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La Flandre investit dans la R&D et la logistique de pointe

Terre d’industrie et de services, forte de son port d’Anvers, la Région flamande, en Belgique, veut attirer de grands centres de recherche mondiaux dans l’industrie. D’où son investissement dans un éco-système de transport et de logistique de pointe, tourné vers l’Europe et l’international, et des projets de R&D publics à long terme dans la chimie durable, les biotechnologies et la nanoélectronique.

Logistique avancée, chimie durable, biotechnologies, nanotechnologies… La Flandre se présente comme une terre d’innovation. Elle est la région la plus riche de Belgique (voir Chiffres clésdans le sommaire), État fédéral qui en compte deux autres : Bruxelles Capitale (enclavée dans la Flandre) et Wallonie. Elle possède aussi le plus grand port national, Anvers, numéro deux européen derrière Rotterdam, avec un trafic en hausse de 5 % à plus de 187 millions de tonnes en 2011. Anvers est aussi leader du continent quant à sa superficie de stockage : 5,55 millions de m2 d’entrepôts couverts ! « Soit plus que Rotterdam, Hambourg et Le Havre ensemble », pointe Danny Deckers, consultant pour le grand port de la province d’Anvers. 

« Anvers est souvent présenté comme le premier port français », s’amuse Gilles Laurent, le vice-président de la Chambre française de commerce et d’industrie pour la Région flamande. Ce Français est aussi à la tête de Logikx Shipping, une société de courtage de fret maritime comptant de nombreux clients dans l’Hexagone. Sa PME sera ainsi présente du 27 au 30 mars, à Paris, à la Semaine internationale du transport et de la logistique (SITL), sur le pavillon Flandre, organisé par l’agence publique Flanders Investment & Trade (FIT).
 
À quelques jours du SITL, Gilles Laurent ne cachait pas que sa société avait souffert pendant la crise. « Mais nous avons su rebondir, affirme-t-il, en développant le commerce croisé entre pays tiers, notamment entre la Chine et la Jordanie, et au départ du Moyen-Orient vers l’Asie de l’Est, l’Amérique du Sud et l’Afrique. » Une activité « qui a été possible parce qu’Anvers abrite les bureaux de tous les grands armements mondiaux », ajoute le directeur général de Logikx, Dominique Mathern.

Situé au centre d’un corridor chimique se situant entre Ostende (côte ouest) et Tessenderlo (province du Limbourg), Anvers dispose aussi aujourd’hui du premier centre pétrochimique en Europe. Alors que la protection de l’environnement est devenue incontournable, la mission de recherche, de réflexion, « d’innovation » de l’Institut flamand de la logistique (VIL) est fondamentale pour guider ou appuyer le secteur privé dans une politique de « logistique avancée » et de « développement durable », explique, Liesbeth Geysels, directrice générale du VIL, dans un entretien exclusif (voir sommaire). Alex van Breedam était, pour sa part, directeur général du VIL entre 2003 et 2008, avant de participer à la création de la société Tri-Vizor. En 2011, cette « spin-off » de l’université d’Anvers, qui a développé ses propres outils informatiques et un nouveau modèle économique, a réalisé une première mondiale, avec la mise en commun des flux de marchandises vers l’Europe de l’Est des compagnies pharmaceutiques Baxter et UCB.

« La massification des flux dans un même camion permet à nos clients de réaliser des économies de l’ordre de 10 %, de réduire les émissions de gaz carbonique et la densité du trafic », expose Alex van Breedam, selon lequel « le plus difficile est de convaincre des entreprises, y compris concurrentes, que nous sommes un opérateur neutre, simplement intéressé par l’intérêt commun ». Pour vaincre la méfiance de ses clients, avant chaque opération, Tri-Vizor « donne un aperçu de la répartition des investissements et des gains attendus », précise l’ancien dirigeant du VIL. Ensuite, la PME anversoise se charge de l’ensemble des projets, de la prise de commandes à la facturation.
 
En 2003, le gouvernement flamand a décidé d’apporter son soutien financier à trois grands centres de recherche, dits stratégiques, Vito (Institut flamand pour la recherche technologique), VIB (Institut flamand de biotechnologie), Imec (Institut de microélectronique et composants), auxquels s’est ajouté en 2005 IBBT (Institut interdisciplinaire des technologies de la large bande passante). Plus encore, l’excédent budgétaire de la région étant supérieur aux prévisions, la ministre de l’Innovation, Ingrid Lieten, a annoncé à la mi-2011 un supplément de 65 millions d’euros apportés à la recherche et développement (R&D), dont 10 millions pour les quatre instituts.
 
La ministre a aussi promis que les investissements d’innovation seraient renforcés de 2012 à 2014. « Nous voulons développer le concept d’usine du futur. Il s’agit de transformer nos centres de production en systèmes flexibles, durables et à haute valeur ajoutée. Comme les investissements en matière de R&D sont devenus très lourds, nous proposons aux entreprises du monde entier de venir partager les résultats et les coûts de la recherche, en travaillant avec nos centres, nos ingénieurs et en bénéficiant des incitations financières que nous avons mises en place », détaille Marc Van Gastel, directeur Investissement de FIT.

« Aujourd’hui, sur un budget annuel de l’ordre de 100 millions d’euros, le VIB reçoit 44 millions du gouvernement flamand », indique son directeur général, Jo Bury. Au fil du temps, les biotechnologies sont devenues un secteur d’excellence et pas seulement dans la R&D publique. « Il y a cinq ans, la Flandre possédait 40 entreprises de biotechnologie. Elles sont maintenant 143 et la région est dans ce domaine la troisième en Europe, derrière la zone de Cambridge et la Medicon Valley au Danemark », rapporte Marc Van Gastel.
 
Pour les entreprises de biotechnologie, disposer de services logistiques performants est essentiel. Bioro et Syral sont ainsi deux spécialistes des biocarburants, qui vendent essentiellement en Belgique. Syral produit du bioéthanol, alcool concentré et déshydraté, dans son usine d’Alost située sur la rivière Dendre, ce qui permet de livrer facilement par barge, via l’Escaut, jusqu’au port d’Anvers. « Stocké sur place, ce carburant écologique est ensuite transporté jusqu’aux installations des clients, notamment les compagnies pétrolières », précise Ortwin Callewaert, directeur général de Syral Belgium.
 
« Bioro – joint-venture entre Biodiesel Holding, Vanden Avenne Izegem et Cargill – est le seul complexe de Belgique capable de mener l’ensemble du cycle de production de carburants biodiesel, depuis la matière première végétale jusqu’au produit raffiné, en un emplacement unique. En l’occurrence, il s’agit du cluster de biotechnologies du port de Gand, où notre maison mère triture la graine de colza, après en avoir confié le stockage au groupe Euro Silo. Une fois l’huile de colza raffinée par Bioro, l’éthanol est lui-même stocké par des spécialistes, comme Oiltanking ou Sea Tank Terminal, et ensuite acheminé par barge, camion ou train », explique Cesar Porroche, directeur général de Bioro.
 
Les centres de recherche stratégiques ont aussi développé des coopérations croisées. Bien que spécialisé dans la nanoélectronique, l’Imec s’est, par exemple, orienté vers la biotechnologie. « Avec l’Université catholique de Louvain – KUL et le VIB, nous travaillons sur le fonctionnement du cerveau. Le savoir-faire ainsi développé nous permet de comprendre les causes de maladies comme Alzheimer et Parkinson et de proposer des thérapies », explique Luc Van den hove, président de l’Imec.

Cet institut, basé à Louvain, a aussi installé avec l’institut néerlandais TNO le centre Holst, qui concentre ses recherches sur les systèmes de senseurs autonomes utilisés, par exemple, pour récupérer l’énergie produite par les vibrations et les chocs dans les pneus de voitures. Enfin, il collabore étroitement avec les leaders mondiaux de la nanoélectronique (Intel, Panasonic, Samsung, TSMC, etc.). 

Selon le président de l’Imec, « si les États et les entreprises coopèrent, l’Europe a les capacités d’être numéro un mondial ». Pour autant, affirme-t-il, « la recherche doit dépasser les frontières de notre continent ». Pour rester la meilleure. 

François Pargny, envoyé spécial en Flandre


Les atouts de la logistique de la Flandre


La Région flamande a créé le concept de « porte d’entrée vers l’intérieur des terres » (extended gateway, en anglais). Ainsi, outre les portes d’entrée traditionnelles que sont les grands ports ou l’aéroport de Bruxelles, elle a couvert le territoire de plateformes multimodales et de zones de services logistiques. Les zones les mieux dotées en infrastructures de communication sont dites prioritaires. Elles sont qualifiées de secondaires si un des moyens de communication fait défaut, une voie ferrée par exemple. Les moins bien desservies sont les zones dites « avec du potentiel ». 

En 2011, les deux plus grands ports, Anvers et Gand, ont affiché des niveaux de trafic de marchandises historiques, avec, respectivement, 187 millions et 50 millions de tonnes. Après une année record en 2010, Zeebrugge a légèrement reculé à 47,3 millions de tonnes.

Voir en bas de page en PDF la carte 
des atouts logistiques de la Région flamande

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