de biens : 4,715 milliards d’euros (+ 3,14 % sur 2014)
– Exportations de biens : 2,092 milliards d’euros (+ 7,97 % sur 2014)
– Parts de marché : France 17,87 %, Chine 10,04 %, Nigeria 8,68 %, Inde 5,64 %, Espagne 4,89 %.

Sources : (1) FMI ; (2) Global Trade Atlas (groupe IHS)

 

Le futur aéroport peine à décoller

« Le nouvel Aéroport international Blaise Diagne de Diass (AIBD) ouvrira ses portes dans huit mois avec en perspective un train express rapide », a annoncé fin juin à Kigali, le président Macky Sall lors du Forum économique mondial sur l’Afrique. En fait, le projet s’est enlisé, devenant un gouffre financier. Initialement, son ouverture était prévue pour… 2012 pour un budget de 348 millions d’euros. Il faudra donc attendre début 2017 pour assister à l’inauguration de ce nouvel aéroport et pour un investissement qui s’élève désormais à plus de 608 millions d’euros. Les travaux ont été suspendus plusieurs mois à cause de divergences financières entre l’État sénégalais et le constructeur saoudien Saudi Bin Laden Group. Finalement, une solution a pu être trouvée en avril dernier. Le chantier sera finalisé puis géré par le groupement turc Summa-Limak, maître d’œuvre de la construction. L’opérateur allemand Fraport qui était censé prendre en charge la gestion de l’AIBD a cédé sa place à Limak. C’était l’un des grands projets d’infrastructures lancés par l’ancien président Abdoulaye Wade.

Agriculture, mines et grands travaux

En voie d’achèvement, l’axe autoroutier Dakar-Diass va être complété par un pôle urbain à Diamniadio, avec centre de conférence, zone économique, parc immobilier, administrations et établissements publics. Mais le grand projet qui est aujourd’hui sur toutes les lèvres est la réhabilitation de la ligne ferroviaire Dakar-Bamako (1 286 km), confiée au chinois CRCCI, devant permettre de passer d’un trafic de 300 000 tonnes par an de marchandises à 3 ou 4 millions de tonnes.

Parmi les secteurs porteurs, figurent les mines et l’agriculture. La région du Fleuve Sénégal attire les investisseurs. Des industries agroalimentaires – huilerie d’arachide, raffinerie de sucre, fabrication de concentré de tomates – se sont développées et l’État voudrait créer un port céréalier à Kaolack, centre de transit de l’arachide le long du fleuve Saloum. Dans les mines, les principaux pôles sont concentrés autour des ressources aurifères du gisement de Sabodala dans le Sud oriental, du zircon et de l’ilménite sur la zone côtière au nord de Dakar, appelée Grande Côte, et des phosphates dans le nord, à la frontière avec la Mauritanie, dans la région de Matam. L’État souhaite aussi la réalisation d’un port minéralier à Bargny. À proximité de cette ville, au sud à Siendou, la Bad soutient la réalisation d’une centrale à charbon.

Pour voir la carte cliquer ici

François Pargny

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