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Algérie : l’enjeu des investissements étrangers

Cinquante ans après l’indépendance de l’Algérie, 2012 aurait pu être une année difficile pour l’image et les intérêts de la France dans son ancienne colonie. Cette crainte s’est vite révélée injustifiée. En Algérie comme en France, la classe politique est davantage tournée vers ses échéances politiques : avec, dans l’Hexagone, les élections présidentielles et législatives, et, de l’autre côté de la Méditerranée, les législatives du 10 mai. 

En Algérie, le pouvoir est concentré entre les mains du chef de l’État et la nouvelle assemblée des députés, à deux ans du prochain scrutin présidentiel, aura surtout comme mission dans les mois à venir de proposer quelques modifications à la Constitution (peut-être la limitation du nombre de mandats présidentiels et la responsabilité du Premier ministre devant les députés). 

« 2011 a été une bonne année pour les relations bilatérales », confirme Françoise Meley, chef du Service économique régional (SER) à l’ambassade de France en Algérie. Certes, quelques grands dossiers d’investissement (Lafarge, Renault, Total) restent en suspens, « mais ils avancent. Et s’ils n’ont pas encore débouché, c’est pour des raisons techniques, de stratégie et du fait de l’importance des fonds à engager, et certainement pas pour des considérations politiques », assure la responsable du SER. 

Les relations au beau fixe entre Paris et Alger sont de bon augure à moins d’une semaine de l’ouverture de la Foire internationale d’Alger (voir plus loin). La France y est traditionnellement bien représentée. Ses entreprises ne se contentent pas de commercer en Algérie, elles y investissent. Or, jusqu’en 2009, date de l’établissement de règles plus contraignantes en matière d’investissements, les IDE (investissements directs étrangers) étaient particulièrement faibles. La nécessité ne s’en faisait pas sentir, en raison de l’importance des recettes pétrolières et gazières. 

Faute d’avoir développé son secteur privé, l’Algérie doit aujourd’hui compter sur les IDE pour acquérir de nouveaux savoir-faire, des technologies récentes, pour moderniser et diversifier son économie. Les groupes se sont facilement adaptés aux nouvelles règles, comme le crédit documentaire obligatoire dans le paiement des importations ou le « 51/49 », qui oblige tout investisseur étranger à céder la majorité d’un nouveau projet à un ou des partenaire(s) algérien(s). Ces contraintes dissuadent plus facilement les PME, à l’exception des entreprises individuelles ou dirigées par des binationaux. Dans la pratique, on s’aperçoit que les entreprises trouvent les ajustements indispensables dans des secteurs importants comme les hydrocarbures ou faisant l’objet de contrats publics juteux. Aujourd’hui, « la règle du 51/49 n’est pas un problème majeur », affirme Réda El Baki, directeur général de la Chambre de Commerce et d’Industrie algéro-française (CCIAF), dans un entretien exclusif accordé au Moci (voir suite du guide). « Ce qui compte, c’est le choix du bon partenaire local », renchérit Younes Merad, directeur général de WorldXport Consulting, un spécialiste français de l’accompagnement d’entreprises sur les marchés extérieurs.« Face à la concurrence turque ou chinoise, ajoute-t-il, il faut imposer sa qualité, son organisation. »
 
C’est ainsi que les PME de l’Hexagone pourront toucher les meilleurs professionnels en Algérie. « Ces derniers étant eux-mêmes à la recherche de produits français ou allemands, les entrepreneurs français doivent cibler en priorité les hommes d’affaires algériens exerçant leur métier depuis longtemps et disposant d’un bon réseau de distribution et d’un bon service après-vente », conseille Younes Merad. Parmi les « Cinquante propositions pour un nouveau pacte de croissance économique », présentées par le Forum des chefs d’entreprise (FCE) avant les élections législatives, l’organisation patronale recommande « d’abandonner la règle des 51/49 appliquée systématiquement » et de la réserver à des secteurs stratégiques (énergie, eau, assurances, TIC, etc.). Cette proposition a peu de chance d’être adoptée par le gouvernement, dont le 51/49 est une disposition phare en matière de politique économique, tout comme, par exemple, l’instauration du week-end universel pour remplacer le congé actuel de fin de semaine : vendredi et samedi. Le Premier ministre Ahmed Ouyahia, qui a participé aux débats du FCE, a indiqué, par la suite, qu’il soutenait 25 des 50 propositions. Mais sans préciser lesquelles.
 
Force est de constater que si tous les acteurs politiques et économiques s’accordent sur la nécessité de sortir l’économie de sa dépendance aux hydrocarbures, on en reste au niveau des discours. Le gouvernement parle de la nécessité de lutter contre la corruption et l’économie informelle, mais le secteur privé peine toujours à se développer. 

Le FCE est l’organisation patronale qui monte en puissance en Algérie. Représentant le secteur privé et souvent critique à l’encontre de l’État, il émet des propositions qui sont régulièrement reprises et commentées dans les médias. En outre, depuis l’an dernier, le FCE figure dans la Tripartite qui associe aux réunions d’informations annuelles organisées par le gouvernement l’État, les syndicats et l’ensemble des organisations patronales : Confédération algérienne du patronat (CPA), Confédération nationale du patronat algérien (CNPA), etc.
Pour les marchés publics, l’État impose déjà une préférence nationale de 25 %. Mais le FCE souhaiterait aussi que les petits contrats soient réservés aux nationaux (par exemple, en dessous de 2,1 millions d’euros pour les travaux). Le plan d’investissements publics 2010-2014 comprend une partie d’anciens projets (pour 156 milliards de dollars sur un total de 286 milliards). « L’État a du mal à engager et à consommer ses fonds, faute de compétences humaines », observe, un peu dépité, un opérateur économique. 

Par ailleurs, les agents publics hésitent à prendre certaines décisions. « En cas d’erreur, même de bonne foi, leurs actes relèvent du Code pénal et, par conséquent, l’administration est paralysée », relève un professionnel. Une paralysie dont les autorités seraient conscientes. 

Enquête coordonnée par François Pargny avec Anis Allik, Younes Khalfa et Samia Bel


La Foire d’Alger, incontournable pour tester les biens de consommation


La 45e édition de la Foire internationale d’Alger (FIA) se déroulera du 30 mai au 5 juin au Palais des expositions d’Alger. Comme les années précédentes, la chambre de commerce et d’industrie de Paris (CCIP), qui dispose d’un bureau dans la capitale algérienne, et la chambre de commerce pour le développement des entreprises françaises en Algérie (CCDEFA), correspondant en France de la Chambre de Commerce et d’Industrie algéro-française (CCIAF), organiseront le pavillon France.

« Comme l’an dernier, nous espérons réunir entre 70 et 80 sociétés, dont pour une partie au moins ce sera la première immersion en Algérie », souligne Roger Bacri, responsable Afrique du Nord, Proche et Moyen-Orient à la CCIP. « La foire est très utile pour la PME dont le produit est destiné au grand public, car il s’agit du seul événement en Algérie où il va pouvoir être présenté dans un délai court – six jours – à plus de 200 000 consommateurs potentiels. C’est donc l’occasion rêvée pour tester son offre », explique Réda El Baki, directeur général de la CCIAF. 

L’an dernier, la FIA a rassemblé 1 035 exposants, dont 565 étrangers représentant 33 pays. Cette année, ses 65 000 m² de superficie seront répartis selon quatre pôles sectoriels : nouvelles technologies, logistique-infrastructures-équipement urbain, équipement de la maison et bien-être-forme-beauté. « Si la PME du secteur de la maison ou de l’outillage a tout intérêt à être présente, c’est aussi le cas de certaines grosses entreprises, comme Axa qui se lance sur le marché algérien », explique encore Réda El Baki. 

Enfin, la Foire peut aussi être le lieu où trouver un distributeur ou un partenaire de qualité. À l’occasion du 50e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie, à côté du pavillon France, un espace Partenariat d’une surface de 200 m2 accueillera une quinzaine d’entreprises françaises implantées en Algérie, soit à 100 %, soit en partenariat.

F. P.


Chiffres clés


Superficie : 2,5 millions de km²

Population (fin 2011) : 37 millions d’habitants

Produit intérieur brut (2011) : 189,3 milliards de dollars

PIB par habitant (2011) : 5 265 dollars

Chômage (quatrième trimestre 2010)
 : 10 %

Inflation (février 2012, en glissement annuel) 
: 9,34 %

Réserves de change (au 31 décembre 2011) : 182,22 milliards de dollars

Exportations (2011) 
: 73,4 milliards de dollars (+ 29 %)

Importations (2011) : 46,4 milliards de dollars (+ 15 %)

Sources : ONS, Pnud, Banque mondiale, Banque d’Algérie, Opep.

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