fbpx

Cameroun : un renouveau du pétrole et des grands projets

Tous les ingrédients d’une bonne année 2014 sont réunis : l’agriculture et le pétrole sont dynamiques et le programme d’infrastructures est soutenu. Du coup, les hydrocarbures, l’énergie et les transports suscitent beaucoup d’appétit de la part des investisseurs étrangers.

Économie relativement diversifiée par rapport aux pays pétroliers africains, le Cameroun dispose à la fois de ressources agricoles (cacao, fruits, bois, coton…), de richesses minières et d’hydrocarbures. Aussi, une bonne année agricole, un renouveau de la production pétrolière, des investissements dans les mines, le tout soutenu par un programme d’infrastructures plutôt fourni, voici que le Fonds monétaire international (FMI) relève sa prévision de croissance économique de 4,9 à 5,5 % en 2014, comme en 2013. Pour autant, lors de sa dernière évaluation de l’économie camerounaise début mai, le FMI a prévenu qu’un tel taux était insuffisant pour atteindre l’émergence en 2035, date ultime fixée par le président Biya.

S’agissant de l’agriculture, le climat favorable n’explique pas tout. La mécanisation et la transformation commencent à porter leurs fruits, comme dans le cas du maïs, du soja et de l’ananas, trois filières qui ont bénéficié de près de 14 millions d’euros d’investissements en zone rurale. Début juin, le Groupement interpatronal du Cameroun (Gicam) engageait, dans le cadre du projet « un patron, une plantation », à investir dans plusieurs départements de la région du Centre, dotés des ressources nécessaires : routes, hommes, terres. Le Gicam a même répertorié 17 600 hectares dans huit villages et son président, André Fotso, a appelé à la mise en place d’une « agriculture camerounaise de deuxième génération ».

Concernant les hydrocarbures, « le Cameroun a tiré un meilleur parti des champs d’or noir en fin de vie et les perspectives sont aussi prometteuses tant en onshore qu’en offshore », indique Pascal Maccioni, à la tête du Service économique régional (SER) à Yaoundé. L’an dernier, des champs opérés par Perenco, Glencore et Addax sont entrés en production et cinq appel d’offres, trois en mer et deux sur terre, ont été lancés.

Début juin, la Société nationale des hydrocarbures (SNH) annonçait que la production pétrolière à fin avril avait augmenté en quatre mois de 24,58 % à la faveur de l’exploitation de deux nouveaux gisements offshore et de la montée en régime d’un champ majeur. La SNH indiquait également que la production de gaz des champs de Logbaba et Sanaga Sud a connu une croissance notable en passant de 93,44 millions de pieds cubes entre janvier et avril 2013 à 4 343,48 millions de pieds cubes durant la même période de 2014. Ce boom de la production s’explique par le lancement en avril-mai 2013 de la centrale thermique de Kribi, qui s’alimente aussi au gaz.

Dans la mesure où le Cameroun demeure un petit producteur de pétrole et que les majors ne s’intéressent pas à son or noir, certains observateurs estiment que les perspectives sont plus prometteuses dans le gaz. Restent à connaître les quantités disponibles et leurs localisations. Or, il y a un mois, le directeur général de GDF Suez LNG Cameroon, Philippe Miquel, pointait « la dispersion des gisements » et la nécessité « d’agréger la production ». Toutefois, début juin, le britannique Bowleven annonçait que les autorités camerounaises étaient prêtes à lui accorder un permis d’exploitation de gaz sur le projet d’Etinde.

Le Cameroun pourrait encore bénéficier d’un projet géant de liquéfaction de gaz, d’un montant de trois milliards d’euros au départ, du groupe GDF Suez à Kribi. « Mais attention, on n’attend pas le début des travaux avant 2016 », met en garde Gérald Petit, directeur régional Ubifrance à Douala. Toutefois, « ce projet d’usine de gaz naturel liquéfié (GNL) se fera, car l’approvisionnement et les débouchés sont là », complète Pascal Maccioni.

D’une capacité de 216 mégawatts (MW), la centrale de Kribi a déjà contribué à diminuer les délestages, qui sont nombreux au Cameroun. Mais ce n’est pas suffisant. Pour tripler sa production d’électricité, qui était encore inférieure à 1 000 MW fin 2013, Yaoundé a annoncé des investissements de l’ordre de 12 milliards de dollars. Le Cameroun disposerait du second potentiel hydro-électrique d’Afrique subsaharienne, avec 19,7 gigawatts (GW).

Le cœur du système futur de production est le complexe hydroélectrique de Lom Pangar, qui va permettre de réguler la rivière Sanaga à l’est et ainsi faciliter la construction de toute une série de barrages. Selon le chef du SER, Lom Pangar est exécuté à plus de 50 %. D’autres barrages sont déjà en partie réalisés, comme Mekin à 80 % et Memve’elle à 37 %.

Electricité de France (EDF) construit, pour sa part, la troisième centrale hydroélectrique du pays à Nachtigal sur la Sanaga. D’une capacité de 340 MW et d’un coût de 610 millions d’euros, elle est destinée à alimenter l’usine d’Aluminium du Cameroun (Alucam). Le ministre de l’Eau et de l’énergie, Basile Atangana Kouna, annonce le début de la production en 2019. Un moment s’est posée la question de la participation d’Alucam, dans la mesure où la conjoncture économique ne lui permet pas d’augmenter sa production. L’entreprise restera, quoi qu’il en soit, partenaire du projet et EDF a signé avec les autorités pour gérer le barrage en partenariat avec le ministère de l’Eau et de l’énergie (Minee) et Alucam.

Selon le ministre, des négociations sont entamées avec le fonds d’investissement britannique Actis, repreneur des parts de l’américain AES Corporation dans AES Sonel, le concessionnaire de la production d’électricité au Cameroun, pour l’achat d’une partie de l’énergie produite par EDF. La transaction effectuée entre l’américain et le britannique va aussi permettre de lancer la phase 2 de la centrale de Kribi, gérée par Kribi Power Development Corporation (KPDC), dont l’actionnaire majoritaire était AES. L’augmentation de la capacité de la centrale à 330 MW devrait encore contribuer à réduire le déficit énergétique. Pour autant, si la génération d’électricité est importante, chacun s’accorde à reconnaître que les coupures et les délestages ne pourront pas être totalement éliminés sans une refonte complète du système de distribution.

Station balnéaire du sud du Cameroun, mais aussi point de sortie de l’oléoduc en provenance du Tchad, Kribi devrait, à l’heure où nous écrivons, avoir reçu, le 14 juin, dans son nouveau port en eau profonde son premier bateau en provenance de l’étranger. Cet ouvrage à vocation sous-régionale, érigé par China Harbour Engineering Company (CHEC) et financé en partie par Exim Bank of China, peut accueillir des navires avoisinant les 16 mètres de tirant d’eau.

Razel est chargé de réaliser la route qui mène au port. Dans le cadre des financements accordés par l’Agence française de développement (AFD), le groupe français a, par ailleurs, gagné le contrat de l’accès Est de la ville de Douala vers Yaoundé, l’axe « lourd », l’autoroute entre les deux capitales, économique et politique, devant être, quant à lui, réalisé par China First Highway Engineering Company (CFHEC). Les chantiers routiers ne manquent pas. Ainsi, Sagea Satom, à qui est attribué la construction du deuxième pont sur le Wouri, à Douala, toujours sur fonds AFD, est aussi chargé de celle de l’accès routier Ouest et que China Communications construction Company LTD doit, de son côté, compléter sur 10 kilomètres l’autoroute entre Yaoundé et l’aéroport international de Nsimalen.

Doté d’un terminal polyvalent et de quais à conteneurs, le port de Kribi, d’un coût global de 480 millions de dollars, est aussi un port minéralier pour plusieurs gisements, notamment pour la mine de fer de Mbalam-Nabeba, à la frontière du Congo, où la compagnie Sundance Resources a prévu d’injecter 4,7 milliards de dollars. Le groupe australien, qui espère sortir 35 millions de tonnes de minerai par an, a précisé récemment qu’il comptait commencer la production fin 2017/début 2018.

Les autorités camerounaises ont pré-qualifié cinq entreprises pour gérer le terminal polyvalent, dont la société Necotrans, également intéressé par le terminal à conteneurs. Leader du groupement KPMO, la compagnie française doit affronter un autre groupement, SEA Invest-CLGG, la Société d’exploitation des ports-Marsa (Maroc) et les entreprises philippines International Container Terminal Services Inc et néerlandaise APM Terminals BV. La gestion du terminal polyvalent, sur le modèle d’un partenariat public-privé (PPP), devrait être attribuée d’ici à la fin de l’année.

Le grand perdant dans cette affaire est Bolloré Africa Logistics, qui avait été déclaré vainqueur dans un premier temps avant que l’État ne se rétracte, semble-t-il parce que Bolloré opérant déjà le port autonome de Douala (Pad), le gouvernement souhaitait éviter de dépendre d’un monopole. Bolloré est aujourd’hui « sur la sellette », explique, en outre, un haut fonctionnaire camerounais, en raison de « sa mauvaise gestion, des encombrements et des désordres du terminal à bois du Pad ».

Le groupe français est plus heureux en matière ferroviaire. Concessionnaire de Cameroon Railways (Camrail), il vient de lancer le train rapide Intercity entre les capitales politique et économique, « avec deux aller et retour », précise Gérald Petit. Deux classes, la première pour les voitures climatisées et la prémium pour les voitures ventilées, ont été créées. Parallèlement, de nouvelles rames ont été installées entre Yaoundé et N’Gaoundéré, principale ville de la région de l’Adamaoua dans le nord vers le Tchad.

L’Intercity et les nouveaux trains couchette pour N’Gaoundéré s’inscrivent dans le cadre du Plan directeur ferroviaire national d’un coût prévisionnel global de 30 milliards de dollars. Parmi les projets, y figure, par exemple, une ligne de près de 500 km entre le nouveau port de Kribi et la mine de fer de Mbalam. Enfin, note Pascal Maccioni, « le président Paul Biya et son homologue tchadien Idriss Deby, qui viennent de se rencontrer, se sont entendus pour le prolongement de la voie du nord jusqu’à la capitale tchadienne N’Djamena ». Les deux chefs d’Etats, selon lui, « se seraient même accordés sur le tracé ».

François Pargny

Promote fait peau neuve

Pour sa cinquième édition, du 6 au 14 décembre prochain à Yaoundé, le Salon international de l’entreprise, la PME et du partenariat (Promote) fait peau neuve. A la place des traditionnelles tentes en toile, cinq grands halls ventilés en provenance d’Allemagne vont abriter les 1 500 exposants attendus (au lieu des 1 200 enregistrés lors de la précédente édition en 2011).
Sur un vaste espace de 5,6 hectares, dominé par le Palais des congrès de la capitale politique, la Fondation Inter-Progress, organisateur de cet évènement triennal depuis le début, affiche des ambitions à la hausse : près de 20 pavillons nationaux contre 17 en 2011, 135 000 visiteurs, au lieu de 127 500. Elle attend aussi plus de 400 PME d’Afrique centrale. « Il n’y a pas que le Cameroun et même la sous-région. Mes collègues basés à Nairobi, Luanda, Johannesburg et Abuja seront présents et pourront monter des ateliers pays », explique Gérald Petit, directeur Afrique centrale d’Ubifrance, situé à Douala.
Plus de 80 conférences-débats devraient aussi être proposés par les exposants et les institutions présentes. « Nous voulons que tous les jours la France puisse proposer une animation, soit un cocktail, une conférence ou encore un atelier sectoriel sur l’agriculture et l’élevage, l’hydraulique ou le bâtiment » explique Gérald Petit. Lors de la journée française, mercredi 10 décembre, des banques françaises, l’Agence française de développement (AFD) et Bpifrance devraient piloter un atelier sur le financement. La banque publique d’investissement prépare, au demeurant, la venue d’une délégation d’une dizaine d’entreprises françaises. Elle devrait aussi être représentée par son directeur général, Nicolas Dufourcq.
« Le réseau consulaire en Rhône-Alpes, en Ile-de-France en Nord-Pas-de-Calais ou dans le Centre s’implique », indique Gérald Petit, qui table ainsi sur la participation de 90 à 100 entreprises françaises sur le Pavillon France, contre seulement 83 il y a trois ans. Des stands de 9 à 27 m2 sont proposés.

Chiffre clés

Superficie : 475 442 km2
Population : 21,73 millions d’habitants
Produit intérieur brut (PIB) nominal : 27,88 milliards de dollars en 2013 (*).
PIB par habitant : 1 268 dollars en 2013 (*)
Croissance économique : 5,5 % en 2013, 5,5 % attendus en 2014 (**)
Déficit budgétaire : 5,5 % du PIB projetés en 2014 (**)
Inflation : 2,1 % en 2013 (**)
Importations de biens : 7 milliards de dollars en 2013 (***)
Exportations de biens : 4,2 milliards de dollars en 2013 (***)

Sources : Trésor français (*) Fonds monétaire international (**), Organisation mondiale du commerce (***)

Dernière édition

Bienvenue !

Connectez-vous

Créer un compte

Merci de compléter le formulaire

Réinitialisez votre mot de passe

Veuillez saisir votre nom d'utilisateur ou votre adresse e-mail pour réinitialiser votre mot de passe.