Jeudi 15 novembre : outre le second jour des grèves nationales, la France se réveille aussi sur un rendez-vous immanquable à son calendrier automnal, l’arrivée du Beaujolais nouveau*. Et qui répond en amont à un joli casse-tête commercial et logistique. Faire qu’à minuit, heure locale, le troisième jeudi de novembre, les amateurs de Beaujolais nouveau puissent lever leur verre à Tokyo, Sydney, Londres, New York ou Beijing, reste en effet un vrai défi pour les opérateurs logistiques. Les délais sont en effet très serrés.
C’est d’ailleurs la Commission européenne en personne qui donne le top de départ de cette course contre la montre. « Cette année, le vin n’a pu quitter l’Union européenne que le jeudi 8 novembre à 8 h 00 pour une mise à consommation impérative à travers le monde 7 jours plus tard, le jeudi 15 novembre. Nous n’avons eu en moyenne que deux semaines pour faire la tournée des vignerons et prendre en charge 2000 tonnes de vin, soit environ 2 millions de bouteilles », indique Angela Salvo, chef d’agence aérien de DHL Global Forwarding à Lyon.
Comme chaque année, l’opération Beaujolais nouveau est l’opération logistique de l’année pour la plate-forme aéroportuaire DHL de Lyon-Saint Exupéry. « Elle nécessite la mobilisation d’une centaine de camions. Les bouteilles sont toutes centralisées à Lyon où elles rejoignent par avions les aéroports de Roissy, d’Amsterdam, de Londres ou d’Amsterdam ou s’envolent directement vers leur destination finale. En une semaine, la plate-forme voit passer 2000 tonnes de bouteilles, alors que son régime moyen mensuel de transit est de 500 tonnes par mois ! Ce pic d’activité nécessite une organisation très spéciale et la mise en place d’une équipe spécifique », ajoute Angela Salvo.
Cette année, DHL avait affretté tout spécialement de Lyon deux Antonov de la société russe Volga (les plus gros avions cargo disponibles sur le marché) pour desservir Osaka et Narita, deux destinations phares au Japon. Le pays du soleil levant a consommé l’an dernier 11 millions de bouteilles de Beaujolais nouveau, loin devant l’Allemagne (3,2 millions de bouteilles) et les Etats-Unis (2,8 millions); il est ainsi le premier pays étranger consommateur de Beaujolais nouveau.
Selon le reponsable commercial de Suntory, l’un des principaux importeurs japonais de vins français, présent à Lyon pour superviser les expéditions, il en coûtera cette année de 18 à 25 euros d’euros au consommateur japonais pour se payer une de ces fameuses bouteilles. Sur cette somme, le coût du transport et de la logistique s’élève très exactement à 6,10 euros par bouteille.
* lire la note de Wikipédia sur ce vin