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Inde, de nouvelles opportunités d’affaires

L’Inde ne fait pas fréquemment la une de la presse économique française. La perspective du premier grand contrat export pour le Rafale de Dassault Aviation a propulsé ce pays sur le devant de la scène médiatique française fin janvier. Et c’est heureux, même si les négociations exclusives entre l’avionneur et le gouvernement indien pour ce contrat portant sur 126 appareils vont probablement se prolonger pendant plusieurs mois.

Il est vrai que l’Inde mène son développement à un rythme qui est loin de la frénésie chinoise. Son poids démographique et territorial, le fait qu’elle soit la plus grande démocratie du monde, sa puissance économique, politique et militaire dans la région l’autorisent à s’ouvrir à son rythme, souvent jugé trop lent par les Occidentaux, avec des besoins immenses à couvrir mais où l’apport des investissements étrangers n’est pas déterminant. 

Du reste, dans le rapport « Doing Business 2012 » de la Banque mondiale, l’Inde est classée 132e sur 183 pays pour la facilité à y faire des affaires. Les points noirs sont, par ordre décroissant d’importance : le respect des contrats, l’obtention des permis de construire, le démarrage d’une entreprise, le paiement des impôts, la résolution des conflits, les documents nécessaires pour exporter hors de l’Inde et l’obtention d’une ligne électrique. Des points positifs toutefois : l’obtention de crédit, la protection des investisseurs, l’enregistrement d’une propriété et la possibilité pour les entreprises de régler leurs taxes par paiement électronique.
 
Ce géant d’avenir n’en suscite pas moins un intérêt massif. En premier lieu ses grands pôles urbains et industriels. Ainsi, l’enquête annuelle menée par Ernst & Young sur la compétitivité de l’Inde, rendue publique au début de 2012, confirme que les cinq grandes villes indiennes – New Delhi, Mumbai, Pune, Bangalore, et Chennai – attirent toujours le quart (26 %) des investissements étrangers en valeur, et 43 % des projets. Mais il existe des différences entre ces villes. Visiblement, New Delhi (mais on ignore si la ville satellite de Noida est prise en compte) attire moins qu’avant (-44 % pour la valeur des IDE), tout comme Bangalore (-6 %). En revanche, Pune, qui dispose d’espaces et d’un climat plus agréable que sur la côte, attire de plus en plus (+32 % en valeur pour les IDE), tout comme Chennai (+58 %), qui fait figure d’alternative au tandem New Delhi-Mumbai. Le plus étonnant est l’attirance de Mumbai (+205 %), qui fait toujours figure de porte d’entrée de l’Inde, mais où l’immobilier est très cher et où la circulation est particulièrement chaotique.
 
Néanmoins, selon l’étude d’Ernst & Young, les deux principaux points noirs restent les infrastructures (transport-logistique et accès à l’énergie), ainsi que le climat des affaires (voir tableau en bas de page en PDF). Il faut dire que, au cours de l’année passée, les décisions contradictoires des autorités fédérales ont conforté le sentiment, dans les milieux d’affaires étrangers, que les investissements étrangers ne sont pas toujours les bienvenus.
 
Parmi les réformes jugées plutôt positivement, citons en premier lieu, au niveau juridique, la création en mai 2011 d’un nouveau type de société, appelée « Limited Liability Partnership » (LLP), qui est une avancée puisqu’elle est à la fois une société et un partenariat. Cette nouvelle entité présente plusieurs avantages : des coûts de conformité réglementaire plus faibles, une plus grande flexibilité dans les opérations, un meilleur contrôle sur la gestion et une responsabilité limitée des associés.
 
Autre décision à première vue favorable, entrée en vigueur le 15 janvier 2012 : la possibilité pour les investisseurs étrangers d’acheter des actions sur les marchés primaires et secondaires des bourses indiennes, notamment celle de Mumbai, la principale du pays. 

Enfin, l’Inde a effectué une ouverture à l’importation des produits frais. Depuis octobre 2011, les produits alimentaires à durée de fraîcheur inférieure à sept jours peuvent franchir les contrôles douaniers en se passant des résultats des contrôles de conformité aux réglementations indiennes qui étaient auparavant effectués en laboratoire. De même, la Food Safety and Standards Authority of India (FSSAI) accepte désormais l’échantillon fourni par le fabricant si celui-ci assure qu’il est conforme aux produits qui seront expédiés en Inde.
 
À l’inverse, des revirements ont été plutôt jugés négativement. Le premier d’entre eux concerne l’ouverture mesurée de la grande distribution indienne aux groupes étrangers, annoncée le 25 novembre 2011, suivie dix jours plus tard de l’abandon de la mesure. 

L’ouverture consentie dans le projet initial était pourtant assortie de grosses contraintes. Mais, sous la pression des 12 millions de kiranas (petits commerces de proximité), et de petits partis alliés à celui du Congrès, le gouvernement central a renoncé à cette ouverture.

Autre déception : le projet d’accord de libre-échange entre l’Inde et l’Union européenne, en négociation depuis 2007, ne semble pas promis à une mise en application prochaine. Côté indien, on souhaite une plus large ouverture européenne à la main-d’œuvre qualifiée indienne. Côté européen, on attend une baisse des tarifs douaniers à l’importation sur certains produits (véhicules, vins et spiritueux, produits laitiers, etc.) et une ouverture du marché indien aux services juridiques, bancaires et financiers européens. Mais ces revirements ne doivent pas occulter que le train de l’Inde est en marche. Il est temps de le prendre, à condition de bien s’y préparer.

Jean-François Tournoud


La production attire 42 % des IDE

La Reserve Bank of India (pour qui l’année calendaire va d’avril à mars de l’année suivante) a publié récemment les chiffres du premier semestre (avril 2011 à septembre 2011). Selon elle, les investissements directs étrangers (IDE) se sont élevés à 20,6 milliards de dollars, soit une nette embellie par rapport à la même période de 2010 (14,2 milliards). Par secteur, les investissements étrangers sont allés à la production (42,7 %), aux services financiers (12 %), aux communications (8,8 %), ainsi qu’à égalité (à hauteur de 7 %) au conseil, à l’électricité et à la construction. Par pays d’origine, l’île Maurice arrive en tête (36,4 %) car, avec l’accord de non-double imposition entre l’île et l’Inde, les investisseurs indiens utilisent Maurice pour investir dans leur pays, le système de taxation mauricien étant plus favorable. Viennent ensuite le Royaume-Uni (16,6 %), Singapour (14,4 %), le Japon (10,6 %), les Pays-Bas (5 %), et la France (2,51 % – 100 millions de dollars). 

J.-F. T.


Chiffres clés

Population : 1,23 milliard d’habitants (2011) 

Superficie : 3 287 263 km2

Croissance du PIB : 8,24 % (2011) ; 10,3 % (2010) ; perspectives de croissance 2012 : 6,9 %
 
Revenu national par habitant : 1 330 dollars US (2010)

Importations : 264 milliards d’euros (2010 – + 43 % par rapport à 2009)

Exportations : 168 milliards d’euros (2010 – + 42 % par rapport à 2009)

Principaux partenaires commerciaux : Émirats Arabes Unis (13 %), États-Unis (10,5 %), Chine (7,8 %), Hong Kong (4,3 %), Singapour (4,09 %)

Classement à l’indice de perception de la corruption (IPC) de Transparency International
 : 95e sur 182 pays (2011)

Distances :
• Paris-New Delhi : 9 745 km
• New Delhi-Mumbai : 1 400 km
• New Delhi-Bangaluru : 2 076 km

Sources : FMI, Banque mondiale, GTA GTIS, Indiastat.

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