Comme c´est la tradition avec les voyages officiels présidentiels français, celui du président Sarkozy en Chine a donné lieu à une cascade d´annonces de signatures de contrats export obtenus principalement par les grandes entreprises françaises. Mais les PME ont été un peu moins oubliées que d´habitude dans ce genre de grand événement médiatique puisque cette visite se déroulait au même moment que le forum PME organisé par Ubifrance en Chine chaque année depuis 3 ans, ce qui a permis de donner un coup de projecteur sur ce qu´elles peuvent faire dans ce grand marché, et sans doute moins ce qu´elles ne peuvent pas faire. A cet égard, le pire qui puisse leur arriver est de manquer de prudence…
Côté eldorado, la Chine, son taux de croissance à deux chiffres (plus de 10 % par an depuis 2003…) et ses réserves de change gigantesques (les premières du monde), est depuis plusieurs années considérée comme un bon risque par les assureurs-crédits européens, du moins du point de vue macro-économique : si chacun pointe des faiblesses, aucun ne semble craindre de retournements brutaux de conjoncture économique ou politique à court terme susceptibles d´entraîner une interruption brutale des transactions financières ou commerciales avec ce pays.
Actuellement, Euler Hermes note le risque pays Chine B (sur une échelle de 6 notes allant de AA à D, de la meilleure à la pire), soit une note similaire à celle du Brésil et de l´Inde, mais aussi de la Hongrie et de la Croatie, et supérieure à celle de la Russie (C). Une appréciation que partage, à quelques nuances près, Coface : la compagnie note le risque pays Chine A3 (sur une échelle de 4 notes allant de A à D, avec des nuances de A1 à A4 pour les mieux notés), comme la Pologne, la Hongrie et l´Inde, et mieux que d´autres grands pays émergents comme le Brésil (A4) et la Russie (B).
Le Ducroire belge considère pour sa part que le risque politique lié aux transactions courantes en Chine est aussi bon que celui existant dans les principaux pays industrialisés puisqu´il place ce pays en catégorie 1 (sur une échelle de 7, qui va de la meilleure à la pire), soit celle dans laquelle sont classés les pays comme les Etats-Unis, le Canada et les principaux pays-membres de l´Union européenne.
Pour autant, faire du business en Chine nécessite quelques précautions : le risque commercial, c’est-à-dire le risque de non paiement par les entreprises chinoises est beaucoup moins bien noté. Alors que les autorités chinoises s´inquiètent de l´émergence de surcapacités industrielles en Chine après la boulimie d´investissements constatée ces dernières années, Coface relève que « ces surcapacités industrielles pourraient conduire à des réductions de marges des entreprises et donc à des difficultés financières ». L´assureur-crédit français constate d´ailleurs que « ce risque se manifeste d´ores et déjà par l´allongement des délais de paiement enregistrés par Coface ». De son côté, Ducroire SA n´est pas moins sévère tout en étant plus précis : il note C le risque commercial court terme en Chine, soit la plus mauvaise note sur une échelle de 3 (de A à C, du meilleur au pire). « Cette évaluation défavorable est due à la corruption, ainsi qu´à la complexité, l´incertitude et la faible transparence du système juridique.»
Autrement dit, entreprises, allez-y, mais renseignez-vous sur la solidité financière et le sérieux de vos prospects chinois, et verrouillez vos contrats … !