En ces temps de pétrole cher, tout le monde semble redécouvrir le nucléaire. La France propose à qui en veut des réacteurs civils, y compris l´ EPR, de dernière génération, qui a déjà séduit les Finlandais et les Chinois.
Les Etats-Unis commencent à commander de nouveaux réacteurs. La Chine n´arrête pas d´en construire, en se passant désormais de l´aide occidentale pour les modèles simples. Devant ce nouvel engouement général, la question est : y a-t-il assez de réserves d´uranium, et accessoirement de thorium, pour alimenter ces futures centrales ?
Un rapport de l´Agence pour l´énergie nucléaire (AEN) de l´OCDE, publié le 3 juin, lors du dernier Forum de l´OCDE sur les changements climatiques, se veut rassurant. L´uranium minier (60% des besoins des 435 réacteurs en exploitation industrielle) devrait être disponible pendant encore un siècle. Pour les 40% restants, le déficit a été comblé par le démantèlement de plus de 12 000 ogives nucléaires et le réenrichissement des résidus de l´uranium. Mais l´AEN souligne que l´amenuisement de ces sources secondaires implique une production minière additionnelle. Or les délais de mise en production de nouveaux gisements sont longs et les coûts ont explosé : la prospection coûtait 250% plus cher en 2006 par rapport à 2004.
L’Australie, premier producteur
En 2006, les principaux producteurs d´uranium ont été le Canada (25%), l´Australie (19%), le Kazakhstan (13%), le Niger (9%), la Russie et la Namibie (8% chacun), l´Ouzbékistan (6%), et les Etats-Unis (5%). Selon l´AEN, en 2030, les quatre géants mondiaux seront le Kazakhstan (19,5%), le Canada (16,3%), la Russie (15,7%) et l´Australie (15%). Pour les ressources identifiées, les trois principaux détenteurs sont l´Australie (23%), le Kazahstan (15%), et la Russie (10%).
Coté consommateurs, en tonnes d´uranium nécessaires, arrivent en tête les Etats-Unis (34,4%), le Japon (12%), et la France (10,8%). L´Hexagone est même le plus gros producteur mondial (16%) d´électricité d´origine nucléaire.
Quant au thorium aux ressources quatre fois plus abondantes que celles de l´uranium, il est assez bien réparti entre l´Australie (17,5%), les Etats-Unis (15,5%), la Turquie (13,3%), l´Inde (12,4%), le Brésil (11,7%), et le Venezuela (11,6%).
Du côté des prix, le cours de l´uranium est nettement en hausse puisque la livre est passée de 7 dollars en 2002 à 85/90 dollars en 2007. Le récent retour en grâce du nucléaire peut-il pousser davantage le prix de l´uranium? Reste à prévenir toute nouvelle catastrophe… Celles de Three Miles Island aux Etats-Unis en 1979 et surtout de Tchernobyl en 1986 avaient plombé l´avenir du nucléaire pour presque trente ans aux Etats-Unis et vingt ans ailleurs.