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Québec : province francophone de la technologie

La Première ministre québécoise Pauline Marois a fixé les priorités : l’emploi et l’investissement dans les technologies de pointe, notamment dans l’aéronautique, la santé, les TIC et l’électrification des transports. À cet égard, l’accord économique très large que le Canada vient de signer avec l’Union européenne tombe à pic. Étroitement liée aux États-Unis, la Belle Province francophone de la confédération canadienne va pouvoir attirer plus d’investisseurs de l’UE et renforcer son commerce avec les 28.

En 2015 ou 2016, le premier accord économique et commercial global (AECG) conclu par l’Union européenne (UE) avec un pays développé – en l’occurrence, le 18 octobre, avec le Canada – devrait entrer en vigueur. Au sein de la confédération canadienne, la province du Québec a été « le plus fervent promoteur de l’ouverture des négociations », affirmait Pauline Marois, sa Première ministre de passage à Bruxelles le 16 décembre (voir ci contre). « Les flux commerciaux entrent pour près de 44 % dans le produit intérieur brut (PIB) de la province canadienne », commente Axel Baroux, directeur du bureau Ubifrance au Canada. Mais jusqu’à présent, les échanges commerciaux s’effectuent principalement avec les États-Unis, les deux nations étant liées avec le Mexique par l’Accord de libre-échange nord-américain (Alena). Pendant les dix premiers mois de 2013, l’Institut statistique du Québec établit que sur un volume global d’exportations de 54,442 milliards de dollars canadiens (37,2 milliards d’euros), 66,9 % ont été absorbés par le pays de l’Oncle Sam. Quant aux importations, sur un chiffre de 74,121 milliards de dollars canadiens (50,65 milliards d’euros), 32,2 % provenaient de ce voisin nord-américain.

Par ailleurs, les États-Unis représentent également la principale source de l’investissement direct étranger (IDE) au Canada (plus de 50 %). Selon le ministre des Finances et de l’économie du Québec, Nicolas Marceau, la hausse des exportations québécoises dans l’UE augmenteraient d’environ 2,3 milliards de dollars canadiens (1,57 milliard d’euros) et généreraient 16 000 emplois. Côté européen, on s’attend plus modestement à une hausse des échanges dans les deux sens avec l’ensemble du Canada de l’ordre d’un milliard d’euros. Le gouvernement de Pauline Marois faisant reposer une partie de sa « vision économique » sur l’investissement privé, les IDE devraient aussi profiter du nouvel accord avec les 28 Etats-membres de l’UE. « L’AECG est un accord très large (12 chapitres), touchant non seulement à l’élimination de la quasi-totalité des droits de douane dès le départ, mais aussi aux grands contrats et à l’investissement, l’ouverture des marchés publics, la simplification réglementaire et même la reconnaissance des diplômes, puisque 120 professions ont été reconnues de part et d’autre », détaille Frédéric Kaplan, le chef des Services économiques au Canada.

Pour attirer les IDE, la Belle Province s’est dotée d’outils adaptés. C’est ainsi que, le 1er avril 2011, l’organisme public Investissement Québec a été fusionné à la Société générale de financement du Québec (SGF). Depuis, Investissement Québec est à la fois une société d’appui, de financement des projets internationaux et de développement économique au service des secteurs d’activité et des bassins d’emploi de la province. Outre cette entreprise fédérale, qui possède des bureaux à l’étranger, notamment à Paris, la capitale est dotée de son propre bras armé en matière d’investissement, Montréal International, une structure chargée d’accompagner « gratuitement » les opérateurs étrangers.

Montréal n’est pas le premier centre financier du Canada, c’est Toronto. En revanche, la métropole francophone est le principal pôle aéronautique dans le monde avec Toulouse et Seattle. D’après le ministère de l’Économie et des finances de la province, « plus de 42 500 travailleurs hautement qualifiés » étaient ainsi employés dans « 212 entreprises » en 2012. Avec une forte présence française, précise-t-on à Montréal International.

Outre les grands noms de l’aérospatiale (Bombardier, Bell, Rolls-Royce, Aerolia…), la Belle Province abrite des établissements de pointe en matière de formation, comme l’Ecole des métiers de l’aérospatiale de Montréal (EMAM) et l’Ecole nationale d’aérotechnique (ENA), l’Agence spatiale canadienne (ASC) et le Consortium de recherche et d’innovation en aérospatiale du Québec (CRIAQ). « Industrie et recherche sont très intégrées, ce qui contribue à ce que l’aéronautique soit devenu le premier poste d’exportation du Québec », commente Axel Baroux, directeur du bureau d’Ubifrance au Canada. Dans le total des livraisons du Québec dans le monde, les postes « aéronefs » et « aluminium et alliages d’aluminium sous forme brute » ont ainsi représenté respectivement des parts de 8,3 % et 8 %. Le Québec, avec un total de 88,6 %, se taille ainsi la part du lion dans les exportations canadiennes d’aéronefs.

Dans les secteurs de haute technologie comme l’aéronautique, les technologies de l’information et de la communication (TIC) et la santé, les autorités n’hésitent pas à délivrer des aides, parfois spécifiques. Dans les TIC, en 2011 d’après l’Institut de la statistique du Québec, « plus de 92 000 employés qualifiés » étaient répartis dans « près de 5 000 organisations ». Installé depuis 1997, le champion français du jeu vidéo Ubisoft emploie 3 000 salariés sur place et d’autres grands noms du secteur sont implantés : Electronics Arts, Eidos, Activision, etc.

« Le jeu vidéo est une industrie en profonde transformation. Les sociétés de plus petite taille parviennent à se faire une place, grâce aux nouveaux outils comme l’iPad, la Xbox Live, la PlayStation Network, et les nouvelles technologies appliquées aux téléviseurs comme la 3D, la reconnaissance du mouvement ou encore les jeux stéréoscopiques », explique Raphaëlle Mandelbaum, directrice Canada de Salvéo, une société d’accompagnement à l’international (SAI). Des propos qui recoupent ceux de Frédéric Kaplan, selon lequel « de nombreuses PME technologiques, notamment françaises, s’implantent dans la zone de Montréal ».
Le Québec est aussi très actif dans les sciences de la vie et les technologies de la santé (SVTS). « La santé est un secteur porteur pour nos entreprises sur l’ensemble du Canada. Il y a une demande de dispositifs médicaux pour soigner notamment les maladies cardiovasculaires. En outre, le Québec est le deuxième centre, après l’Ontario, pour la biotechnologie et la recherche pharmaceutique », expose Axel Baroux.

Pour appuyer cette course aux technologies de pointe, des clusters, appelés « grappes technologiques », ont été constitués dans sept secteurs : technologies propres, santé, aéronautique, TIC, finance, logistique et audiovisuel. Pauline Marois a aussi fait le choix d’engager son pays dans la course au véhicule électrique.
Dans la nouvelle politique économique provinciale présentée en octobre sous le titre de « Priorité emploi », le gouvernement réserve ainsi 516 millions de dollars canadiens (353 millions d’euros) sur 2 milliards (près de 1, 37 milliard) au total à l’électrification des transports. Un groupe de travail a, d’ailleurs, été constitué, dès le 13 décembre, avec la France, à l’occasion de la visite de la Première ministre socialiste, qui a été reçue par François Hollande et a rencontré le ministre de l’Économie et des finances Pierre Moscovici (voir article sur la coopération bilatérale).

L’objectif de « Priorité emploi » est de créer 43 000 postes supplémentaires d’ici à 2017, ce qui porterait les prévisions de départ à un total de 115 000, et d’injecter 13 milliards de dollars canadiens (8,88 milliards d’euros) d’investissement dans l’économie d’ici dix ans. Comme toutes les économies des pays développés, l’activité au Québec a souffert de la crise mondiale. En septembre dernier, la Banque royale du Canada (RBC) a, toutefois, annoncé une embellie, avec un relèvement de la croissance économique au Québec à 1,3 % en 2013, à 1,9 % cette année et une réduction du chômage à 6,6 % au Canada également fin 2014.

À son tour, en décembre, le Conference Board of Canada (CBOC), un institut de recherche indépendant, prévoyait un produit intérieur brut (PIB) en progression au Québec de 0,9 % en 2013 et 2,1 % l’année suivante. Les mesures du gouvernement Marois en faveur de l’investissement et le redressement de l’économique aux États-Unis et la zone euro justifieraient cet optimisme. Le rebond des exportations dans les domaines forestier et aéronautique contribueraient aussi à la reprise des embauches. Une bonne nouvelle pour l’équipe de la Première ministre.

Une enquête réalisée par François Pargny avec Kattalin Landaburu, à Bruxelles


Chiffres clés

Superficie : 1 667 441 km2
Population (au 1er janvier 2013) : 8 115 700 personnes
Produit intérieur brut (11 mois 2013) : 305,867 milliards de dollars canadiens (209 000 milliards d’euros)
Chômage (fin novembre 2013) : 7,6 %
Taux de change : 1 dollar canadien (CAD) = 0,6833 euro

Source : Institut statistique du Québec

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