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Dossier Afrique de l’Ouest 2017 : travailler sur un marché régional en construction

L’Afrique de l’Ouest est connue de la France. De longue date, ce qui est atout. Reste que malgré les efforts d’intégration régionale, s’adapter aux Etats nations demeure une nécessité. Preuve en est avec les sociétés Noa Trading et Technisem.

 

Qu’elles soient installées sur place ou qu’elles y exportent de France, les entreprises tricolores trouvent leur compte en Afrique de l’Ouest, une région qu’elles connaissent bien. Elles savent y utiliser les compétences et les richesses, à l’image du producteur de semences potagères Technisem, ou rayonner à partir d’un pays africain sur la zone. Les droits de douane, les taxes ne sont pas forcément le handicap majeur pour échanger au-delà des frontières nationales, encore plus quand on appartient à un regroupement régional, avec une harmonisation des tarifs douaniers, comme l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa). Du moins en théorie. L’histoire de Noa Trading, installateur de centrales solaires à Abidjan, montre que les États peuvent conserver leur souveraineté douanière et fiscale quand ils le veulent.
Un industriel français a également confié son agacement à l’encontre du « comportement » de la Banque centrale des États d’Afrique de l’Ouest (Bceao), institut d’émission commun aux pays de l’Uemoa. « C’est de plus en plus compliqué pour réaliser des transactions financières avec la zone euro », s’est-il emporté. Toutefois, la Bceao aurait remédié à cette situation en août dernier, selon un banquier, « en prenant des mesures de facilitation des transferts commerciaux, dès lors qu’ils sont bien fondés ».

 

 

Noa Trading 
Un installateur de centrales solaires jongle avec la fiscalité

Spécialiste de l’installation et la maintenance de centrales so-laires thermiques et photovoltaïques à Abidjan, Noa Trading importe certains matériels de pays voisins, le Burkina Faso et le Mali, comme la Côte d’Ivoire, membres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa). Pourtant, ces produits sont taxés et soumis à des droits de douane quand il passe en territoire ivoirien. « Il y a beau y avoir des textes communs, il n’y a pas unicité de caisse et, donc, les États membres agissent comme ils l’entendent, chaque pays est souverain en matière douanière et fiscale », déplore Jackie Bertho-Andoh-Alle, la présidente de cette PME de cinq salariés, opérant régulièrement avec une trentaine de sous-traitants : ferronniers, installateurs, plombiers, etc.

« Dans les énergies renouvelables, ajoute la fondatrice en 1987 de Noa Trading, la Côte d’Ivoire est très en retard par rapport à d’autres États de la région comme le Sénégal. On n’y parle, d’ailleurs, ni de transition, ni de mix énergétique. Ici, c’est le tout pétrole, le tout gaz et les gros barrages hydrauliques ». Le plus étrange, c’est que les produits achetés au Burkina Faso transitent, d’abord, par le port d’Abidjan. Pour elle, on est loin de la libre circulation des biens et des personnes et la filière green est loin d’être défiscalisée.

Seule exception, quand il s’agit d’institutions internationales ou d’organisations non gouvernementales (ONG). Noa Trading a ainsi arraché un contrat de pose de panneaux photovoltaïques destinée aux agences de Man et Bouaké de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), un contrat totalement défiscalisé et une bouffée d’oxygène pour une PME qui a traversé la crise ivoirienne sans arrêter son activité. À l’époque, elle avait même créé une antenne au Sénégal, mais, en raison de la concurrence locale élevée et du patriotisme au pays de la teranga (bienvenue), Jackie Bertho-Andoh-Alle a préféré fermer la structure. Nao Trading travaille donc aussi pour des ONG et les organismes de coopération allemand ou américain. Dans de tels cas également, les produits ne sont pas taxés. En revanche, les droits de douane sont maintenus.

 

Technisem
Le spécialiste des semences est dans son jardin

Africain et même ouest-africain ! Il y a 30 ans, Technisem a commencé par cette zone. Aujourd’hui, ce producteur de semences potagères, basé à Longué-Jumelles en Anjou, région reconnue mondialement pour son pôle de compétitivité du végétal Végépolys, réalise 80 % de ses ventes en Afrique, et, sur cette part, l’Afrique de l’Ouest représente en gros 60 %.

Sur ses quatre stations de sélection végétale sur le continent, deux sont également à l’ouest, près de Dakar (Sénégal) et d’Ouagadougou (Burkina Faso), une troisième se trouve à proximité d’Antsirabe sur les Hauts Plateaux (Madagascar) et une quatrième plus récente vers Douala (Cameroun).

« Quatre sites très spécialisés qui permettent d’opérer soit sur des maladies subsahéliennes (Sénégal), sahéliennes (Burkina Faso), d’altitude (Madagascar) et équatoriales (Cameroun). Ensuite, les variétés que nous créons font l’objet de productions sur place ou dans d’autres pays producteurs de plantes, en France ou en Asie par exemple. Les semences, explique encore le directeur Export, Claude Duranton, sont rapatriées, nettoyées, stockées en chambre froide dans des conditions de température et d’humidité contrôlées, conditionnées dans des emballages étanches et exportées à partir de notre plateforme de Longué-Jumelles dans le Maine-et-Loire ». C’est surtout le transport maritime qui est utilisé pour l’Afrique, le coût de l’aérien se révélant trop élevé.

Outre cette logistique bien huilée, ce qui fait la force de Technisem est son réseau local. Filiale du groupe franco-africain de semen-ces Novalliance, la PME familiale (34 salariés) créée en 1985 par Emile Gorin opère avec deux gammes, Technisem pour les professionnels et Tropica pour le grand public. « Depuis 30 ans, nous travaillons avec les mêmes partenaires en Afrique de l’Ouest, souvent des entreprises que nous avons aidées financièrement à se monter, dont nous avons également formé les cadres, qui gèrent nos stations de création ou font la commercialisation dans le continent », expose encore Claude Duranton. Dans chaque pays, les deux partenaires sont ainsi tenus par un accord « d’exclusivité réciproque ». Hors d’Afrique de l’Ouest, les liens ne sont pas forcément aussi étroits. Technisem travaille alors avec des clients indépendants.

François Pargny

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