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Côte d’Ivoire, Guide business 2013

Grâce au soutien massif des bailleurs de fonds, les grands projets du Plan national de développement pourront être lancés dès 2014, le temps que les appels d’offres pour les études et les travaux soient lancés. Mais d’ores déjà l’économie très diversifiée de la Côte d’Ivoire a des besoins multiples pour se relancer et se moderniser. Démonstration.

Pendant trois jours, du 8 au 10 avril, Ubifrance organisera à Abidjan une mission de découverte du marché ivoirien, centré sur le Plan national de développement (PND). D’un montant global de 17 milliards d’euros, le PND est le programme de reconstruction et de développement de la Côte d’Ivoire, décliné par grandes priorités sectorielles (voir encadré). Une feuille de route de 114 projets, qui va permettre « aux bailleurs de fonds, qui ont tous leurs propres axes de développement, d’orienter leurs engagements », explique Anne-Lise Rêve, chargée de mission au bureau de l’Agence française de développement (AFD) à Abidjan. 

Près de six mois après le premier forum franco-ivoirien depuis la crise postélectorale de 2010-2011, qui a attiré 126 PME du 14 au 17 octobre 2012, ce seront ainsi 15 nouvelles entreprises (20 participants au total) qui bénéficieront de six à huit rendez-vous individuels. À cette occasion, elles pourront aussi s’entretenir avec les représentants des bailleurs de fonds, lesquels ont apporté un soutien massif au gouvernement de Daniel Kablan Duncan lors du groupe consultatif de financement du PND. En effet, à l’issue de cette réunion, qui s’est tenue les 4 et 5 décembre derniers à Paris, les différents donateurs, Banque mondiale en tête (2 milliards à elle seule), ont promis de dégager la somme de 8,6 milliards dollars au lieu des 4 milliards escomptés avant le rendez-vous parisien. 

Une générosité qui n’étonne pas vraiment Wayne Camard, le représentant résident du Fonds monétaire international (FMI). « La situation reste un peu sensible, expose-t-il au Moci, et les bailleurs de fonds pensent qu’il faut faire le maximum pour avoir un maximum de retombées, alors que la stabilité politique n’est pas encore totale et le contexte régional un peu délicat, surtout maintenant avec la guerre au Mali ». De son côté, en visite à Abidjan en tout début d’année, la directrice générale du FMI, Christine Lagarde n’a pas manqué de rappeler que si la patrie du président Alassane Ouattara peut se targuer d’un « taux de croissance impressionnant de 8,5 % en 2012 », après « une contraction de près de 5 % en 2011 », le revenu par habitant « est la moitié de ce qu’il était il y a trois décennies » et « près de la moitié de la population vit en dessous du seuil de pauvreté ». 
Pendant la réunion du groupe consultatif à Paris, Hélène Conway, ministre française chargée des Français de l’étranger, a rappelé que la France, premier exportateur hors hydrocarbures en Côte d’Ivoire (lire article pages suivantes), a annulé pour 3,8 milliards d’euros de créances sur ce pays, une somme de 2,9 milliards étant réservée à divers contrats de désendettement et de développement (CDD), dont le premier de 630 millions signé pour financer surtout des projets sectoriels (lire le détail pages suivantes) durant la période 2012- 2015. 

Lors du conseil d’Administration de l’AFD, à la mi-décembre 2012, le volet éducation du CDD, d’un montant de 93 millions d’euros, un projet de planification familiale de 7 millions, une aide budgétaire de 25 millions, ayant servi notamment au règlement d’arriérés intérieurs, et une enveloppe de 19,1 millions pour des études et la préparation du prochain CDD en 2016 en particulier ont été approuvés. « De façon générale, les bailleurs de fonds à l’heure actuelle sont dans la phase du lancement d’études », commente Wayne Camard. Des propos confirmés par Gérald Collange, le directeur du bureau de l’AFD à Abidjan, qui estime que « le temps que les appels d’offres sur les études, puis sur les travaux et réalisations aient trouvé preneurs, il faudra attendre 2014 pour le début des premiers travaux ». Cette période de transition ne signifie pas une absence totale d’investissements. Air France a ainsi annoncé son intention de desservir Abidjan dix fois par semaine depuis Roissy à partir du 15 avril prochain. La compagnie française est aussi actionnaire minoritaire d’Air Côte d’Ivoire, qui vient de décider d’ouvrir également des lignes intérieures. Quant à Corsair, ce transporteur a indiqué début mars qu’il assurerait à l’avenir trois vols par semaine entre Orly et Abidjan. 

« Quand on parle de la Côte d’Ivoire, il ne faut jamais oublier qu’il s’agit d’une économie déjà très diversifiée et qui se modernise », commente Gilles Della Guardia, directeur Afrique de l’Ouest d’Ubifrance. « Tous les jours, insiste-t-il, nous rencontrons des professionnels français qui réussissent quel que soit le secteur. Il peut s’agir de vendeurs d’équipement pour l’agriculture comme de logiciels pour les banques ». 

En outre, la conjoncture serait particulièrement favorable dans les mines et les hydrocarbures, des sociétés ayant lancé de nouvelles prospections et de nouveaux permis et de nouvelles autorisations ayant été délivrés. « Fini la période entre chien et loup que nous avons connue entre juin 2012 et fin 2012 ! Depuis trois mois, l’évolution est réelle, les chantiers démarrent », constate Jean-Luc Ruelle, senior partner chez KPMG Côte d’Ivoire, qui cite notamment le troisième pont d’Abidjan, un des grands projets emblématiques du groupe Bouygues dans les années quatre-vingt-dix, enfin en construction entre la Riviera Golf et Marcory. 

Un hôpital serait aussi réhabilité dans la capitale économique sous forme de partenariat public-privé (PPP). Et, après la rénovation de l’université de Cocody puis des autres établissements d’Abidjan, les travaux vont être étendus à la province. Dans l’énergie, le projet sino-ivoirien de la centrale électrique de Soubré est lancé depuis moins d’un mois. D’autres projets sortent des tiroirs, comme le train urbain d’Abidjan, « un dossier bien ficelé » selon Jean-Luc Ruelle, qui intéresse Systra, Bouygues et Alstom. 

À Paris, Daniel Kablan Duncan a rappelé que la Côte d’Ivoire souhaite que 60 % du PND, soit 10,64 milliards de dollars, soient financés par le secteur privé. Pragmatique, le Premier ministre a insisté sur l’expérience de son pays en matière de PPP, BOO (Build Operate Own) et BOT (Build Operate Transfert). Et de citer des projets réalisés comme le troisième pont d’Abidjan pour un montant de 350 millions de dollars, et des opérations « en voie de finalisation », comme la réhabilitation et le développement du réseau électrique pour un montant de 818 millions de dollars. 

« Le gouvernement a aussi pris conscience du mauvais classement de la Côte d’Ivoire dans le rapport Doing Business de la Banque mondiale. Il veut corriger le tir », assure Jean-Luc Ruelle. Depuis quelques mois, un nouveau Code d’investissement est appliqué. Une entreprise doit ainsi pouvoir disposer de son agrément au bout de 21 jours et le Centre de promotion de l’investissement en Côte d’Ivoire (Cepici) s’est doté d’un guichet de facilitation pour la création d’entreprises. Le délai requis ne doit pas dépasser 48 heures.
 
François Pargny


Chiffres clés

Superficie : 322 463 km² 
Population : 22 millions
Population active : 51,8 % 
Taux d’alphabétisation : 43,4 % 
Taux d’inflation : + 4,9 % (estimation 2011) (prévision 2012 : + 3,6 %)
PIB par habitant (2010) : 784 euros
Taux de croissance : + 8,5 % en 2012, + 6 à + 7 % attendus en 2013 et 2014. 

Sources : Cepici, OCDE, FMI

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