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Dossier Cameroun 2016 : les secteurs porteurs

L’importation de produits agricoles demeure indispensable dans un pays qui apprécie aussi les vins étrangers, français ou sud-africains. Grands amateurs de football, les Camerounais s’apprêtent à accueillir la Coupe d’Afrique des nations, ce qui entraîne la construction d’établissements hôteliers. Le pays, qui se veut moderne, se prépare aussi à une transition numérique rapide.

 

Hôtellerie  De nouveaux établissements pour la Can

Le Cameroun organisera la coupe d’Afrique des nations de football (Can) en janvier 2019. L’hébergement des équipes et des officiels est, avec les infrastructures sportives, le talon d’Achille du pays. S’il a construit deux stades à Limbe et à Bafoussam, réhabilité le stade Ahmadou Ahidjo de Yaoundé et lancé les travaux de deux grands stades à Douala et à Olembe, il n’est pas très avancé pour ce qui concerne les hôtels. Pourtant, le gouvernement est obligé de renforcer son parc hôtelier bien chétif. Le ministère du Tourisme annonce l’arrivée de quelques grands groupes hôteliers internationaux pour s’arrimer au cahier de charges de la Confédération africaine de football, qui exige au moins un hôtel quatre étoiles avec une capacité d’accueil d’au moins 200 chambres pour chacune des quatre poules.

La ville de Douala attend la réalisation de trois projets d’hôtels. Le premier projet est un Hilton, pour lequel un mémorandum d’entente a déjà été signé entre le gouvernement et les promoteurs. L’entreprise de construction choisie est Bouygues, groupe de BTP français, qui a même pris des parts dans le projet. La libération effective de l’assiette foncière est le frein actuel au démarrage des travaux, alors que les financements sont bouclés.

Le second projet attendu est un hôtel Radisson. La chaîne Radisson prend le relais du projet Marriott, qui végète depuis une décennie suite à un problème de libération du site à Bonanjo, au centre de Douala. Enfin, le groupe hôtelier français Onomo, déjà présent à Abidjan, à Bamako ou encore à Libreville, entend signer son arrivée à Douala. Selon les autorités, les études sont en voie de finalisation, le financement est bouclé et le démarrage des travaux attend les autorisations administratives.

Le groupe français Onomo projette aussi la réalisation d’un hôtel de même envergure à Yaoundé. D’après les promoteurs, la communauté urbaine de Yaoundé a attribué un site en face du palais des Sports de Warda. La capitale politique accueillera d’autre part deux des hôtels quatre étoiles que la société espagnole Top Modular envisage de construire dans les villes hôtes. Ce groupe prévoit au total de bâtir un parc de 1 300 chambres pour un coût hors taxe de 23,7 millions d’euros. Le premier projet à Yaoundé sera sur le site du Central hôtel, où est prévue la réalisation d’un hôtel quatre étoiles de 300 chambres. Le second projet sera implanté sur le site d’Olembe, à proximité du nouveau stade à construire, avec un hôtel quatre étoiles de 100 chambres. Le partenaire espagnol repartira les autres hôtels quatre étoiles à Bafoussam, Douala, Garoua et Limbé.

 

Télécommunications  Un plan numérique en attente

Le pays vient seulement de se doter d’un outil stratégique pour la transition numérique, alors qu’il affiche l’ambition de développer les infrastructures et d’améliorer l’inclusion 2.0. Depuis le mois d’octobre 2016, un plan de développement du numérique circule sous cape au Cameroun. Elaboré sur le tard par la ministre des Postes et télécommunications, il n’a pas encore été officiellement rendu public, en attente d’une autorisation du Premier ministre.

Une lourdeur inexplicable, à l’image du retard que le pays accuse sur la transition numérique, qui montre que c’est un champ à explorer. En effet, une lecture rapide du plan de développement numérique, provisoirement chiffré à 620 milliards de FCFA, soit environ 914 millions d’euros, permet de constater qu’il est ambitieux en termes de déploiement des infrastructures, de relèvement du taux d’accès à l’internet ou encore de démocratisation de la fibre optique.
Ce programme numérique du gouvernement, d’une échéance de 5 ans, prévoit, par exemple, d’installer les wifi dans les espaces publics des grandes villes et assurer la connexion haut débit dans les lycées. Ce sont au total 138 projets à réaliser pour lesquels des sources de financement sont identifiées. En dehors des emprunts, les ressources budgétaires et les partenariats public-privé, l’État compte sur les ressources issues du Fonds spécial des télécommunications (FST), alimenté par un prélèvement sur les bénéfices des opérateurs.

Jusqu’ici, malgré un discours politique affirmé, le numérique s’est résumé à l’internet et à la téléphonie mobile, où MTN Cameroon, Camtel, l’entreprise publique, Nexttel et Orange, opérateur français, se livrent une rude concurrence. Mais une nouvelle dynamique est en marche.
Morgane Leblanc, en charge du numérique à Business France, observe que « la révolution numérique est en cours au Cameroun. Tout l’écosystème se met en place, les entreprises se digitalisent, les particuliers s’équipent en smartphone, des startups se créent de toute part. » C’est vrai qu’il y a de la marge dans ce pays de 22,5 millions d’habitants qui a un taux de pénétration du mobile de 71 % et un taux de pénétration internet de 12 %.

Dans ce bouillonnement, les opérateurs du mobile vivent eux-mêmes une petite mutation. Longtemps bâti autour de la technologie de la voix, le chiffre d’affaires tient désormais du data, qui gagne chaque jour plus de terrain. Les coûts des communications vocales baissent et les opérateurs multiplient les offres sur les données grâce à l’explosion des réseaux sociaux et la généralisation des smartphones.

D’où la construction des data center en prévision d’un accroissement inévitable de la demande. C’est ce filon qu’a visé Vodafone, dernier arrivé dans la téléphonie mobile au Cameroun. La filiale locale du géant britannique a laissé la voix pour se concentrer sur l’internet. Son arrivée passe mal auprès de ses concurrents, qui accusent le gouvernement de favoriser une concurrence déloyale, car Vodafone ne s’est acquitté d’aucun ticket d’entrée sur le marché, contrairement aux autres, comme Orange, qui avait déboursé 75 milliards de FCFA, soit 114,5 millions d’euros pour le renouvellement de sa licence.

Pour Morgane Leblanc de Business France, le développement du data n’est pas encore explosif. Ce qui est intéressant à observer, c’est la digitalisation des entreprises. C’est une transition inévitable, qui soulève la problématique de la sécurité. Malgré l’existence d’une Agence nationale des technologies de l’information et de la communication, l’essentiel des services internet sont vulnérables aux cybers attaques. En fond, transparaît le marché de l’équipement des entreprises, des administrations et des ménages, sur lequel trônent les entreprises françaises et chinoises.

 

Vins et spiritueux
Une montée de la classe moyenne au profit de la France

A Yaoundé et Douala, la mode est à l’ouverture des caves à vin. Ce sont des endroits chics de consommation de ce produit, fréquentés principalement par de jeunes cadres dynamiques du public et du privé. Ils y viennent le soir, à la sortie des bureaux et le week-end. Si le vin rouge est toujours très prisé, la consommation du rosé et du blanc augmente parallèlement, les femmes principalement étant attirées par leur goût fruité ou aromatisé.

Les femmes sont devenues une catégorie de consommateurs recherchée des importateurs de vin, elles qui nourrissent une soif prononcée pour les vins doux, moelleux. Le marché camerounais du vin est donc en pleine expansion et la demande est sans cesse croissante. Selon Business France, en 2013, les ventes de vins ont progressé de 4 % en valeur pour atteindre un total de 100 millions d’euros. Et si les vins rouges enregistrent la plus forte progression, avec + 10 % par an, les spiritueux ont également connu une hausse importante de leurs ventes, de 8 % en 2013 en valeur, atteignant ainsi un montant de 94,5 millions d’euros, avec une progression des volumes de ventes de 3 %.

Gihane Ramatou Idi, chargée de développement Agrotech à Business France, explique cette tendance par « une montée en puissance de la classe moyenne. » Il se développe un snobisme local de la connaissance du vin : ce produit suscite les conversations autour d’un verre et gagne du terrain sur le whisky ou la bière. Les consommateurs s’intéressent plus au millésime, à la classification, aux techniques de cépages, etc. Le vin français bénéficie d’une bonne cote, notamment quand il est frappé de l’étiquette « Bordeaux » ou « Haut-médoc », qu’affectionnent les jeunes cadres, qui les consomment avec ostentation sur des terrasses de caves. Ce qui dénote un intérêt pour la qualité du produit, facteur d’attrait des consommateurs, selon les explications d’un caviste à Yaoundé.

En 2014, le Cameroun était le premier importateur de vins de Bordeaux en Afrique, avec un volume de 14 449 hectolitres, soit 24 % de plus qu’en 2011. Cependant, la progression des vins d’origine d’Afrique du Sud notamment est également sensible, ce pays offrant deux gros avantages, d’abord des produits avec des prix au consommateur attrayants, ensuite, des marges bénéficiaires intéressantes pour les importateurs et distributeurs. Dans ce contexte d’essor de la consommation et de croissance de la concurrence, Gihane Ramatou Idi pense que « la progression des ventes de vin rouge se maintiendra à environ + 8 % par an jusqu’en 2018. »

Parfait Siki

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