fbpx

Guide business Maroc 2014

Pays en développement, le Maroc entend devenir un pays émergent. Infrastructures, stratégie industrielle, expansion vers l’Afrique subsaharienne, le pays se donne les moyens de ses ambitions. Insensible aux révolutions arabes, il reste une terre fertile pour les investisseurs étrangers qu’il s’efforce de mettre en concurrence.

Le Maroc rêve d’appartenir aux BRICS. Pourquoi pas BRICS-M, d’ailleurs ? Pour y parvenir, l’État s’est notamment lancé dans une vaste politique d’investissements dans les infrastructures. Des autoroutes ont été construites pour connecter aujourd’hui toutes les grandes villes du Maroc. La rocade méditerranéenne reliant Tanger à Saïdia, près d’Oujda, à la frontière algérienne, a été achevée l’an dernier. À Tanger, en 2007, le Royaume a finalisé Tanger Med, devenu le premier grand port marocain, et l’un des premiers ouvrages du continent, capable de concurrencer le port espagnol d’Algésiras. Les deux premières villes du pays – la capitale administrative, Rabat, et la métropole économique, Casablanca – se sont dotées d’un tramway acheté à Altsom.

Le prochain grand projet structurant du Maroc, très décrié au niveau national, est la construction par Alstom d’une ligne de train à grande vitesse entre Tanger et Casablanca pour un investissement de 1,79 milliard d’euros. La construction de 7 viaducs et 8 sections de terrassement touche à sa fin, annonce l’Office national des chemins de fer. Sa mise en service n’interviendra pas avant décembre 2015. En matière de ligne à grande vitesse, l’État n’entend pas s’arrêter là : il prévoit également de relier les autres grandes villes du Maroc à Casablanca.

Tous ces investissements soutiennent le développement économique du pays, en particulier dans les grandes villes, mais ne permettent pas une croissance économique suffisamment élevée pour intégrer tous les jeunes qui arrivent sur le marché du travail chaque année. Le Royaume conserve ainsi un taux de sous-emploi important qui crée des tensions sociales. « Il y a beaucoup de grèves ces derniers temps. Les revendications sociales sont assez fortes », rapporte Jean Christophe Batlle, directeur adjoint région Méditerranée et Afrique de Coface.

La contestation sociale n’est pas parvenue à entamer la stabilité politique. Et ce malgré la tourmente des révolutions arabes. Les manifestations d’opposition du 20 février ont été désamorcées par l’établissement d’une nouvelle Constitution, plus démocratique en apparence et permettant au roi de conserver l’essentiel des pouvoirs. « Depuis les printemps arabes, le Maroc reste stable ; la royauté ressort confortée. Le pays bénéficie même d’un report d’investissements depuis la Tunisie », affirme Jean Christophe Batlle.

Le pouvoir marocain encourage vigoureusement les investissements étrangers. Il a ainsi créé, par dahir (décret royal), en 1995, plusieurs zones franches d’exportation à Tanger, Dakhla, Laayoune, Kebdana, Nador et Kenitra. Depuis 2005, dans le cadre du Plan Emergence, les gouvernements marocains ont encouragé les investissements, avec plus ou moins de succès, dans six secteurs prioritaires de l’économie appelés les « métiers mondiaux du Maroc » : aéronautique, offshoring, agroalimentaire, textile, électronique et automobile. Quel que soit son succès, « cette politique stratégique de planification offre une visibilité pour les différents acteurs économiques », estime Khalid Idrissi Kaitouni, directeur de l’appui aux investisseurs et à la création d’entreprises à la Chambre française de commerce et d’industrie du Maroc.

Si l’agroalimentaire et le textile sont très loin de remplir les objectifs qui leur ont été fixés, le secteur de l’automobile est tiré par l’implantation de Renault à Tanger, et le développement du secteur aéronautique est réel. De nul, le nombre d’équipementiers aéronautiques installés au Maroc, principalement français, est passé à près d’une centaine. Le géant canadien Bombardier devrait enfin entrer dans son usine définitive dans les premiers mois de 2014. Le Maroc a joué de l’un de ses grands atouts pour attirer les entreprises étrangères : sa proximité avec l’Europe pour de bas coût de main-d’œuvre. « Beaucoup d’entreprises se sont installées au Maroc sur un mode défensif, c’est-à-dire pour répondre à des exigences de baisse des prix venus de leurs clients comme ça a particulièrement été le cas dans l’aéronautique. Ensuite, elles ont découvert des opportunités très intéressantes sur le marché national et régional et ont véritablement intégré leurs usines au Maroc à leur stratégie globale », a constaté Laurent Weill, président de l’association Travailler en Méditerranée. Pour lui, « le Maroc n’est plus un pays low cost, ses coûts sont appelés à augmenter avec les salaires ». Jean-Christophe Batlle estime, toutefois, qu’ils devraient encore rester stables 5 à 6 ans.

L’État améliore également l’environnement des affaires. « Du point de vue réglementaire, le Maroc est le seul pays du Maghreb à ne pas exiger d’un investisseur étranger qu’il s’associe avec l’un de ses nationaux pour s’implanter. En Algérie, le capital d’une société doit être détenu à 51 % par un Algérien », rappelle Khalid Idrissi Kaitouni. Les dividendes peuvent également être rapatriés sans problème moyennant une retenue à la source de 10 %. Le temps de création d’une entreprise lié aux formalités administratives a été réduit. Une avancée notable qui a valu au Maroc de gagner 8 places dans le classement Doing Business 2014 de l’environnement des affaires. Le Royaume se place à la 87e place sur 189 pays. La formation du nouveau gouvernement, en octobre, lance un signal positif aux entrepreneurs, selon Jean-Christophe Batlle. « Le portefeuille du ministère de l’Industrie, du Commerce, de l’Investissement et de l’Économie numérique a été donné à Moulay Hafid El Alamy, fondateur du groupe Saham (dans lequel vient d’entrer le français Wendel), venu du secteur de l’assurance et proche du monde de l’entreprise », rappelle-t-il. De fait, ce ministre a également présidé le patronat CGEM (Confédération générale des entreprises du Maroc). Par sa proximité historique et linguistique, le Royaume forme souvent un débouché naturel pour les entreprises françaises. « Il y a une très grande similitude entre le droit des affaires marocain et français. Un investisseur français ne sera pas dépaysé ici », ajoute Khalid Idrissi Kaitouni.

Pour autant les Français ne sont plus seuls à s’intéresser de près au Royaume chérifien. La crise économique a renforcé ce phénomène. « Les entreprises françaises se voient concurrencées par les entreprises espagnoles et portugaises qui s’implantent notamment au nord du pays », explique Laurent Weill. En 2012, la France a même perdu sa place de premier fournisseur du Maroc.

La concurrence vient des pays du Golfe

La concurrence vient également des pays du Golfe. En 2011, les IDE au Maroc, en provenance de la région ont augmenté de 51 %, quand ceux de la France, pourtant premier investisseur au Maroc, baissaient de 58,5 %, selon le rapport économique et financier du ministère marocain des Finances. « Aujourd’hui pour le Maroc envoie un message à l’Europe sur les IDE : soit c’est vous, soit c’est le Moyen Orient », résume Laurent Weil. 
Emiratis et Européens voient dans le Maroc la porte ouverte de l’Afrique. « Le Maroc offre la possibilité d’une stratégie nord sud en facilitant les exportations vers l’Afrique subsaharienne », précise Laurent Weill. « Il y a un mouvement descendant des investissements de l’Europe vers l’Afrique via le Maroc », atteste Jean-Christophe Batlle. « Lorsque l’on investit au Maroc, on ne touche pas un marché de 32 millions d’habitants, mais d’un milliard de consommateurs grâce aux nombreux accords de libre-échange signés par le royaume », conclut Hamid Benlafdil, président du Conseil régional d’investissement (CRI) de Casablanca.

Par Julie Chaudier, à Casablanca

 

Prochain défi : la réforme de la Caisse de compensation

Le ministre de l’Économie et des finances marocain, Mohamed Boussaïd, doit mener une réforme extrêmement délicate : celle de la Caisse de compensation, dont les produits pétroliers, qui a grevé le budget de l’État de 55 milliards de dirhams en 2012. Pour continuer à bénéficier de la ligne de précaution de 6 milliards de dollars ouverte par le FMI, le Maroc doit réformer ce système de subvention aux produits de première nécessité.

 

Chiffres-clés (2012, sauf *prévisions 2013)
Superficie : 710 850 km²
Population : 33 millions habitants 
Produit Intérieur Brut (PIB) : 75,3 milliards d’euros
PIB/habitant : 2 309 euros
Croissance économique* : 4,4 %
Inflation* : 2,2 %

Source : Service économique régional à Rabat

Dernière édition

Bienvenue !

Connectez-vous

Créer un compte

Merci de compléter le formulaire

Réinitialisez votre mot de passe

Veuillez saisir votre nom d'utilisateur ou votre adresse e-mail pour réinitialiser votre mot de passe.