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Trois questions à Réda El Baki, directeur général de la chambre de commerce et d’industrie algéro-française (CCIAF)

Le Moci. Les relations étaient au beau fixe entre Paris et Alger en 2011. Qu’en est-il en 2012, année du 50e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie ?

Réda El Baki. Nous ne sommes plus dans une situation de tension. La mission de Jean-Pierre Raffarin, qui s’est déplacé en 2011 à plusieurs reprises à Alger pour faire avancer des grands projets d’investissement, a beaucoup fait pour le rapprochement entre les deux capitales. 

Et de fait, depuis 2011, les relations sont apaisées. En revanche, les échéances politiques dans les deux pays – élections présidentielles en France le 22 avril et 6 mai, élections législatives en Algérie le 10 mai – ont relégué – et c’est normal – les relations économiques au second plan. Il faudra attendre l’issue de ces échéances pour poursuivre cette logique de partenariat et faire aboutir les grands projets d’investissements.

Le Moci. La règle 51/49, qui oblige les étrangers à céder la majorité d’un projet d’investissement à des intérêts algériens, fait toujours beaucoup couler d’encre en France. Qu’en pense le secteur privé algérien ? 

Réda El Baki. En Algérie, une réflexion est lancée dans le tissu économique. Le Forum des chefs d’entreprises (FCE), en particulier, est assez critique vis-à-vis de la politique économique du gouvernement. Lors d’un symposium, le FCE a dévoilé 50 propositions pour une croissance économique de 8 à 10 %, dont la révision de la règle 51/49 qui ne devrait, selon lui, être appliquée qu’à des secteurs stratégiques, comme l’énergie, les hydrocarbures ou l’eau. 

En fait, la règle du 51/49 existe dans de nombreux pays. Ce n’est pas un problème majeur. Les entreprises s’y adaptent, si elles le veulent. En revanche, les difficultés administratives du quotidien, la mauvaise application des textes et la lenteur des décisions, surtout au niveau local, sont des obstacles réels, en particulier pour des PME.

Le Moci. Les entreprises se plaignent aussi des changements de législation, parfois nombreux comme dans les marchés publics ? Que faut-il en penser ?


Réda El Baki. Il y a des changements, parce que les Algériens adaptent leurs réglementations à la réalité des affaires. Alors, c’est vrai que des entreprises françaises peuvent être perturbées, mais il ne faut jamais oublier que les potentialités du marché sont considérables. En outre, les réserves financières sont telles que le financement n’est pas un problème. Enfin, la concurrence en Algérie est encore relativement faible, même si les compétiteurs chinois ou turcs ont renforcé leur présence. Pour des entreprises françaises, en temps de crise, aborder ou se renforcer sur le marché algérien peut donc être l’occasion de retrouver un second souffle à l’international.
 
Certes, des PME vont ressentir plus que les grandes entreprises les changements de législation et de réglementation Mais les opportunités sont là. Notre chambre de commerce et d’industrie vient ainsi de recevoir une cinquantaine de grosses PME, spécialistes des mines et carrières, engagées depuis un à deux ans sur le terrain. Elles commencent à nouer des contacts sérieux et pour certaines des contrats portant sur plusieurs millions d’euros sont conclus. Le montant du plan national de relance économique est énorme, de l’ordre de 286 milliards de dollars. Les entreprises publiques disposent donc de plans de charge très importants. Certes, elles accusent parfois des retards de paiement, mais une entreprise française est sûre d’être payée. 

Propos recueillis par F. P.

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